Après avoir lu le bouleversant Ouatann, il me tardait de découvrir le nouveau roman d'Azza Filali. J'aime la plume de cette écrivaine tunisienne : Les intranquilles ne font que confirmer ma première excellente impression.
Suite au printemps arabe qui a débuté en décembre 2010 en Tunisie, la population redécouvre le pouvoir de décider, un peu bousculée par cette nouvelle liberté. Tels des poissons dans un aquarium, les personnages de Les intranquilles se rencontrent, rarement se touchent, se frôlent, se nuisent, se désirent sans se le dire. Il y a d'abord le trio familial (au sens purement légal, tant ses composantes sont à des années lumière les unes des autres) Zeineb- Jaafar- Sonia, puis le vagabond Abdallah (vecteur de liaison du roman), les islamistes Hechmi - Si Larbi- Hamza et la prostituée bienveillante Latifa. À l'image d'une société en reconstruction, ces personnages naviguent à vue, chacun cherchant son bonheur (soit intime, soit politique).
Ce qu'il y a de bien chez Azza Filali, est qu'on lit son roman tout en découvrant la société tunisienne et ses multiples facettes. L'auteure profite de la temporalité de son œuvre pour évoquer l'après-révolution : la chasse aux sorcières (les anciennes victimes deviennent les donneurs d'ordre, les règlements de compte prolifèrent tout comme la corruption), l'entrisme politique des islamistes (à coups de couffins alimentaires ou de cartables scolaires, de bourrage de crâne des analphabètes qui ne savent pas décrypter une étiquette électorale, de réunions obscures et de harcèlement auprès des jeunes filles libérées vestimentairement).
On voit aussi la force des Tunisiennes, guerrières des temps modernes qui ne subissent pas sans broncher le diktat masculin. La nouvelle république tunisienne leur doit tant, et surtout leur courage.
Il n'y a ni mauvais, ni bon : tous rêvent du meilleur pour eux-mêmes, certains se révèlent (Jaafar et sa fille Sonia, Hechmi et Latifa), d'autres sombrent. On respire le pays, on déambule dans Tunis, la nuit le jour. Azza Filali nous propose une saine et clairvoyante radioscopie de sa patrie : elle la saupoudre d'ombres et de lumière, de générosité et d'ambivalence, de nourriture et d'envie, oui c'est bien cela, d'en-vie !
Éditions Elyzad (j'adore la ligne éditoriale, la première de couverture de Les intranquilles et j'éprouve un énorme respect à Élisabeth Daldoul, la fondatrice visionnaire d'Elyzad : la Tunisie a beaucoup de chance de vous avoir à ses côtés)
SP reçu et lu dans le cadre de La voie des indés, partenariat entre Libfly et Elyzad: je les remercie infiniment !
Je dédie cette chronique aux visiteurs tunisiens de Je me livre: je penserai bien à vous lors du second tour de vos élections présidentielles.
et un de plus pour le challenge de Denis
et samedi prochain, je serai dans la même salle de concert que ce groupe :
Je me félicite de fréquenter les blogs car il n'y a bien que là que je découvre des livres tels que celui-ci. Je crains de ne pas être assez en phase avec l'actualité (élections tunisiennes ?) pour ce titre, mais je note cet éditeur;
RépondreSupprimeril n'y a aucun souci : tu peux lire le ivre sans rien comprendre à la situation politique du pays, qui sert d'ancrage à l'histoire.
SupprimerJe note, rien ne vaut un point de vue de l'intérieur, nous avons tellement de mal à saisir ce qui se passe et les medias sont sans nuances. Le plaisir du roman en plus.
RépondreSupprimerL'auteure écrit très bien et mérite un peu plus de reconnaissance en France. J'aime l'écriture des auteurs francophones du Maghreb, il y a une chaleur, une rondeur dans leur prose que je ne retrouve pas en Métropole.
SupprimerTrès jolie couverture et très joli coup de projecteur sur cet éditeur qui a l'air de gagner à être connu ;)
RépondreSupprimerElyzad est une superbe maison d'édition, et je te la conseille vivement. Bisous
SupprimerUn auteur à découvrir pour moi alors!!
RépondreSupprimeroui, j'espère que tu auras l'occasion de rencontrer un de ses somans. Les intranquilles voyage si tu le souhaites.
SupprimerQuel beau titre... je m'étais aussi inscrite à la voie des indés mais malgré mes nombreuses relances et promesses de Libfly... je n'ai rien reçu !! On est deux dans ce cas. En tout cas, bonne pioche pour toi apparemment et ce livre donne vraiment envie.
RépondreSupprimersi tu veux le recevoir, je te l'envoie avec plaisir ! Libfly ne fonctionne pas bien en ce moment, après le départ immense de Lucie qui gérait tout, il est dur pour le manageur de trouver une perle identique. Bisous
SupprimerOn sent que tu en parles avec ton cœur et une passion vive! Quel beau billet. ça doit effectivement être intéressant de découvrir ce travail de reconstruction, avec ses bons côtés mais aussi ses dérives.
RépondreSupprimerSans grand étonnement, un groupe, une musique qui me parle évidement! Bon concert chère Phili! Bisous
bisous ma belle, j'ai beaucoup aimé ce roman.
Supprimermerci pour cette découverte
RépondreSupprimeravec plaisir, Monsieur Denis et très belle année 2015 à toi et à ta famille.
SupprimerVoilà tout à fait le type de livre qui pourrait me plaire !
RépondreSupprimerc'est un chouette roman, bien écrit en plus !
SupprimerUn drôle de titre et une drôle de couverture...
RépondreSupprimeroui et tout est parfaitement logique.
SupprimerToujours aussi passionnée et enthousiaste ma Phili! Je veux lire ce livre car j'avais adoré le précédent ...
RépondreSupprimerproposition faite : à toi de me dire quand !
SupprimerOn sent les parfums et la musique d'ici.
RépondreSupprimeron les sent biend ans el livre : c'est un roman mouvant.
SupprimerTrès impatiente de pouvoir le lire
RépondreSupprimermême proposition : je le fais voyager, n'hésite pas !
SupprimerJe note car j'adore découvrir un pays à travers un roman .
RépondreSupprimerj'en fais un livre voyageur, à toi de me dire si tu veux le recevoir !
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