Ma cousine Rachel - Daphné du Maurier ****

Je dois cette lecture à deux blogocopains fidèles parmi les fidèles (Géronimo et Mindounet) dont les chroniques que je n'ai pas oubliées m'ont bien motivée à ouvrir Ma cousine Rachel. De Daphné du Maurier, j'ai lu, adoré et non chroniqué Rebecca l'été dernier. J'ai voulu poursuivre avec Ma cousine Rachel : j'ai bien fait !
Ma cousine Rachel par Du Maurier
Image captée du site de Babélio
Philip Ashley, orphelin de parents dès ses trois ans, est élevé par son cousin germain, Ambroise, de vingt ans son aîné. N'éprouvant pas l'envie de présence féminine dans son manoir (la dernière en date -celle de la nourrice à la main leste de Philip, a définitivement convaincu Ambroise du "point de femmes, moins de drames"), Philip a été élevé avec beaucoup d'hommes autour de lui (son cousin-mentor-père adoptif - Ambroise donc-, son parrain et tuteur Nick Kendall, les hommes de main d'Ambroise dont le fameux Seecombe etc) est maintenant un jeune homme de vingt-quatre ans et quelques mois (à l'aube de sa majorité), adulte accompli mais complètement à la ramasse à propos du sentiment amoureux. Et c'est à l'occasion d'une cure hivernale d'Ambroise en Italie que le destin des deux hommes sera scellé, à jamais.

Ma cousine Rachel offre un huis clos d'anthologie, une confrontation de points de vue, de caractères entre Philip et donc Rachel, cousine d'une branche secondaire et désargentée de la famille, un duel psychologique. Daphné du Maurier, reine du suspense et du roman noir, se surpasse à nous faire détester cette belle intrigante, versatile à la personnalité très complexe, oscillant entre les rires, le charme, la raillerie, les petites mesquineries et une forte dose de manipulation. Puis à nous faire douter dans les dernières pages, même si je suis convaincue que Miss Rachel est une redoutable stratège qui a pensé à tout, aidée par son ami de longue date. 

C'est d'ailleurs toute la réussite de ce livre : poser un cadre et une ambiance de folie, faire évoluer les personnages, se gausser de leurs mimiques et de leurs techniques de séduction, décrire la société de l'époque, fignoler les dialogues et les joutes verbales entre Rachel et Philip et surtout laisser dans la panade ou perplexe le lecteur à la fin du roman avec cette question Who's that girl ? (pour rependre Madonna). Tout cela est donc  mené de main de maître par Madame Du Maurier : aucun détail n'est laissé au hasard, chaque lettre a son importance, chaque anecdote pèse.

D'Ambroise et de Philip, on s'étonne de leur grande naïveté et leur empressement, formes d'immaturité affective à l'égard de la gente féminine ; de Rachel, on la sent en difficulté sur les fractions mathématiques ce qui peut expliquer une gestion de l'argent très fluctuante et peu équilibrée  (confirmée par des relevés bancaires alarmistes)
page 124 : "Ce garçon qui possède les trois quarts de son cœur* et le meilleur de lui-même. Quand je n'en possède qu'un tiers et le pire."   * : cœur d'Ambroise... 
C'est là qu'on se dit que le cœur d'Ambroise a beau être gros, il reste malgré tout unique et non duplicable. 

Des trois (Ambroise, Philip et Rachel), on les trouve aussi exaltés les uns que les autres au point d'en perdre la raison, et finalement, dotés d'une grande fragilité et d'une dépendance affective. Il est donc normal qu'ils s'attirent.

En lisant donc Ma cousine Rachel, j'ai eu le sentiment de trouver en Louise Kendall (fille du tuteur de Philip, et amie d'enfance de celui-ci) le même effacement, le même recul, le même équilibre, le même bon sens, la même retenue que Fanny Price, héroïne de Jane Austen dans Mansfield Park. 

Enfin, Rachel et Rebecca, deux héroïnes dumaurières partagent la même initiale : je ne suis pas sûre que cela soit dû au hasard : même chevelure noire de jais, même teint pâle, même volubilité en public en s'attirant la sympathie de tous et toutes, même propension à faire enrager l'amouraché, même intelligence redoutable et machiavélique, même destin.

