Le Chaudron - Kiyoko Murata **

Eh oui, je continue dans la courtitude des pages (et des notes) : ce n'est pas faute d'y croire, surtout lorsque ledit bouquin (Le Chaudron de Kioyko Murata) a reçu le prix littéraire japonais Akutagawa et l'histoire a été adaptée au cinéma  par Akira Kurosawa (Rhapsodie en août). Face à de tels arguments, en général, je n'attends pas pour me jeter sur le roman. Je l'ai lu en entier (116 pages), il y a des moments très jolis et doux entourés de totale platitude. Bref, en demi-teinte, encore une fois.
Le Chaudron par Murata
Image captée sur le site Babélio
Le temps d'un été, une grand-mère recueille ses quatre petits-enfants quasi-adultes. Il y a quatre cousins que tout rapproche : l'âge, les études, les centres d'intérêt. Un couple fraternel (Tami - l'héroïne - et son cadet Shinjiro), deux singletons (le musicien Tateo, la défrisée Minako). Le huis clos rural se prête aux confidences et aux interférences culinaires, sensorielles, mémorables ou pas.

Au-delà de la thématique de la transmission, Le chaudron est un roman familial où un clan n'a jamais paru aussi divisé en sous-entités (au nombre de treize, un numéro qui a du mal à s'afficher et s'affirmer) éloignées au gré de la géographie ou des mœurs. 

Il y a une vraie douceur dans les confrontations C'est tout le talent de Kiyoto Murata : poser la délicatesse dans l'évocation des anecdotes passées. Chaque secret se distille à l'occasion d'un repas, d'une scène ou d'un souvenir. La hiérarchie familiale se trouve ébranlée et l'aïeule reste en dehors de la conscience des chocs ressentis, et moi avec ! C'est bien là le problème.

A cette légèreté prosaïque affichée, il manque une réelle profondeur : les scènes essentielles suggèrent plus qu'elles ne décrivent et laissent systématiquement un goût d'inachevé : le duel entre Tami et Tateo riche en promesses éclot d'une poussière ; les hérédités ne sont pas menées à leur terme ; les liens entre les aspirants sont dilués, leur âge (autour de 17 ans) est mal défini puisque de par leurs réactions, on a le sentiment d'avoir face à nous des préados voire des enfants (notamment Shinjiro) ; même, l'élément culinaire pourtant mis en avant se révèle sans appétence.
Il manque l'empathie, la sincérité des sentiments et le choc des émotions : le trop de retenue gêne l'adhésion. L'écriture (ou la traduction ou les deux) participe à ce détachement ; même, les échanges épistolaires ou de sûtras ne nourrissent en rien l'histoire et délivrent une écriture plate. Il y a peut-être un facteur culturel indéniable (un choc des civilisations). Pourtant, d'autres auteurs asiatiques ont davantage humanisé leurs personnages. Kiyoto Murata narre des faits indiscutables, sans pathos, et ne s'encombre pas de chichis. Pourtant, c'est l'intrinsèque de l'humain d'être touché. Là, on y voit des ados découvrant des anecdotes hallucinantes au point d'ébranler leur identité et rien n'y fait sous prétexte de sénilité. Pire, deux jours après avoir fermé le livre, il ne me reste que de très vagues souvenirs : c'est mal barré, je vous dis !

Éditions Actes Sud
Traduction de Anne-Yvonne Gouzard

emprunté à la biblio

5 commentaires:

  1. Je l'avais beaucoup aimé et je me souviens encore des sensations de cette lecture.

    RépondreSupprimer
  2. Tu l'as rendu à ta bibliothèque sans regret.

    RépondreSupprimer
  3. Tu es passée à côté on dirait. Espérons que le prochain soit plus emballant !

    RépondreSupprimer
  4. Je ne connaissais pas, et je n'ai pas forcément envie de connaître.

    RépondreSupprimer
  5. Dommage... C'est peut-être dû à la traduction ? La poésie de la langue japonaise (écriture et lecture) est tellement différente...

    RépondreSupprimer