Room - Emma Donoghue *****

Attention, grosse, très grosse pépite littéraire en vue !

Bon, quand on lit le synopsis du livre, on n'est tout sauf enthousiaste à lire ce genre de récit, tant on pense au calvaire de Natascha Kampusch et autres victimes de détraqués sexuels.

Jack, un petit garçon de cinq ans tout juste, vit reclus avec sa mère dans un local de jardin ultra-blindé, nommé La Chambre depuis sa naissance pour lui, sept ans pour la Maman.
Leurs journées sont ponctuées par les rituels de bain, de ménage, de "sport" (dans une pièce de trois mètres sur cinq, il faut en effet une sacrée dose d'imagination pour envisager des activités sportives), d'alphabet, de mathématiques (le petit utilise les décomptes dans des moments ignobles pour eux deux : restrictions alimentaires imposées, coucher à 21 h précises jamais débordées, pour des raisons précises), de demande de cadeaux du dimanche.
L'objectif reste de survivre à (et d'éviter) Grand Méchant Nick. Jack narre ses jours avec son vocabulaire naïf et approprié à son jeune âge (Madame Table, Monsieur Plafond, Madame Lucarne, Monsieur Tapis...), chaque habitude le rassurant et le protégeant d'une certaine façon de la réalité de son enfermement.

L'histoire est séquencée en cinq parties, toutes assez éprouvantes mais remarquables.  
Emma Donoghue aborde l'emprisonnement de façon subtile, sans pincette, brut de décoffrage : les efforts maternels de sauvegarde de son enfant et d'elle-même, de résilience. Vous en dire plus gâcherait le plaisir de découvrir cette œuvre exceptionnelle (davantage dans la construction du récit et l'analyse des traumatismes que dans la narration et le style employé, qu'on oublie vite).

Un livre éprouvant, qui nous ébranle et nous questionne sur nos attitudes humaines : l'acceptation de cellules d'isolement phonique pour prisonniers à longue peine, l'existence des cages animalières dans les zoos, la contrainte d'interviews pour financer des études universitaires futures d'un jeune (on relativise en tant que Français mais on glisse vers ce modèle américain de libéralisme, où «tout se paie, tout s'achète» incluant les études pour les plus riches ou pour les pauvres doués en sports), etc.

En résumé, Room reste un très grand moment (et je pèse mes mots) mais que c'est dur parfois !


avis de Sandrion,

Traduction de Virginie Buhl.
Collection La Cosmopolite, éditions Stock.

emprunté à ma biblio chérie


évasion musicale : Someone like you - Adele  (quel manque d'originalité de ma part - j'en ai complètement conscience- mais cette voix et ce piano me donnent des frissons à chaque écoute)



2 commentaires:

  1. Je vois que tu as été aussi enthousiaste que moi ! Honnêtement, cette histoire me hante, je n'arrête pas d'y penser. Je crois que cet auteur est arrivée à toucher des choses très profondes en nous...

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    1. je pense qu'elle a réussi à exprimer ce qu'était la vie sous l'emprise d'un sadique et vraiment, elle décrit aussi parfaitement l'état de résilience. C'est un roman extrêmement fort et percutant. Absolument parfait..

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