En résumé : Ma cousine Rachel est un classique agréable à lire, puissant dans sa construction et le interprétations diverses qu'il induit, un huis clos inoubliable, un très grand roman. Certains lecteurs peuvent aussi trouver le temps long -comme moi- : je pense sincèrement qu'expurger cinquante pages aurait eu un effet bénéfique, plus vif et moins larmoyant, surtout que l'essentiel a été exprimé. Pour ma part, j'ai  préféré Rebecca que j'ai trouvé exceptionnel, très complet en tout point.

Éditions Le Livre de Poche


autres avis : Jérome, MTG, Alex, Sylire, Hélène, Athalie

évasion musicale : Who's that girl? - Madonna

Who's that girl, who's that girl

When you see her, say a prayer and kiss your heart goodbye
She's trouble, in a word get closer to the fire
Run faster, her laughter burns you up inside
You're spinning round and round
You can't get up, you try but you can't

Quien es esa nina, who's that girl
Senorita, mas fina, who's that girl
Quien es esa nina, who's that girl
Senorita, mas fina, who's that girl

You try to avoid her, fate is in your hands
She's smiling, an invitation to the dance
Her heart is on the street, tu corazon es suyo
Now you're falling at her feet
You try to get away but you can't

Quien es esa nina, who's that girl
Senorita, mas fina, who's that girl
Quien es esa nina, who's that girl
Senorita, mas fina, who's that girl

Light up my life, so blind I can't see
Light up my life, no one can help me now

Run faster, her laughter burns you up inside
He's spinning round and round
You can't get up, you try but you can't

Quien es esa nina, who's that girl
Senorita, mas fina, who's that girl
Quien es esa nina, who's that girl
Senorita, mas fina, who's that girl

Light up my life, so blind I can't see
Light up my life, no one can help me now

Who's that girl
Now, who's that girl
Now, who's that girl
Now, who's that girl

Quien es esa nina, who's that girl
Senorita, mas fina, who's that girl
Quien es esa nina, who's that girl
Senorita, mas fina, who's that girl

12 commentaires:

  1. Tu me donnes bien envie de le lire, j'avais beaucoup aimé Rebecca.

    RépondreSupprimer
  2. Je m'étais déjà dis à la lecture de ton billet sur Rebecca qu'il fallait que je découvre cette auteure. Toujours pas fait depuis... A choisir, je commencerai donc plutôt par le précédent!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je ne retrouve pas ce fameux billet sur Rebecca et je suis persuadée de ne ps l'avoir écrit. Comme les billets de trois romans de Modiano dont je n'ai toujours pas rédigé la moindre trace.

      Supprimer
  3. En effet, tu le dis dès le début de ton billet! Tu finis ta chronique en revenant sur cette oeuvre et je n'ai pas douté en écrivant mon commentaire que c'est chez toi que j'avais lu un billet fouillé et élogieux sur cette auteure qui m'avait donné envie de la découvrir! Désolée! (Par contre tu as éveillé ma curiosité, et si j'ai trouvé plusieurs billets dans les blogs que je suis, je ne suis pas encore tombé sur l'article en question! ) Passe une belle semaine !

    RépondreSupprimer
  4. Ca y est j'ai retrouvé l'article avec mon com, c'était chez unchocolatdansmonroman ! Je vais pouvoir dormir tranquille ;-)

    RépondreSupprimer
  5. Lu il y a si longtemps que j'hésite encore à le relire, peur d'être déçue; Tu as raison, Rebecca semble au-dessus, je l'ai relu, et c'est un chef d'oeuvre!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je confirme pour Rebecca et je le chroniquerai peut-être un jour si j'en ai envie et le temps.

      Supprimer
  6. C'est vrai qu'avec 50 pages en moins, il serait meilleur. Mais il est quand même pas mal ce roman. Et alors ? Coupable ou pas pour toi ? ;)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Coupable sauf si les 50 page superflus auraient été utilisées pour argumente l'autre thèse ou bien une troisième thèse (un rêve ou bien le dédoublement de personnalité de Philip-Ambroise mais là il y aurait du boulot en amont pour façonner cette théorie). Bises

      Supprimer
  7. Il faut que je le je relise...je me souviens qu'à la fin on a du mal à avoir un avis tranché sur Rachel...coupable ou innocente ? Pas si simple ! Un des must de Daphné. pas aussi abouti que Rébecca peut-être. j'ai aussi aimé La crique du Français, seul livre que Daphné considérait comme romantique ou disons sentimental.

    RépondreSupprimer