Devenir zéro - Anthony McCarten *****

Bon, on ne va pas se mentir : Devenir zéro est un roman très bien construit, un vrai page-turner, aussi instruit et qui présente un vrai scénario de film, ce qui n'est pas vraiment une surprise vu le pedigree de son auteur : Anthony McCarten, romancier et scénariste de films (Bohemian Rapsody, I wanna dance with somebody, Une merveilleuse histoire du temps, Les deux Papes etc.) qui, quand il n'écrit pas pour les films, se colle aux pièces de théâtre. Bref, le genre cosmopolite et multitâches, et accessoirement gros bosseur qui ne laisse rien au hasard et qui doit avoir pas mal de bons collaborateurs (solides en sciences et dans tous les domaines traités). 

Pour vous résumer le tout début de Devenir zéro, on entre dans un jeu à plusieurs phases. 10 participants, 10 zéros qui espèrent devenir héros (oui, elle est facile mais au moins, j'attache votre attention). L'idée est la suivante : on laisse à chaque participant, deux heures pour disparaitre des radars et ensuite la personne qui gagne est celle qui ne sera pas retrouvée au bout de 30 jours par la supertechnologie de pointe (l'IA à fond et les cerveaux humains !). Voilà, 10 personnes bien choisies qui croient que tout va être simple mais qui oublient vite la tendance humaine aux rituels, à la prévisibilité (dans un monde où la prédiction est totalement algorithmique, on ne peut pas grand chose face aux ordinateurs). Même nos doutes nous compromettent (et ça, c'est la très bonne idée de l'histoire). 

Bref Devenir zéro est génial de chez génial parce que la phase 1 est top, mais avec un cliffhanger de folie qui mène à la phase 2 (un chouia moins bonne, mais quand même, bien bien bien). Bref, je n'ai pas vu le temps passer, j'ai compris en quoi ce roman d'anticipation (mais tellement inscrit dans notre présent que tout est malheureusement possible) donne déjà des pistes de notre futur (et ce n'est pas gai : l'intimité va devenir bien limitée). Rappelé en quatrième de couverture de cette présente édition, France Inter juge Devenir zéro comme "un formidable roman d'aventures", je le vois davantage comme une excellente compil' (roman d'aventures, roman d'espionnage et roman fantastique (dans tous les sens du terme !)).

Il y a plein de clins d’œil dans ce livre : on a un petit côté Hunger Games avec la chasse à l'homme (et à la femme), un petit clin d’œil aux polars américains des années 1950 qui ont usé à la corde la guerre des polices (FBI, CIA etc), on a un petit côté moralisateur mais c'est assez salvateur pour la prise de conscience que toute cette technologie, qui nous entoure et à qui on confie tous nos petits secrets et notre quotidien, enregistre enregistre enregistre (oui je me répète volontairement) pour mieux nous identifier. Tout est scientifiquement solide et bétonné pour un romain accessible et intelligent. Voilà il y a de nombreux personnages mais on les repère sans difficultés. Anthony McCarten a ce talent de mettre du rythme dans sa narration par des courts chapitres (bien joué) pour activer l'attention du lecteur, il sait aussi poser des instants cocasses, des crises pour mettre du pigment : il est assurément très fort ! 

Éditions J'ai lu

Traduction (excellente) de Frédéric Brument.

Je dois cette lecture après l'avis de Cathulu (merci, merci, merci pour le conseil).

En lecture commune involontaire mais top (c'est ça qui est génial avec les blogs) avec Dasola

 

Ma participation de février au défi Objectif SF 2025 de Sandrine 

27 commentaires:

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    1. Je vais ajouter le logo de ton défi SF car pour moi Devenir zéro en fait partie !

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  2. Ce n'est pas le genre de thème qui m'attire vraiment et vu tout ce que j'ai à lire ... je passe.

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  3. Apparemment Dasola a aussi repéré ce roman chez Cathulu et vient de publier un billet également très enthousiaste.

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    1. oui on est deux et merci de m'avoir signalé la publication de l'avis de Dasola.

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  4. Bonjour Philippine Cave, on ne s'est pas concertées pour cette lecture. En tout cas, moi aussi, j'ai adoré ce roman. La deuxième partie m'a autant plu que la première. Bonne journée.

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  5. Mmm, intéressant ! Dommage que ma médiathèque ne le connaisse pas !

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    1. Comment est-ce possible ? Bon, ce roman vient de sortir en poche (janvier 2025).

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  6. Woaw, pas du tout sur mon radar mais ton billet est totalement convaincant. En plus j’ai apprécié la plupart des films auquel il a participé.

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  7. Je note et surligne tout de suite, j'adore ce genre de roman !!

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  8. Je pense que ça plairait à mes lycéens, je vais m'empresser de l'ajouter à ma prochaine commande !

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  9. Le titre ne m'aurait pas tenté, mais vous semblez convaincues.

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    1. Ce roman m'a fait passer un excellent moment et m'a bien fait réfléchir et ouvert les yeux sur certains points de notre vie actuelle.

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  10. Tu es aussi enthousiaste que Dasola, ça donne envie :)

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  11. Oui, repéré chez dasola (et une couverture choc, non?)

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    1. On ne peut pas rater cette couverture : vu la propension de publications en poche, pour distinguer les livres à excellent contenu, rien ne vaut la première de couverture pour les démarquer.

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  12. Jamais entendu parlé (non plus) et ce n'est pas le genre de livre que je choisis de prime abord mais pourquoi pas vu ton enthousiasme.

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    1. Ah je pense qu'il pourrait te plaire. Après je ne sais pas si tu partageras le même enthousiasme.

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  13. Chaudement recommandé par ma libraire, acheté mais pas encore lu.
    Brigitte

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    1. Je vous souhaite une belle lecture et un beau dépaysement.

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  14. Bonjour Philisine Cave
    J'ai pu lire l'exemplaire de dasola (dévorer, plutôt).
    Oui, cette société nouvelle où l'on doit juste faire confiance à la bénévolence de l'Administration et de ses têtes pensantes et donneurs d'ordres pour que nos "traces numériques" ne soient pas exploitées voire surexploitées... Brr! C'est pas un monde où il me fera bon de vivre, cette société à peine anticipée...
    De bons sujets de réflexion... comment mettre des grains de sable suffisamment abrasifs et/ou transparents pour compliquer un tant soi peu le boulot des algorithmes? Il va nous en falloir, de la poudre de diamant!
    (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola

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