Quai d'Orsay (chroniques diplomatiques) - Lanzac & Blain (tomes 1 et 2) ***

Je dois ce billet à notre vénérée Enna qui en publiant deux posts (ici et ) sur deux BD coup sur coup, m'a motivée à rédiger le mien ! En ce moment, je lis beaucoup de BD (des romans aussi, je n'oublie pas). Disons que j'avais délaissé ce genre littéraire et puis, janvier est arrivé : j'ai enfin ouvert les yeux pour réaliser le plaisir que j'avais à redécouvrir la littérature du graphisme, à quel point elle savait me toucher, m'impressionner, me transmettre tout plein d'émotions. J'ai choisi Quai d'Orsay pour une bonne raison : j'avais apprécié le film éponyme de Bertrand Tavernier (un réalisateur dont l'univers m'emballe souvent) avec Thierry Lhermitte, Niels Arestrup (exceptionnel). Je voulais donc découvrir l'ossature originelle et je ne fus point déçue (juste pas surprise, tant le film respecte à la lettre le scénario déjà écrit).
Tome 1 : Arthur Vlaminck vient d'être recruté attaché ministériel du langage auprès du bouillonnant courant d'air, Alexandre Taillard de Worms, ministre français des Affaires Étrangères. Il abandonne momentanément sa thèse, balaie d'un revers de la main la mauvaise conscience de travailler pour un type de droite, lui dont le cœur politique porte à gauche (tout comme l'organe vital d'ailleurs). Arthur va essuyer un baptême du feu du tonnerre, entre les discours à faire (à refaire, à défaire parce que Worms change d'avis comme de chemise : seules, ses sources littéraires restent immuables), à éviter les coups bas des autres satellites gravitant autour du Ministre, à prendre appui sur Claude Maupas (un homme né sous prozac, tant son calme choque le séisme ambiant et systématique), à délaisser son amie aussi. 
Tome 2 : cela chauffe au Quai d'Orsay. Les Faucons américains, traumatisés par le 11 septembre 2001, ont décidé de faire la peau au président du Lousdem (pensez Irak et Saddam Hussein), qu'ils jugent responsable d'armements nucléaires illégaux. Alexandre de Worms n'entend pas les suivre comme un toutou et prépare une riposte onusienne, savamment équilibrée par un discours juste, argumenté et objectif. Mais encore faut-il convaincre en amont : la guerre médiatique est déclarée, afin d'éviter la guerre tout court.

Christophe Blain et Abel Lanzac, foncièrement instruits sur les affaires des cabinets ministériels, dressent là un portrait de Dominique de Villepin assez pittoresque : on y découvre un ministre exalté, qui trouve l'inspiration chez les auteurs antiques, souvent décalé et vivant à 200 km à l'heure, usant ses collaborateurs, passant du coq à l'âne régulièrement, appréciant une œuvre littéraire au nombre de stabilos utilisés ou de pages gondolées (!).  Il y a de l'humour, de l'énergie à vivre à ce rythme-là. Pourtant, à aucun cas, je n'ai souhaité être à leur place. Le sacrifice est immense : plus de vie de famille (ou de couple), plus de sommeil, plus de vacances. Et pourtant, ces hommes et ces femmes œuvrent/ont œuvré pour la paix en évitant à l'humanité toute entière un conflit qui serait devenu rapidement ingérable. D'autres subsistent : oui, la diplomatie reste la première arme à dégainer. Elle n'est pas toujours suffisante (et les génocides africains actuels sont là pour le démontrer) mais c'est devenu une condition nécessaire, avant tout engagement armé de n'importe quelle nation.

Le tome 2 se termine sur un discours. Voici la vidéo inspiratrice :

A tous prix Dominique de Villepin à l'ONU le 14 février 2003 par lelouch3674

avis : Carnet de lecture,  Hélène, Estelle Calim,

Éditions Dargaud

empruntés à la biblio

et deux de plus pour le challenge d'Asphodèle :
le Tome 1 a reçu le Grand prix RTL 2010 de la BD
le Tome 2 a reçu le Fauve d'Or 2013 (festival d'Angoulême)

25 commentaires:

  1. ouh la la :-) c'est pltôt "l'honnorée" Enna ;-) c'est vrai que les BD comme on les lit plus vite, il ne faut pas oublier de les chroniquer ;-) Je vais jeter un oeil à la médiathèque pour celui ci ;-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. exact surtout lorsque ce sont des emprunts : en général, c'est leur date de retour qui booste le bouclage de la chronique ! bisous

      Supprimer
  2. Alala, noté et re-noté mais toujours pas lu. La diplomatie, c'était mon objectif il y a quelques années, mais comme tu dis, il a beaucoup trop de sacrifices à faire. Par contre, replonger dans ce milieu par BD interposé, ça sera avec plaisir ;-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. je pense que tu aimerais ces deux opus, disons que leur thème devrait te parler ! Bisous

