Le dieu du carnage - Yasmina Reza ****

Un salon parisien, deux couples en présence : les hôtes, Michel et Véronique Houllié et Annette et Alain Reille (mon "double A", piètre référence actuelle du AAA économique mais avantage mnémotechnique non négligeable pour se rappeler de qui est avec qui, très utile surtout en fin d'ouvrage !). Une rencontre tout à fait incongrue, si ce n'est un détail (oh trois fois) : le fiston Reille (Ferdinand) a "momentanément" (sic) défiguré le visage de l'héritier Houillé (Bruno) à l'aide d'un bâton... à la clé (si je puis dire) une bouche boursouflée et deux incisives en moins pour Bruno (tout cela pour une "balance" mal placée). La soirée s'annonce comme l'occasion d'une rencontre de conciliation, qui arrive assez vite au pugilat (évocation africaine savoureuse d'un dieu de la discorde). Véritable satire sociale sur nos comportements où les règles de bienséance ne sont plus respectées (usage intempestif du portable lors de la réunion, conflit sociologique entre l'avocat et le vendeur de sanitaires - dialogue extraordinaire sur les chasses d'eau-, les pères se présentant plus malhonnêtes que leurs propres fils -abandon animal pour l'un, faiblesse et escroquerie médicamenteuse pour l'autre... livre édité trois ans avant le scandale Servier- Bravo !), Le dieu du carnage est une pièce de théâtre contemporain remarquable, drôle, cynique et foncièrement dérangeante. Là où j'adhère moins au discours, reste le moment délicat et maladroit du parallèle entre la cruauté d'un homme d'un côté et la non-éducation parentale de l'autre : les deux registres ne sont pas comparables pour moi, peut-être juste là pour nous rappeler que les parents font comme ils peuvent pour éduquer leur progéniture, avec les moyens du bord. Cependant, certains, conscients de leur imperfection et n'agissant pas pour y remédier (par pure lâcheté ou par indifférence comme c'est le cas ici), en deviennent d'autant plus pervers : aussi, il ne faut pas s'étonner que nos chers petits reproduisent le modèle parental proposé, à leur échelle d'enfant !

Éditions Albin Michel

emprunté à ma biblio chérie

Bande-annonce de l'adaptation cinématographique du livre, réalisée par Roman Polanski

2 commentaires:

  1. Oui, je pense comme toi que ce n'est pas facile pour certains parents qui rentrent tard le soir, qui ont des jobs stressants. Mais il y a aussi tous ceux qui sont tellement absorbés par leur petite personne qu'ils en oublient un peu leurs enfants. Siècle de l'individualisme et du prêt à jeter. Mais les enfants quand ils sont lç on ne peut pas s'en débarrasser si facilement.

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  2. Exact et le livre le décrit très bien.

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