Quand Libfly a proposé de recevoir ce livre contre critique, vous pensez bien que je n'ai pas longtemps résisté. Après un superbe séjour à Athènes, j'étais plus qu'intéressée de découvrir une fiction narrant la destruction du monument emblématique de la ville : le Parthénon !
Christos Chryssopoulos a imaginé l'inconcevable pour tout Grec qui se respecte (et accessoirement, tout touriste abordant Athènes la première fois) à savoir : l'absence de l'Acropole ! Malheureusement, je réalise avec effroi que cette scène pourrait tout à fait s'envisager. Perpétuellement en rénovation jamais complètement finie (faute de moyens), entouré d’échafaudages et de barricades pour la sécurité de ses visiteurs, le Parthénon surplombe Athènes, la dominant de sa magnifique hauteur, tout de blanc vêtu. Foi d'une histoire olympienne, à l'image d'une ville en équilibre constant entre passé et avenir, il méritait bien un roman grandiose : je ne suis pas sûre que le sujet de sa destruction lui aurait convenu !
Un homme a projeté et réussi l'attentat contre l'Acropole : plus que de vieilles pierres, une nuée de poussières et un désastre idéologique : plus de passé, plus d'avenir ! Le criminel est rapidement retrouvé, découvert à cause de sa joie peu discrète. Tour à tour, se confessent le gardien du temple, l'auteur des faits Ch. K. et son voisinage puis une jeune recrue militaire. On découvre une proclamation de la Société des Saboteurs Esthétiques d'Antiquités (SSEA) érigée par l'intellectuel anarchiste Yorgos V. Marris (pourfendeur d'une liberté absolue des humains jugés trop esclaves d'un passé lourd quoique prestigieux), qu'aurait pris pour argent comptant Ch.K.
Sans être un coup de cœur, ce livre mérite vraiment le détour : la construction intéressante et vivante des différentes interventions orales et écrites, l'analyse de l'auteur sur l'implication de l'architecture antique sur notre état d'esprit (la thèse suggérée d'Yorgos précise que nous nous attachons tant aux vieilles pierres au point d'engendrer une sorte d'aliénation qui peut nous empêcher de nous projeter de l'avant : pourrions-nous vivre sans elles, sans en perdre une certaine identité ? ), le traumatisme généré par la destruction de l'Acropole causant un profond choc culturel (page 55 : «Personne ne veut y croire...Ils n'en croient pas leurs yeux. Rien n'est vraiment certain, rien n'est encore définitif. Qu'est-ce qu'il reste ? Un rocher éclaté, c'est tout.»).
Un thème en lui-même riche, des points de vue contradictoires explicites, un plan narratif haletant et le récit relativement court (moins de quatre-vingt pages) et accessible à tous, survivent aux quelques répétitions maladroites et à une expression écrite sans grand lyrisme (parfois, le style employé se rapproche plus de l'essai que du roman). Malgré ce léger défaut, j'ai passé un très bon moment de lecture avec La destruction du Parthénon ... que je ne souhaite pas !
Je suis arrivée trop tard pour cette offre de Libfly (et j'aurais choisi le Russell Banks !!) Bravo pour cette ouverture grecque :)
RépondreSupprimerMerci, Anne ! Pour l'auteur, je n'ai pas vraiment choisi le titre car je veux laisser la place à d'autres lecteurs sur les partenariats Libfly (étant déjà très gâtée à ce niveau-là). Il restait à Yomu (Libfly) un exemplaire de La destruction et elle me l'a gentiment proposé (considérant que mon voyage en Grèce m'aiderait à avoir un éclairage sur cette très jolie œuvre).
SupprimerPas évident, je trouve, la littérature grecque !
RépondreSupprimerTa remarque est intéressante, Catherine car à aucun moment, je n'ai eu l'impression de lire un livre grec. Mais je dois reconnaître que la mise en forme du roman, assez inédite pour moi, vaut vraiment un regard appuyé. De plus, l'auteur est davantage connu comme essayiste que romancier : cela se ressent forcément dans son écriture. Anne-Laure Brisac a fait preuve d'une bonne maîtrise littéraire en fluidifiant le tout.
SupprimerVoilà un thème original et très intéressant!(J'ai moi aussi eu la chance de visiter Athènes, pays que j'ai beaucoup aimé) Je le note donc.
RépondreSupprimerJe peux te l'envoyer, si tu souhaites le lire ! et je suis d'accord avec toi, on ne se remet pas d'un voyage à Athènes !
SupprimerIl faut arrêter de me tenter comme çà ^^ Ma PAL est déjà énorme ! Puisqu'on parle de littérature grecque et d'art, j'ai trouvé un titre sur internet qui me tente bien par contre, il n'est pas à ma bibliothèque :( Mais ca peut peut être t'intéresser c'est la découverte de la Vénus de Milo de Takis Théodoropoulos. Tout est dans le titre ;-)
RépondreSupprimerJe ne connais pas le livre dont tu parles mais en effet, si je le croise, j'y prêterai attention. Quant à la destruction du Parthénon, je te l'envoie quand tu veux !!! Bises
SupprimerCet été, je dois peut être aller en Grèce, (mais ce n'est pas encore gagné), donc j'accepterai avec plaisir. En tout cas, merci!! Je te redis tout ca la semaine prochaine avec le Delerm et la couleur des sentiments selon mes trouvailles à la médiathèque ! A très vite :-)
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