Voici l'illustration du thème du mois (photo prise à Londres). Que de couleurs et d'illustrations !
Les photos des autres participants se trouvent en lien dans les commentaires de l'article de Blogosth
Voici l'illustration du thème du mois (photo prise à Londres). Que de couleurs et d'illustrations !
La forêt aux violons dresse le parcours d'Antonio, un luthier exigeant et persévérant à la recherche du violon parfait. L'histoire se situe dans l'Italie du XVIIème siècle, près de Crémone. Cyril Gély produit dans cette oeuvre un héros ténébreux et colérique qui puise sa source d'inspiration par les rencontres qu'il fait, toujours en quête d'un idéal qui le dépasse et dont il n'arrive pas à mesurer les contours. On voit dérouler son parcours de vie, son cheminement à travers les forêts, à la recherche des arbres parfaits, à la recherche de la parfaite harmonie des courbes et du son.
Dans La forêt aux violons, les traversées pédestres se comptent en jours voire en semaines, les promesses se tiennent à coups de violons annuels, le talent se mesure à l'oreille absolue et au doigté, la quête est à la fois forestière et spirituelle.
Autour d'Antonio gravitent des personnages secondaires solides et parfois nobles : son premier employeur avant que celui-ci se fâche après un énième violon détruit de colère, une épouse fidèle, un propriétaire forestier patient.
J'ai tout aimé dans ce roman de belle facture littéraire : une plume délicate et précise, des scènes très visuelles, des dialogues alertes, un héros qui ne laisse pas indifférent. Il y a un vrai travail bibliographique de la part de Cyril Gély, pour installer un récit cohérent et enrichissant, pour composer une interprétation d'une vie illustre. Un beau moment d'évasion assurément : j'ai prolongé la lecture autant que j'ai pu, en me délectant des dialogues puis de l'envol.
Editions Albin Michel
Emprunté à la bibliothèque
J'aime la musique entraînante de ce beau chant de l'amour, un côté gai et amoureux, finalement ! Avec une part vintage des années 1970-1980 dans lequel la basse a un petit supplément d'âme. Bien joué (et chanté), Clara (Luciani) !
Je vous souhaite un magnifique lundi.
Tout le monde dit la même chose
Dans le même langage morose
Tout le monde adore parler de soi
Eden Beach 1970 retrace l'itinéraire sur 15 jours d'une jeune femme Charlotte, qui suite à la découverte de l'infidélité de son mari, se fait la malle et débarque dans une station balnéaire du Maryland aux Etats-Unis. Charlotte, issue d'une famille belge conservatrice, a été élevée dans le culte du mariage qui à la fois protège les femmes mais aussi les rend dépendantes de leur époux. En abandonnant le Miguel de ses rêves, Charlotte va devoir subvenir à ses propres besoins, travailler un job en restauration et peut-être enfin s'émanciper de codes sociétaux et familiaux archaïques.
Anne Duvivier arrive à dépeindre l'atmosphère des seventies, celle de la libération sexuelle grâce à l'arrivée de la pilule, celle de pionnières anonymes qui par leur lutte ont permis à d'autres femmes d'accéder à une certaine autonomie (de corps, d'existence). Avec une plume alerte, l'autrice place son intrigue entre légèreté et conscience politique et sait donner des respirations salvatrices à son texte. Les mœurs libèrent les corps et les mantras, la guerre du Vietnam fait rage et certains jeunes appelés fuient leur incorporation. Charlotte navigue entre deux mondes : celui qui l'a façonnée, celui que lui propose Cookie, sa nouvelle amie et accessoirement colocataire. D'un côté, le carcan des conventions, de l'autre sea, sex and sun (avec en prime le short qui va bien !) Mine de rien, Anne Duvivier effleure la fragmentation urbaine et ethnique de la société américaine et montre aussi les combines, une forme de solidarité et de sauvegarde entre les êtres, une population en recherche d'expériences divinatoires aussi.
Eden Beach 1970 offre une lecture plaisante d'un monde du possible, fragile et segmenté, entre des promesses sociétales heureuses et annonciatrices d'une révolution sociétale, familiale et féminine, et la peur au ventre d'une guerre lointaine mais bien présente.
J'ai bien aimé découvrir cette Charlotte volontaire qui a décidé de se prendre en main quitte à sortir des sentiers battus. Je reconnais le talent certain de conteuse d'Anne Duvivier à donner corps à ses créatures, à avoir su m'immerger dans cet univers américain post-soixante-huitard avec un discours charnel et sexuel qui se veut avant tout en adéquation avec la nature, tout sauf voyeuriste. Well done !
Editions MEO
Lu en service de presse : je remercie les éditions MEO pour ce partenariat.
De la même autrice : Cendres,
Avec une plume magnifique, Ogawa Ito nous dresse des instantanés de vie d'un microcosme social représenté par la papeterie Tsubaki, lieu de confidences et de confidents, lieu de rencontre de cœurs perdus ou brisés. L'héroïne, Hatoko, perpétue l'héritage de sa grand-mère maternelle : être écrivain public, manipuler les différents alphabets, les matériaux adéquats pour réaliser dans les meilleures conditions les messages commandés.
En lisant La papeterie Tsubaki, on découvre l'extrême difficulté de maitriser l'écriture japonaise et les codes à respecter, les lettres de rupture d'amitié ou d'amour mais aussi des demandes communes ou insolites. Il se dégage un infini respect dans ce roman à la fois entre les personnages mais également dans la façon de décrire cet art divinatoire de la calligraphie : chaque virgule, chaque accent, chaque épanchement sont mesurés sous peine d'être corrigés ou de traduire une autre pensée. Au travers de ce récit, Hatoko se dévoile et découvre un peu mieux son passé, notamment concernant sa relation avec cette grand-mère à qui elle doit son métier d'écrivain public et le mythe familial.
Ogawa Ito introduit chaque itinéraire par une description minutieuse de matériaux ou de rites employés, une scénette et des dialogues amenant à la demande de rédaction et achève le tout par la fameuse lettre rédigée par Hatoko. L'autrice instruit tout en concevant une œuvre littéraire à part entière, à mi-chemin du documentaire et du romanesque.
Ma participation pour le mois de février 2023 au super challenge Écoutons un livre de Sylire