Vingt-quatre heures de la vie d'une femme - Stefan Zweig ***

Vingt-quatre heures de la vie d'une femme se lit en moins de temps (sauf pour les lecteurs/trices qui veulent prendre davantage de minutes pour savourer la prose stéphanoise). D'où ma grande curiosité à lire cette œuvre et...à découvrir que je l'avais déjà lue (dans mon jeune temps, bref adolescente). Oui, j'entends vos railleries : «elle aime Zweig mais elle oublie vite ce qu'il compose». Disons que celle-là, malgré toutes ses qualités littéraires indéniables, ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable (c'est le moins qu'on puisse dire !). Mais place au texte.
Petit scandale dans une pension de vacances près de Monte-Carlo : une trentenaire mariée, Mme Henriette, mère de deux enfants, a quitté son mari pour suivre un autre résident, «un jeune Français» à peine rencontré. Dans cette maisonnée regroupant différentes nationalités européennes, fuir le domicile conjugal « dix ans avant la guerre » (qu'on suppose le premier conflit mondial) n'est pas du meilleur goût de tous : chacun y va de sa parlotte, de ses racontars et surtout inflige à la fugueuse les pires calomnies. Sauf le narrateur qui tente de comprendre le comportement de la dame et cherche à la défendre. Cette attitude peu commune va lui attirer la sympathie et les confidences d'une charmante et élégante Anglaise, Mrs C. Elle aussi a vécu vingt-quatre heures auprès d'un homme de l'âge de son fils, au point d'avoir envisagé quitter sa famille. La grande partie du livre réside dans la narration de cet épisode mémorable et inoubliable.

On retrouve toujours la plume magnifique de Stefan Zweig, son analyse constante de l'âme féminine mais je dois dire que ce récit m'a moins touchée que celui de Lettre d'une inconnue (sublime). On comprend l'intérêt de Mrs C. pour ce jeune et attendrissant joueur de poker, aux mains divines et si expressives. Mais la bascule vers le désir ne s'effectue pas, à mon sens, de manière harmonieuse. Cette étape pourtant clairement émaillée par des faits (volonté de tout abandonner, de rejoindre l'être aimé, l'achat de billets de trains) n'est pas convenablement amorcée : au départ leur relation réside dans une sorte de tutorat, très proche d'un lien mère-fils (le jeune homme d'une vingtaine d'années a l'âge d'un fils de Mrs C., veuve âgée d'une quarantaine d'années à l'époque). Cela reste mon unique reproche à cette œuvre. Les thèmes de la folie (amour, désir, passion du jeu, extravagance), de la difficulté d'aimer et de dépasser les conventions sociales sont parfaitement détaillés : la description du milieu mondain du début du 20ème siècle me semble juste et parfaite. Malgré tout, je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages, ni vraiment à l'histoire. À vous de voir donc !
 
Note personnelle : je trouve l'édition de ce livre, magnifique et tout en sobriété, à l'image de Monsieur Zweig. 

Livre lu par Cécile et par Syl 
5/12 pour le challenge de Cécile Un classique par mois. 

Traduction d'Olivia Bournac et d'Alzir Hella
Éditions Stock

emprunté à la biblio                              
                                
                            

7 commentaires:

  1. Ah, Stefan Zweig, j'aime aussi, mais je n'ai pas encore tout lu. Bonne semaine.

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  2. Je l'ai lu aussi je pense car j'ai lu de nombreux livres mais cela date de la fion de l'adolescence aussi je n'en ai pas un souvenir précis.

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    1. Idem que vous, Anis et Catherine : je n'ai pas tout lu ( mais beaucoup quand même comme Steph addict) et pour le coup, c'est vraiment la nouvelle dont je n'avais pas un grand souvenir (mauvais signe en général)

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  3. Aaah mon Zweig chéri... merci Philisine :-)

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    1. Merci à toi, chère Comète ! Je vais prochainement à un tag de Catherine et aurai une pensée pour toi : tu verras !

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  4. Je note "Lettre d'une inconnue". Je vais le commander très vite...

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    1. Je ne peux pas te l'envoyer car sur ma fiche de lecture, je précise que je l'ai lu grâce à la biblio mais franchement, j'ai vraiment aimé cette nouvelle, très forte ! J'espère qu'elle te plaira.

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