Comment
se construire fille lorsqu'on « remplace » un frère
décédé au sein de la famille ? C'est le challenge de toute
une vie, celui de Mathilde Blanc, l'éternel « petit garçon »
de son père. Du déni, elle va compenser en devenant le socle du
clan, celle qui supporte tout au risque de sacrifier sa santé, son
alimentation, son amour et même son existence.
Valentine
Goby a construit une magnifique
héroïne de son cru, une « guerrière » de la vie, la
générosité en plus, au point de s 'oublier. Un
paquebot dans les arbres
représente le sanatorium dans lequel les parents de Mathilde vont
passer quelque temps, tuberculeux et contagieux, sans couverture
sociale parce que d'abord commerçants, puis artisans mais plus du
tout cotisants. Mathilde
supporte tout : le quotidien difficile où se nourrir devient
impossible faute de moyens, l'envie de s'élever socialement par le
diplôme (à l'époque, garant d'un métier stable), les week-ends
réglés à la minute près des visites au couple parental, la nécessité
de retrouver sa fratrie éclatée (même si la sœur aînée Annie
semble perdue à jamais, la loyauté en moins). Valentine
Goby profite de cette œuvre
pour raconter la France rurale des années 1950, clivée entre ceux
qui possédaient le sésame (les droits à la Sécurité Sociale) –
les ouvriers et les nantis- et les autres – les nécessiteux, les
commerçants non prévoyants-. Il y a du Annie Ernaux
dans Un paquebot dans les arbres :
l'art de raconter notre pays du passé, d'analyser plutôt que de
juger. Néanmoins, la comparaison s'arrête là parce que leurs
proses diffèrent. L'une use de l'écriture
plate, l'autre
fracture ses phrases au point de rendre la lecture moins aisée mais
module ainsi, par la forme, l'état d'âme de l'héroïne.
Un
paquebot dans les arbres
est un bon roman, touchant et accessible mais n'est pas un coup de
cœur. Il m'a manqué ce petit quelque chose, ce serrement que j'ai
éprouvé dans Kinderzimmer
par exemple. Il y a également
cette dispersion
en fin d'ouvrage, lié à l'élargissement sur la guerre
franco-algérienne qui
a freiné mon enthousiasme. J'ai trouvé le parallèle surfait et mal
exploité même s'il justifiait la présence d'un personnage
(Antoine) : il aurait mérité une plus grande place mieux
amenée.
Éditions Actes Sud (remarque : une première de couverture
splendide, qui montre une petite fille insouciante, tout ce que n'a
pu être Mathilde)
De la même autrice :
Banquises
Des corps en silence
Kinderzimmer
L'échappée
La note sensible
Petit éloge des grandes villes
Un paquebot dans les arbres
et un de plus pour les challenges de Sophie Hérisson (3/6 dans la catégorie Découvreur 1%) , de Piplo
et de Philippe Dester.
J'ai très envie de le lire.
RépondreSupprimerJe le lirai
RépondreSupprimerInstinctivement, j savais que ce roman ne pourrait tenir la comparaison avec Kinderzimmer donc pas encore envie de le lire.
RépondreSupprimerImpossible en effet d'arriver au niveau de Kinderzimmer. Mais quand même, quelle écriture (bon ok, je ne suis jamais objectif avec Valentine, j'assume^^).
RépondreSupprimerDésormais, on fait toujours la la comparaison ( consciemment ou non ) avec Kinderzimmer.
RépondreSupprimerJe n'ai pas lu Kinderzimmer, pourtant j'aurais pu... mais je lirai sans doute ce dernier roman.
RépondreSupprimerJe n'arrive pas à avancer dans ce roman. Comme toi, il me manque quelque chose par rapport à Kinderzimmer. Difficile de faire aussi fort apparemment.
RépondreSupprimerEnfin un avis moins élogieux. Ayant été déçu par le style de l'auteure dans un de ses précédents roman, j'hésite à le lire.
RépondreSupprimerComme je n'ai pas aimé "Kinderzimmer" à cause du style de l'auteure, je ne pense pas que j'en lirai un autre...
RépondreSupprimerBonne fin de soirée.
Bon ben définitivement non pour ce roman après avoir lu Banquises et n'avoir pas été trop emballé, et gêné par le style mais tu t'en souviens. Par contre, peut-être un jour Kinderzimmer...
RépondreSupprimerBisous
J'aime tellement la plume de cette auteure...! Coup de coeur !
RépondreSupprimerDur dur quand on aime une (une auteur(e) d'être déçu par un opus... Je ne l'ai toujours pas lue mais bon, je vais encore attendre...:)
RépondreSupprimerUn des plus beaux romans de cette rentrée littéraire, assurément.
RépondreSupprimerSuis contente de lire ton avis en demi-teinte car il m'a manqué aussi un petit quelque chose pour faire un coup de coeur de ce roman d'un auteur que j'aime pourtant beaucoup. Bises de Sandrion !
RépondreSupprimerMerci pour ce billet et cette découverte Philisine!
RépondreSupprimerComme toi, je n'ai pas éprouvé ce "serrement" de Kinderzimmer
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