Fiche d'identité du témoin
Nom: Cissé
Prénom : Khadîdja
âge : la trentaine
pays d'origine : Mali
pays d'accueil d'adoption de résidence : France
situation familiale : cinq enfants, trois pères différents d'aucun soutien.
suivi social assuré par Mme Renaud (efficace, ponctuelle, fonctionnaire zélée et déterminée, sachant éviter les clous dans un sofa)
état moral, physique, social, psychique : en souffrance
Ce roman coup de poing, à la limite de la sociologie et remarquable dans l'écriture, synthétise et explique les difficultés d'être résident émigré en France lorsque le manque d'argent se fait ressentir. La malienne Khadîdja, habitante du quartier Château-Rouge (XVIIIè arrondissement de Paris) et ancienne femme de ménage, sombre dans la grande pauvreté, suite à l'arrivée d'un cinquième enfant non désiré et métisse, dont l'éducation l'oblige à arrêter son activité professionnelle. Tour à tour victime des cancans lourds de la communauté malienne de Paris, Khadîdja cherche à s'affranchir des coutumes et lois ancestrales instituant le femme comme inférieure et soumise à son époux polygame, à se nourrir de la double culture offerte par son pays de résidence et celui d'origine. Les obstacles demeurent nombreux et infranchissables : le manque d'argent flagrant, la suspicion et le déshonneur familiaux, l'abandon masculin, la bêtise et la crédulité religieuses, la volonté de s'en sortir seule alors que l'aîné débute une carrière de dealer, l'envie d'amour et de désir (contradictoires avec la culture originelle), la bagarre sociale pour garder auprès de soi ses enfants, la lutte contre les carcans traditionnels, la dignité tout simplement. Au-delà du récit qui peut paraître lourd ou pesant, je considère cette lecture saine et instructive : on y apprend les coutumes maliennes d'éducation des filles, la survie en France (où retourner au pays reste inconcevable mais peut devenir une sortie possible, pour le plus grand bonheur des pourfendeurs français du «chacun chez soi, chacun pour soi»), l'enlisement lié à la vie communautaire, sans mélange proposé (pourtant salvateur : on aime mieux dans la diversité). J'ai apprécié ce livre et le défends car il décrit avec regret ce que ma patrie est devenue : un lieu d'accueil d'adoption d'intégration de résidence provisoire.
Éditions Denoël
Éditions Denoël
emprunté à ma biblio (et lu dans le cadre d'une sélection de mon comité de lecture : merci !)
inscrit dans le challenge Littérature au féminin organisé par Anis - domaine : entre deux cultures
et un de plus pour le challenge de Denis et Fabienne
inscrit dans le challenge Littérature au féminin organisé par Anis - domaine : entre deux cultures
et un de plus pour le challenge de Denis et Fabienne
J'ai découvert grâce à Nadael, cette magnifique chanson et je la remercie infiniment pour ce partage : les voix à la limite de la fausse note, une chanson parlée au temps de Delon, Bardot et Gainsbourg, inusable et intemporelle d'une certaine façon, à l'image du livre.
Très bon billet qui m'a touchée. Le sort difficile qui est fait aux femmes ne peut pas laisser indifférent.
RépondreSupprimerMerci, Anis, ton compliment me touche beaucoup. Un reproche a été fait sur la froideur apparente de l'héroïne et sa colère. Pour moi, elles sont complètement légitimées par les circonstances aggravantes.
SupprimerUne lecture sûrement oppressante mais tout ceci est malheureusement tellement réel... merci pour le lien.
RépondreSupprimerMerci à toi pour cette belle découverte musicale : ne pas te citer aurait semblé à une escroquerie intellectuelle !
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