Bettý - Arnaldur Indridason *****

Comment arnaquer ses lecteurs en une leçon magistrale ? Hein, comment ? Et bien demandez à Arnaldur Indridason et parlez-lui de sa sulfureuse Bettý. 
Bettý, un joli prénom pour désigner une femme fatale, ensorcelante et attirante. Concubine du riche armateur Tómas Ottósson Zoëga, elle vampirise son entourage et arrive à ses fins. Quand Madame décide une chose, peu de gens lui résistent. Un personnage nous la raconte : il est actuellement en détention provisoire et ressasse les moments passés avec elle. Apparemment, ce maître en droit a commis un délit suffisamment grave pour rester autant de jours emprisonné. Auparavant engagé par Tómas pour l'aider sur des contrats étrangers, ce témoin privilégié aura l'occasion de rencontrer très souvent la compagne de ce dernier. Entre ses souvenirs du passé et la description de son présent lugubre (interrogatoires policiers, entretiens avec psychologue, enfermement), cette personne nous parle et on l'écoute bien sagement. 

Très clairement, au début de l'histoire, je fus gênée par le style employé par l'auteur et par le traducteur. Jusqu'à l'horrible scène de la page 108, j'avais du mal à accrocher. Cette bascule de l'intrigue m'irrita au point de pester fortement «Mon petit Arnaldur, tu t'es planté». Puis, arrivent les pages 109, 110 et 111, transition en douceur de la part de l'auteur pour ménager sa monture la lectrice que je suis. Je retourne à la page 108 et je relis les pages 109 ,110 et 111, et ensuite les pages précédentes. Vient alors la douloureuse confirmation : « Non, Phili, c'est toi qui t'es plantée  et en beauté, ma belle ». Du coup, je n'ai pas vu passer les cent dernières pages, définitivement conquise et assommée par ce coup magistral.

Chapeau bas immense à Monsieur Indridason pour cet effet qui m'a terrassée direct et aussi à son traducteur français, Patrick Guelpa, qui a réalisé un véritable exercice de style difficile (une contrainte dans l'usage des temps conjugués), tant mon idiome natal regorge de détails infinis à l'écrit, qu'il a bien fallu maîtriser.

Un conseil : lisez ce policier génial qui parle de manipulation psychologique (des personnages et des lecteurs aussi) sous fond de gros sous et de sexe.

Traduction de Patrick Guelpa

Editions Métaillé Noir (198 pages grandioses)

avis : Athalie , Du bruit dans les oreilles

emprunté à ma biblio bien fournie  (mon A. a lui aussi adoré et a plongé tout comme moi : très bons présages)
 
 








et un de plus pour les challenges Voisins Voisines d'Anne et Littératures nordiques de Myiuki

38 commentaires:

  1. La curieuse que je suis ne peut que noter ce titre avec un tel billet !

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  2. La curiosité reste une très jolie qualité ! Bises.

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  3. Je note je note :-)) et je te fais de gros bisous !

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  4. J'ai lu La femme en vert, La voix,La cité des jarres ( très bons polars), j'aime beaucoup l'univers de Monsieur Indridason. L'islande, froide et rude...

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    1. Oui je te comprends et te conseille ce dernier les yeux fermés.

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  5. Aie j'ai délaissé Indridason il y a quelques titres... Pour la traduction, c'est toujours le même problème, pourtant Métailié est un éditeur sérieux;

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    1. Honnêtement l'intrigue du livre vaut son pesant d'or.

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  6. Un autuer que je n'ai encore jamais lu (ui, oui, j'ai compris, c'est grave !)

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    1. Loin de moi cette pensée ! On a toute notre vie pour découvrir Indridason.

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  7. Toi aussi il t'a eue avec cet effet de style ! C'est un grand maître du polar cet Indridason !

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    1. Oui complètement arnaquée, oui ! Merci d'avoir préservé le suspense dans ton empreinte.

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  8. Ah! Je tenterai peut être celui-là parce qu'il ne fait pas partie de sa série (que je boycotte car ils n'ont toujours pas traduit le premier volume en français). Beau billet :-)

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    1. Merci pour le compliment, ma jolie Shelbylee. Betty reste un court policier mais très réussi dans ses effets dévastateurs.

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  9. Il est dans ma PAL (j'ai lu à ce jour huit romans d'Indridason).
    Je suis même allée chercher des renseignement sur ses livres non encore traduits sur des sites islandais - merci google translate.

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    1. Je vois que nous avons affaire à une vraie spécialiste. J'espère que Betty te donnera entière satisfaction.

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  10. Je vois qu'Indridason a fait une nouvelle victime! Betty est effectivement bluffant et pour le moment je ne connais personne qui ne s'est pas "fait avoir".

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    1. Merci infiniment, Avenael, tu me rassures : je suis donc définitivement normale. Youpi !

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  11. C'est un maître en la matière ça c'est sûr.

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    1. Oui, oui et oui : comme quoi, nous sommes souvent conditionnés.

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  12. Je passe mon tour, les romans noirs ne m'attirent pas ...

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    1. Oh zut, alors ! je n'ai pas réussi à te convaincre.

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  13. Eh bien, j'ai envie de savoir ce que c'est maintenant que ce coup stylistique bluffant...

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  14. Il est sur ma LAL et un jour je l'aurai.

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    1. Je l'espère pour toi, on passe un moment vraiment sympa.

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  15. Un des rare de ceta uteur qu ejen'ai paslu. Il patiente toujours...

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    1. Comment cela, il patiente toujours ? D'un autre côté, je comprends, on a tellement de livres à découvrir.

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  16. L'introduction ne m'a pas conquise, mais dès que tu as parlé de ce retournement surprenant, j'ai eu envie de le lire! ;)
    Je prends le titre en note. ^^

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    1. Je comprends to sentiment, il faut dire que je n'y ai pas mis du mien non plus !

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  17. Moi aussi j'ai adoré ce livre et j'ai hâte de lire son dernier "La muraille de lave" !

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    1. Ton expertise en polars est impressionnante (je conseille d'aller jeter un œil au blog de Madame), donc nous sommes deux pour vous motiver à cette lecture... histoire de voir si vous aussi, vous allez prendre une petite claque ou non ?

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  18. Rebonjour, pas mal mais pas aussi enthousiaste: 1) Indridason s'est quand même pas mal inspiré du Facteur toujours deux fois (pour la trame) et 2) Je préfère les autres romans avec Erlendur et ses adjoints. Bonne après-midi.

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    1. Ah s'il y a une grosse inspiration, alors je suis un peu déçue. Pour la série Erlendur, je suis très fan.

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  19. Complétement en retard pour réagir ... Mais bon tant pis, j'ai vraiment aimé "me faire avoir". Comme toi, je me suis vraiment demandé où on me menait avec cette histoire cousue de fil blanc et après "le coup stylistique", moi aussi j'ai relu les pages précedentes en me demandant comment j'avais pu ne rien voir. Ben, c'est pas la faute des fautes de frappe, y'en a pas ... Chapeau bas !

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    1. Pas de retard, tu ne pouvais pas savoir que je l'avais chroniqué. Tu t'en sors bien, même sur ce com où tu gardes le suspense. Bravo, Miss !

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  20. excellent
    Ma chronique ici :
    http://dubruitdanslesoreilles-delapoussieredanslesyeux.overblog.com/chronique-de-%22betty%22-d%27arnaldur-indridason

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