Je vais être claire : je n'ai pas été emballée par ce roman. Certes, L'écrivain national présente une intrigue intéressante (l'immersion d'un auteur citadin dans un village paumé) mais j'ai trouvé le rythme de narration un chouïa longuet et le texte bavard : du coup, j'ai lâché prise avant de lâcher tout court ! (j'ai fini le roman en mode rapide : quatre lignes lues par page).
image captée sur le site de Libfly.com |
À Donzières, la population est en effervescence : un écrivain débarque en résidence, pendant quatre semaines. À Donzières donc, un projet industriel menace la forêt environnante et un riche propriétaire terrien fait parler de lui en disparaissant. À Donzières encore, les langues se délient, tout le monde s'épie. À Donzières toujours, l'ambiance plombée par cette absence imposante et les suspicions qu'elle engendre, va mener l'écrivain dans la tourmente narrative.
L'écrivain national a souffert de la comparaison avec un autre livre L'invitation de Théo Ananissoh. Tous deux racontent l'investissement d'un artiste invité à résidence : ses nombreuses participations aux fêtes/festins locales/locaux (le maire soigne ses administrés pour s'assurer une réélection ou l'acceptation d'un projet foncier de grande envergure), à des ateliers d'écriture, à des rencontres littéraires en tout genre. Tous deux traduisent la vie à la campagne où les potins alimentent le quotidien, où chaque fait et geste est observé, mesuré, soupesé. Tous deux s'éloignent dans le traitement : l'un explore l'autofiction non nombriliste, l'autre tente le polar hitchockien ou chabrolien (comme le suggère la quatrième de couverture). Malgré cela, aucun des deux ne m'a convaincue, même si j'admets une préférence pour L'invitation.
Je n'ai accroché ni avec le personnage principal, ni avec l'histoire de L'écrivain national : pourtant le pitch avait tout pour me plaire. Je pense que certains clichés véhiculés dans le livre (les fameux gendarmes un peu cons sur les bords, quand ce ne sont pas les villageois : le coup des livres comme pièce à conviction a été fatal) m'ont un peu atomisée. Je ne remets pas en cause la bonne foi de l'auteur : je pense même qu'il a scrupuleusement retranscrit son ressenti mais disons qu'aucun humain dans cette intrigue ne montre un visage avenant, alerte, sensible. Le narrateur n'en fait qu'à sa tête (respectant peu les horaires et donc peu les administrés largement à ses petits soins) et j'ai eu un mal à imaginer Dora autre qu'en exploratrice (oui, c'est inévitable lorsqu'on est mère de deux fillettes en âge d'adorer le personnage de dessin animé idéal pour débuter en anglais : des années de martèlement cérébral marquent inévitablement un prénom). Du coup, ce dernier a rendu l'héroïne obsolète.
Je ne peux pas reprocher à Serge Joncour de savoir imposer une atmosphère, de la décrire : clairement, lorsqu'on referme L'écrivain national, il est évident qu'on a respiré Donzières. Mais voilà, j'ai besoin de ressentir quelque chose, d'éprouver de l'empathie pour au moins un protagoniste, de m'intéresser un minimum au devenir du disparu Commodore (qui m'a fait penser au corridor ou aux Comores, mais jamais au grade militaire : oui, mon esprit eut un mal fou à rester concentré), à la rigueur d'admirer l'écriture (là encore, je n'ai pas trouvé une phrase qui a fait tilt chez moi, qui m'a parlé). Bref, la rencontre n'a pas eu lieu. Lorsqu'on ouvre un bouquin, on sait si l'histoire passe ou pas. Entre moi et L'écrivain national, cela casse !
emprunté à la biblio
LC partagée avec Laure : voyons voir ce qu'elle en a pensé. Laure a raison : c'est grâce à Bernhard si cette LC a eu lieu : rendons grâce à l'homme !
et un de plus pour le challenge d'Asphodèle (Prix 2015 des Deux Magots)
Je serai claire : j'avais abandonné le précédent roman de l'auteur, j'ai terminé en baillant celui ci (bon, je voulais connaitre la fin et il y a de belles pages sur les forêts) mais en dépit d'une histoire qu i s'annonçait intéressante, ben non. Pas de billet.
