Roulez jeunesse #1

Oui, vous avez bien lu : je vais chroniquer deux livres du rayon jeunesse. 
Explication : cet après-midi, j'accompagne mon C et mon V à la médiathèque où je retrouve ma copine A-L. Après parlote, je me lance : sur le présentoir, il y a les audiolib et les nouvelles de la littérature jeunesse. À tout hasard, je demande conseil à A-L qui me parle de Les invités et Un peu, beaucoup, à la folie. C'est fou, comme parfois il ne m'est pas difficile d'alourdir mon sac (enfin, façon de parler). Je précise de suite que je ne possède aucune action en bourse des éditions Thierry Sagnier !
Un peu, beaucoup, à la folie aborde les premiers émois amoureux, l'attente, l'espoir et le chagrin. Tout est délicat dans ce livre grâce à la délicieuse prose de son auteure Catherine Sanejouand qui scande de façon poétique cette jolie intrigue.

Valentine est amoureuse de Théo et s'interroge sur la réciprocité de son sentiment. Léa, sa meilleure amie, éprouve un profond attachement pour un garçon mais tait son nom puisque Valentine n'a pas souhaité le connaître. Des quiproquos, des arbres gribouillés, des maux de ventre, des petits mots dévoilent cette période si fragile et tendue du premier béguin en si peu de pages (40 précisément) : ravissant !
page 25: « Valentine dit qu'elle ne savait pas, que non, que rien. Si elle devinait qu'il y avait un lien entre Léo et ses spasmes, elle voyait bien que ses spasmes l'empêchaient d'aller à l'école donc de voir Théo. Tout cela manquait de logique
page 27 : « Valentine retourna à l'école et y emporta ses spasmes

 
Dans un pays aux onze collines (et autant d'idiomes), des visiteurs s'installent se tapent l'incruste chez les habitants. Proposant leur nourriture et éduquant la population locale à leur langue, ces invités présentent un comportement bien étrange. Au départ serviables et relativement gais, ils se révèlent très vite autoritaires et exigeants. Bref, la situation dégénère de façon inexorable.

Lorsque j'ai ouvert ce court roman (39 pages), j'ai pensé à Les domestiques de Gustavo Bossert. Même si certains éléments se révèlent proches (manipulation, escroquerie, aliénation, soumission), la comparaison s'arrête là, puisque Charlotte Moundhic investit aussi le champ politique. Ici, les envahisseurs exigent l'apprentissage linguistique, la culture d'une céréale extérieure et le port de fameuses bottines en cuir. Nourrie de références passées, l'auteure aborde les étapes de la colonisation sous le regard d'un enfant, développe l'état de prise de conscience collective lorsque les demandes extérieures deviennent intolérables. Les invités évite l'écueil de trop longues descriptions, use comme Matin brun de Franck Pavloff de la fable pour amorcer une discussion, rappelle que la liberté, l'égalité et la fraternité se conquièrent parfois au prix de sacrifices mais restent les droits majeurs de tout être humain, encore bafoués actuellement en Chine, en Corée ou ailleurs avec le travail forcé aux conditions inacceptables. Tout simplement remarquable.

pages 27-28
«Une fois au lit,
   nous n'avons pas pu en reparler
   l'invité avec nous,
   malgré sa gentillesse,
   nous interdisait
   toute intimité familiale
...
« Pour la première fois,
   j'ai pensé que leur présence
   était un peu pesante

Collection Petite Poche
Éditions Thierry Magnier 

avis : Jérôme


empruntés à la bibliothèque

et un de plus pour le challenge de La Part Manquante
   

14 commentaires:

  1. Les thèmes sont très intéressants et je suis toujours à la recherche de perles, comme ces deux romans, pour mes élèves. Moi je me régale avant, c'est mieux ! Le 2e me tente beaucoup à titre personnel. ;)

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    1. Le second est formidable et universel. Le premier est à réserver pour l'intime, à présenter à un(e)jeune préado qui a connu un petit chagrin d'amour et n'arrive pas à le dépasser : tout est dit avec subtilité. Je crois que la littérature jeunesse a trouvé une nouvelle adepte.

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  2. Rhoooooooooo mais J'ADORE cette collection, tu ne pouvais pas mieux tomber. Je n'ai pas lu le premier mais j'avais beaucoup aimé les invités. J'en avais même fait un billet pour le site Lire pour le plaisir : http://crdp.ac-amiens.fr/cddpoise/blog_petits_lecteurs/?p=2822

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    1. Je vosi que tu le places pour les huit ans et plus : c'est ma difficulté (manque d'expérience) d'apprécier l'âge adéquat du lectorat. Je l'aurais placé après mais sans doute à tort. Bises et merci.

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  3. ça semble très joli et en plus c'est bien chroniqué, comme toujours. Bisous poulette :)

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  4. Je note... Les couvertures sont plus que épurées !!! mais les histoires sont intéressantes.
    Biz

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    1. Le format est génial : des couleurs flashy, une petite taille (pour le glisser dans un petit sac en bandoulière) et le contenu intelligent : de quoi remettre à la lecture les plus réticents !

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  5. Intéressant, je note. Le second me parait encore mieux

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    1. Le second est une merveille, le premier la douceur même!

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  6. Ces livres ont l'air très bons. mais la limite de la littérature jeunesse c'est qu'on ne la lit pas pour soi, pas vraiment.

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    1. Si j'éprouve du plaisir à lire des œuvres jeunesse, alors je me dis que c'est gagné pour beaucoup ! D'où mon envie de chroniquer de temps en temps sur ce champ-là aussi. Mes enfants grandissent et je pense qu'inconsciemment je me déplace aussi vers leurs futurs centres d'intérêt.

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  7. Tu sais à quel point j'aime la littérature jeunesse, elle est si riche. J'adore l'écriture de Charlotte Moundlic, très douce et sensible même pour aborder des sujets difficiles.

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    1. Elle s'en sort magnifique là. Elle réussit l'exercice comme Franck Pavloff avec Matin brun : on aboutit au grand art tout simplement !

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