Les choses s'arrangent mais ça ne va pas mieux - Kate Atkinson *****

Le voilà, le fameux bouquin de 528 pages qui me tenait en haleine depuis si longtemps ! Bon, au moins, il en vaut le coup ! Un avertissement pour les curieux et curieuses : surtout ne pas lire les trois dernières pages (et en particulier la dernière ligne) avant d'avoir digéré le reste, sous peine de rater la dernière pirouette fantastique de notre Kate nationale anglaise !  Quand je pense que certains(nes) pondent des histoires sans lésiner sur la violence mais en oubliant le scénario, Miss Atkinson leur offre une leçon magistrale, tout en subtilité et en finesse (même pas sûre qu'ils en saisissent le moindre détail !). Mais assez tergiversé, place au livre.
Il y a des soirées comme ça où rien ne va : un banal accrochage de voiture, quoi de plus commun ! sauf que l'occupant de la voiture défoncée va subir les foudres du conducteur adverse, bien décidé à en découdre à coups de batte de base-ball, accompagné d'un rottweiler un poil cardiaque mais néanmoins intimidant. Arrêté dans son envie meurtrière par un jet d'ordinateur portable (on ne se méfie jamais assez de la nouvelle technologie, nouvelle collection d'armes blanches), l'homme à la batte et accessoirement conducteur d'un Honda bleue se sauve, pas content du tout. Bien sûr, devant un théâtre en plein festival édimbourgeois, il y a pléthore de témoins mais tous n'ont pas vraiment intérêt à témoigner : d'abord la victime pas claire du tout, Paul Bradley qui passera une bonne partie de l'histoire à l'hôpital mais interviendra à des moments cruciaux ; ensuite Martin Canning, auteur de polars sous le pseudo Alex Blake plus vendeur, vivant sa vie par procuration entre doux rêve et réalité plus abrupte, sauveur et futur ange-gardien de Paul, oubliant le portable sur le lieu du délit (là où résidaient sa dernière œuvre et son adresse) ; puis Gloria Hatter et son amie Pam, Gloria sympathique et lucide épouse d'une riche promoteur immobilier aussi véreux que criminel dont le slogan de prédilection «de Vraies Maisons pour des Gens Vrais» laisse aussi songeur que la réflexion séguélane «si, à 50 ans, on n'a pas de Rolex, on a raté sa vie» (on verra que dans l'histoire, il est parfois bon de ne pas porter de Rolex !) ; et enfin notre copain Jackson Brodie, ex-policier, ex-privé, vivant de ses rentes en France depuis qu'il a miraculeusement hérité d'une grosse somme et présent pour supporter sa compagne actrice Julia, du genre pas de bol (traduction : se trouve toujours au mauvais endroit, au mauvais moment ! Jackson éprouve donc une grande aspiration à fuir les ennuis et possède un magnétisme à s'en attirer d'autres !). Bien sûr, comme toujours, gravitent d'autres personnages nourrissant l'histoire de leurs conflits moraux : les enquêteurs dont Louise Monroe en difficulté privée avec son ado Archie et son chat, les russes Tatiana et Léna, le colocataire limite intrusif et malchanceux de Martin, Richard Moat, la compagne Julia de Jackson, etc. 

Les choses s'arrangent mais ça ne va pas mieux casse la baraque des nouveaux parvenus aux dépends d'autres, narre les paradis fiscaux et la grande criminalité, démêle le monde artistique assez superficiel et isolant, la difficulté d'aimer, de communiquer et d'exprimer ses sentiments. Il est clair qu'au cours de ma lecture, je fus à deux doigts de prendre un stylo pour relever les noms des personnages et leurs caractéristiques car la grande qualité de Kate Atkinson reste de nourrir son intrigue d'un enchevêtrement de vies, toutes mêlées les unes aux autres, chaque détail comptant (l'accrochage en fait partie). Miraculeusement, au milieu de l'histoire, plus besoin de stylo, tout se met en place de façon incroyable (comme quoi, il faut toujours se faire confiance et faire confiance en l'auteure, et quelle auteure !). On ne s'ennuie jamais, l'intrigue étant régulièrement relancée par la polyphonie et les événements incongrus. Très clairement, l'écriture de Kate Atkinson rend son lecteur intelligent, rien n'est amené sans effort. Et la fin, certes prévisible pour les grands amateurs de polars bien construits, reste à la hauteur du récit : tout simplement géniale, terminant une jolie boucle ! Le titre, quoique lourd, prend alors tout son sens. Je vous souhaite le même bonheur.

Voici l'avis dithyrambique de Une Comète  : puisqu'on vous dit que ce livre est génial !




Traduction d'Isabelle Caron - Éditions le Livre de Poche              à ma maison

 








 2/5 pour le challenge God save the Livre d'Antoni et de 2/ au moins 1 pour le challenge Voisins Voisines d'Anne

12 commentaires:

  1. Ma pile frôle l'indigestion donc la Miss Atkinson attendra bien un peu. %Mais j'ai beaucoup apprécié ton article.

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    1. Oui, je comprends, la période japonaise est prenante (mais on se régale à lire tes articles !). Si tu es tentée par le livre, même chose que pour Ys et Une Comète : je te l'envoie !

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  2. Ton enthousiasme fait plaisir. J'ai u une grosse envie de découvrir cette auteur, par contre, j'ai fait moins bonne pioche avec "Dans les coulisses du musée" qui ne m'a pas plu. Il faudra que je lui redonne une chance...

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    1. J'ai vraiment aimé Dans les coulisses du musée et La souris bleue de cette auteure. je peux te proposer comme à Une Comète, l'envoi de ce livre, pour t'éviter l'achat, si cela te tente. Kate Atkinson a l'art de me faire pleurer (rare chez moi) pour les deux précités. Les choses s'arrangent... est vraiment bien conté avec des caractères intéressants vraiment.

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  3. Ton article fait vraiment très envie...Alors je l'achète ou pas??? bisous, bonne journée :)

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    1. Non, Jolie Comète, je te l'envoie, sauf si tu veux vraiment le posséder. Je t'adresse de suite un petit message à ce propos.

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  4. J'adore Kate Atkinson! Ton article lui rend honneur. C'est dommage qu'on ne parle pas plus de cet auteur dont le slivres sont pleins de gaieté, de désarroi mais globalement, d'amour et d'humour...

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  5. Tu es en train de m'annoncer que notre Kate est has-been : ô rage, ô désespoir... c'est inadmissible ! Créons la LSA, la ligue de soutien d'Atkinson (à ne pas confondre avec le LSD). Bises.

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  6. J'adore, mais j'adore Kate Atkinson !! J'ai découvert Jackson Brodie dans le dernier Parti tôt, pris mon chien, et je veux lire les autres dans l'ordre, en commençant par La souris bleue. Je te lis donc un peu en diagonale, mais tu as réussi à me donner très envie de la lire très vite à nouveau !!

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    1. La souris bleue fait partie de mes très grands moments de lecture (ceux pour lesquels je verse une larmichette à la fin). Miss Kate reste une auteure qui compte beaucoup pour moi !

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  7. Coucou bis, je viens de le terminer :-)
    Quelle aventure ! Critique à venir :-)
    Gros bisous et encore merci :)

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    1. Je verrai ton article et ferai le lien sur le mien ! bises

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