      Supprimer
  3. Tu veux dire que ces albums rendraient presque hommage au boulot des politiques ? Je croyais qu'il ne s'agissait que d'une parodie de Villepin en fait. J'avais envisagé de l'offrir à mon Homme, mais entre temps il a vu le film donc j'ai laissé tomber, mais finalement, je crois que je vais me repencher là dessus.
    Très belle chronique ma Phili.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. non, parce qu'ils en prennent plein leur grade (beaucoup de ventilation, un peu barrés sur les bords, même Chirac paraît d'un calme olympien : ces deux BD montrent surtout le travail des collaborateurs qui font l'essentiel) mais j'ai aimé lire l'intrigue parce que malgré tous ces défauts, Dominique de Villepin a pris la bonne décision au bon moment et surtout n'a jamais fléchi. Il a fait honneur à ce moment -là à la politique (au sens noble du terme). Bisous

      Supprimer
  4. Bien jolie chronique sur le machiavélisme du pouvoir et des relations entre états, sous ta belle plume, Philisine…
    Je suis d’accord sur ton analyse du film qui souligne le côté très théâtral de la vie politique . Elle apparaît à chacune et à chacun comme étant de la poudre aux yeux mais l’honneur est sauf, l’honneur de la paix..
    Comme disait Jean Jaurès (ça ne lui a pas porté chance), l’affirmation de la paix est le plus grand des combats..
    Je vais mon plonger dans les BD … Bonne journée, Bises..

    RépondreSupprimer
  5. J'ai beaucoup aimé le film, et été surprise de voir Thierry Lhermitte aussi bon dans ce rôle !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. oui, il est vraiment bon et très drôle. Je suis bien d'accord avec toi.

      Supprimer
  6. Je n'étais à la base pas très tentée par cette BD. Et puis j'ai vu le film, qui était sympa. Le graphisme de la couverture ne me plait pas trop mais si à l'occasion elle me tombe entre les mains, je la lirai sûrement.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. les personnages sont très longs, ils manquent de rondeur. D'un autre côte, le stress marque les visages et a tendance à faire maigrir. Bisous

      Supprimer
  7. Une série qui ne m'a jamais tenté. Les alcôves de la diplomatie, bof, bof, bof...

    RépondreSupprimer
  8. J'avais demandé (et reçu) le tome 2 et je n'ai jamais pu le finir ! A cause essentiellement des "bulles" écrites trop serrées ! Mais le fond du propos ne devait pas trop m'intéresser ! Depuis j'ai relu des BD qui m'ont convaincue... je te conseille Les vieux fourneaux (louée par Géronimo, attention !^^)... Bises et deux de plus pour le challenge ! :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. allez hop, demande de réservation enregistrée ! Bisous

      Supprimer
  9. Toujours pas lu mais elle fait partie de mes envies de lecture !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. c'est une lecture agréable et instructive. J'aime bien les bD, d eplus en plus même.

      Supprimer
  10. Ces 2 tomes sont au boulot, il faut juste que je pense à les empreinter ! Et je dois trouver le moyen de voir le film, je n'ai vu que des avis positifs.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. le film est vraiment calé sur les BD et j'ai trouvé les acteurs très bons. Bises

      Supprimer
  11. Bonjour Philisine, c'est en effet une BD à lire car souvent drôle. Je trouve que l'adaptation filmique faite par Bertrand Tavernier (il s'est surtout inspiré du 1er tome) est très réussie: c'est drôle, enlevé et on sait même à la fin que les portes n'ont pas été blessées pendant le tournage. Bonne journée.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. oui, c'est vrai, j'avais oublié ce détail. Pour moi, c'est un film réussi dans le sens où tous les acteurs ont été parfaits (en particulier Lhermitte et Arestrup - bon, concernant Niels, il faut se lever tôt pour trouver un film de lui raté) et qui m'a donné envie de lire les BD (d'ailleurs j'ai découvert qu'il était tiré de romans graphiques sur le tard et grâce à la blogo !)

      Supprimer
  12. j'ai moins aimé (que la moyenne sans doute).... pourquoi, j'aurais du mal à l'expliquer.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. peut-être le dessin : des personnages longs etc. J'ai tellement retrouvé l'ambiance géniale du film que j'ai plongé sans difficulté. Bisous

      Supprimer
  13. Je relis régulièrement soit l'édition en 2 tomes, soir l'intégrale (qui contient quelques crayonnés de pages inédites en "bonus").
    Qu'est-ce que j'aimerai lire d'autres "histoires" racontées en BD avec cette force!
    La gestion de la crise de 2008... La gestion du Covid-19 au niveau planétaire...

    RépondreSupprimer