RépondreSupprimerLa dream math team a encore fonctionné !!!!! Bisous
SupprimerAh bah mince ! L'auteur est tellement sympathique qu'on aurait envie d'aimer aveuglément... Je vais éviter de le lire alors pour ne pas être déçue !
RépondreSupprimerN'hésite pas à le lire : Laure a beaucoup aimé et d'autres aussi. Bisous
SupprimerEh ben, un rdv manqué. Sachant que maintenant, après la lecture de plusieurs d'autres livres de la sélection France Inter (dont il fait partie) je comprends ton manque de ressenti....(sous la facilité de décrire une ambiance et les pensées de ce héro égocentré - il n'ya en effet, en rétrospective, un grand vide pas comblé). Reste que j'avais passé un bon moment. (mais je l'ai sorti maintenant de "ma" liste des prétendants au Prix Inter de cette année).
RépondreSupprimerC'est cela, il m'a manqué du ventre, un texte rempli.
SupprimerAh oui, notre ressenti est très différent, mais je comprends ce que tu dis. Je n'ai pas été attachée par les personnages non plus, mais n'ai pas eu besoin de l'être. C'est l'ambiance générale qui a fonctionné sur moi, surtout le côté drôle, ironique et léger. Je n'ai pas vraiment pris ce livre comme un livre sérieux, mais plus un livre détente.
RépondreSupprimerJ'ai trouvé les protagonistes caricaturaux : je veux bien imaginer les ruraux pas toujours au faîte des choses mais il y a une intelligence dans la simplicité que je n'ai trouvé ici. J'ai plus ressenti le mépris sur les petites gens et cette idée m'est insupportable.
SupprimerLe thème ne m'inspire pas une seconde, c'est tellement autocentré, tout ce que je déteste.
RépondreSupprimerCe n'est pas de l'autofiction nombriliste : j'ai vraiment ressenti un personnage autre que l'auteur (un double littéraire, très éloigné de sa nature, enfin je l'espère car le narrateur n'est ni très joyeux ni attachant). On ne peut pas reprocher à Serge Joncour de se regarder le ventre : il tente des trucs, il a de l'imagination, il ne reste pas cantonner à un thème précis qu'il va broder à l'infini : ça, cela me plaît beaucoup. Cependant, je pense être nettement moins fan de sa prose.
SupprimerJ'avais assisté à une rencontre avec l'auteur et il ne m'a pas du tout convaincue.
RépondreSupprimerMon avis ne concerne que le roman : j'ai aussi lu L'homme qui ne savait pas dire non. Mais là, pas de chronique : j'étais restée sur ma faim et pas convaincue non plus. Cela en fait deux de lui. Voilà.
SupprimerUne déception pour moi également : l'histoire commençait à devenir intéressante sur la fin. D'où ma frustration.
RépondreSupprimerj'ai préféré le début : je n'ai pas su apprécier la fin.
SupprimerToujours pas lu cet auteur, je crois que son roman "L'amour sans le faire" m'attend sur mes étagères... Celui là me tente carrément moins. Et 3 étoiles, c'est beaucoup non, vu ton ressenti...?
RépondreSupprimertu as raison : c'est plutôt 2 étoiles (si je me réfère à ma grille de notation). Merci de ta vigilance. Bisous
SupprimerMoi je l'ai trouvé attendrissant ce narrateur, sans doute parce que malgré tout j'imaginais Serge que j'aime vraiment énormément ! Je note aussi "l'invitation" parce que toutes ces histoires d'écrivains m'intéressent
RépondreSupprimeroh non, je ne l'ai pas du tout trouvé attendrissant mais ce n'est que mon impression.
