L'hôtel du Cygne est un très joli roman et esquisse un beau portrait d'une femme complexe et ambigüe, nounou de profession (Yu Ling) et son duo avec le garçon gardé (Dada).
L'hôtel du Cygne démarre par une randonnée qui se voulait/devait être lucrative avec Dada et le compagnon de vie de Yu Ling (M. Courge pour Dada, Chen Donglaing pour le civil) mais qui se solde par un retour à la réalité à la fois médiatique et de terrain.
Dans L'Hôtel du Cygne, nous verrons un squat de luxe et la dégringolade sociale et politique, des personnages atypiques (une coach sportive expatriérement amoureuse, une famille éclatée qui ne se bouge pas des masses pour récupérer l'héritier, une oie urbaine, une tente comme unique refuge ...), un pouvoir politique qui dézingue des existences au moment qu'il juge opportun, l'indécence de certains riches, l'envie d'exil de plus jeunes, les petites/grandes compromissions et le retour de bâton. La vie et le passé de cette nounou discrète se découvrent au fur et à mesure des réflexions infantiles ou professionnelles. Lu Ying fait son job sans rien demander en contrepartie excepté son salaire à la fin du mois, mais en sait beaucoup sans rien dire, donc forcément elle intrigue !
À travers L'Hôtel du Cygne, Zhang Yueran esquisse une Chine résolument moderne tournée vers un libéralisme économique associé à un hyper contrôle politique, avec un couple fortuné dont l'épouse (marchande d'art) appartient à une famille d'apparatchiks liée au régime. Par petites touches, dans un style épuré et efficace, l'autrice présente un univers du contrôle où tout secret ne le reste jamais, où le moindre pan d'intimité est disséqué, où chaque mot est pesé et mesuré, où une trahison en cache une autre. Un monde fait d'honnêtes gens et d'autres moins honnêtes qui truandent ou arrangent le quotidien pour leurs besoins. L'héroïne veut aussi sa part de bonheur. L'hôtel du Cygne nous dresse une partie de son itinéraire tout sauf linéaire.
Éditions Zulma
Traduction de Lucie Modde
Emprunté à la bibliothèque.
Il me tente bien, ce roman, parce que les bons romans chinois ne sont pas si courants, surtout sur la Chine contemporaine. De plus, j'ai déjà assisté à une rencontre avec Zhang Yueran, et je n'ai toujours rien lu d'elle !
RépondreSupprimerLa traductrice, Lucie Modde avait reçu en 2016 le Prix Pierre-François Caillé (je suis membre du Jury) pour sa traduction du chinois de "Tout va changer". Elle a bien fait du chemin - vu aussi la rigueur éditorial de chez Zulma.
RépondreSupprimerJ'aime bien cet éditeur et ce que tu en dis
RépondreSupprimerPourquoi pas, il a l'air intéressant.
RépondreSupprimerRebonsoir Philisine, je l'ai repéré en me demandant si ce roman était bien. En tout cas, il n'a pas l'air mal. Bonne soirée.
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