SupprimerCes histoires "d'écrivain en résidence" me gonflent un peu pour tout te dire (je trouve ça un peu snob et surfait), déjà à la base, alors un écrivain qui prend ce thème, je me dis qu'il n'a vraiment pas été inspiré ! Je n'ai jamais noté cet auteur, il m'a manqué quelque chose dans les billets, eh bien je crois que tu as mis le doigt dessus ! ;)
RépondreSupprimerJe ne suis pas sûre de continuer avec la plume de Serge Jocour. C'est comme cela, ce n'est pas de sa faute mais mon esprit réfractaire fait des choix tenaces.
SupprimerMince! J'avais bien aimé, sans doute parce que je trouve l'auteur très sympathique et que je pars avec un a priori très favorable!
RépondreSupprimernon, il se peut que je sois encore à contre-courant pour ce roman qui a eu un succès auprès du public.
SupprimerEn lisant ta chronique,je pensais à l'invitation de Théo Ananissoh que j'avais apprécié. Tu ne donnes pas envie, pour l'instant, de me pencher sur le cas de l'écrivain national
RépondreSupprimeril est possible que tu l'aimes aussi, cet Écrivain national.
SupprimerOn en a beaucoup parlé et en bien de ce livre. Ton avis est un peu isolé. Bon, on verra s'il croise ma route...
RépondreSupprimermon avis aussi doit l'être... isolé !!!!
SupprimerRho la la, comme tu es dure.....Il me tentait énormément ce roman, beaucoup moins maintenant, je pensais justement qu'il avait réussi le virage chabrolien en fait, et visiblement, ce n'est pas le cas. Quelle déception !! Je sens une certaine condescendance en plus (que tu es la première à noter), une condescendance pour le villageois de base (et ça chez moi c'est un peu rédhibitoire). J'ai mal compris ton billet ou pas ?
RépondreSupprimerbref, je le lirai quand même en poche parce que je veux lui laisser une chance.
(mes filles ont le même âge que les tiennes mais je te le dis, Dora restera toujours pour moi, Dora Bruder...modianette for ever)
oui, et à mon avis, Serge Joncour a pensé à ta Dora modianesque : on a les symboles qu'on peut !!! Bises
SupprimerJ'avais beaucoup aimé l'amour sans le faire à l'époque, je n'ai rien lu d'autre de lui pour le moment. L'histoire pourrait me plaire ceci dit !
RépondreSupprimeroui, exactement, tu pourrais l'aimer autant que L'amour sans le faire.
SupprimerCe roman est dans ma PAL numérique depuis un moment. N'étant pas une fan de l'auteur (L'amour sans le faire ne m'a pas du tout emballée), je ne fais que reporter la lecture de L'écrivain national. Mais, en plus, si tu dis que c'est moins bien que L'invitation, je pense que je vais définitivement laisser tomber ;-)
RépondreSupprimerje ne l'ai pas trop aimé, du coup je ne peux pas le défenre des masses, non ?
SupprimerJe vais d'abord lire" l'amour sans le faire" celui-ci ne me dit rien qui vaille...
RépondreSupprimerpas sûre qu'il ne te plaise pas !!!
SupprimerAh ben moi, j'ai beaucoup aimé ;) Mais ce que j'ai préféré, ce sont les pages de la fin qui sont pleines d'humour et de petites phrases complètement décalées. Je crois que la référence à Chabrol n'est pas le fait de l'auteur. Certes, la première moitié y fait penser, mais il se moque surtout de lui et de la personne de l'auteur que l'on considère comme une personnalité il me semble.
RépondreSupprimerj'ai trouvé son héros arrogant et asse méprisable. Mais c'est peut-être ce que l'auteur souhaitait renvoyer ?
SupprimerJ'avais lu L'amour sans le faire et j'avais adoré... Il ne se passe rien ou presque, mais j'ai éprouvé beaucoup de choses pour ces deux personnages, une tendresse et une mélancolie mêlées... Je te le conseille Philisine, si tu ne veux pas rester sur un mauvais ressenti avec cet auteur ;-) Je n'ai rien lu d'autre de lui, mais j'avoue que le "pitch" de L'écrivain national ne me tentait pas... (et je crois que tu n'es pas la seule à ne pas avoir aimé !)
RépondreSupprimermerci de me rassurer, Manou ! Bisous
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