Qu'il est dur de transcrire l'exemplarité de cette histoire tant Des souris et des hommes bouleverse celui ou celle qui le possède. Parce qu'il faut bien le reconnaître, sans superflu, sans effet de style, avec une facilité déconcertante, John Steinbeck a écrit un des plus grands livres qu'il m'ait été donné de lire. Voilà, c'est dit et assumé : totally !
Balayant d'un revers de la main tout manichéisme littéraire ou humain, John Steinbeck gère l’ambiguïté sans cloison, l'harmonie sans manipulation, la montée d'adrénaline et la suggestion avec brio. Chaque personnage possède une part d'ombre et de lumière mais le talent de l'Américain réside dans le fait de mouvoir la dualité en chacun, afin de créer un ensemble en constante évolution, à la limite du chaos, sur le fil du rasoir. Les personnages ainsi présentés participent à des travaux dans une ferme isolée et rêvent d'un même destin (devenir propriétaire ou bien aspirer à davantage de liberté pécuniaire). On aperçoit le géant Lenny à la force meurtrière incontrôlable et au cerveau prématurément scindé, son débonnaire protecteur Georges perdu dans ses illusions et au langage plutôt violent, les autres journaliers solidaires face à l'adversité mais pratiquant un ostracisme assumé puis la femme maline, provocante mais finalement niée dans son entité. On sent l'impasse dans laquelle tous cohabitent, générée par l'arrivée de Lenny et de Georges en fuite d'un précédent emploi pour une raison inavouable. On retrouve la notion du Mal et du Bien personnifiés, l'idée du pêché originel...
Au final, une quête magnifique et désespérée où chacun dévoile son humanité, acte pour le mieux du collectif, montre ses faiblesses, assume sa violence intrinsèque ; un univers rude où le manque d'instruction n'empêche pas une profonde sagesse, mais où le sentiment amoureux a du mal à se faire une place. Steinbeck offre une leçon magistrale en si peu de pages.
Un prix Nobel plus que confirmé après la lecture de À l'est d'Eden et La perle, deux autres de ses chefs d’œuvre.
Un prix Nobel plus que confirmé après la lecture de À l'est d'Eden et La perle, deux autres de ses chefs d’œuvre.
Traduction de Maurice-Edgar Coindreau
Éditions Folio
et un de plus pour le challenge de Cess.
Un roman qui a marqué mon adolescence, qu'est-ce que je l'ai aimé ♥
RépondreSupprimerOn dira que ce roman a marqué mon âge (mûr... persifle mon A.)
SupprimerJamais lu, et ce n'est pas faute d'aimer l'auteur et d'avoir avalé d'autres bouquins de lui!
RépondreSupprimerIl a écrit des œuvres riches et je n'en connais que trois.
SupprimerAh !!! Steinbeck !!! Ce n'est pas mon préféré mais sans aucune discussion possible c'est un très grand roman.
RépondreSupprimerJe ne sais pas : j'ai aimé les trois romans pour différentes raisons propres à chaque ouvrage.
Supprimerlu il y a très longtemps, mais je me souviens pourtant de l'émotion éprouvée..il faut aussi continuer à lire les "classiques", à côté des contemporains,les deux se complètent!
RépondreSupprimeroui, je suis d'accord et je crois que ce challenge m'a permis d'en considérer la pleine mesure.
SupprimerJ'aime aussi passionnément cet auteur et ce livre... merci pour ce beau billet ma Phili. Bisous
RépondreSupprimerMerci, ma Comète préférée pour ton gentil mot . Bisous
SupprimerJe l'ai lu il y a très longtemps aussi, mais je me souviens encore de la scène du "meurtre" ... Je me souviens aussi d'un goût de poussière et de paille, un arrière goût de tragédie, un billet qui me la remet en bouche ...
RépondreSupprimerOui, tout est clairement amené... Franchement plus j'y repense et plus j'aime ce livre grandiose (il n'y a pas d'autre mot possible)
SupprimerJohn Steinbeck est pour moi un des plus grands auteurs américains.
RépondreSupprimerje te fais confiance sur cette affirmation.
SupprimerJe vais le mettre en haut de ma pile ! Je viens de terminer Home de Toni Morrison et cette littérature américaine là, celle qui parle des classes sociales opprimées est d'une force et d'un talent jamais égalés je crois.
RépondreSupprimerje vais débuter Home très vite. J'aime bien la littérature américaine, assez différente de la française. Elles se complètent bien, je trouve.
SupprimerDepuis, j'ai toujours du mal avec les enfants qui s'appellent Leni.
RépondreSupprimerComment cela se fait-il, dis donc ? Je ne comprends vraiment pas pourquoi.
SupprimerJoli billet! Un grand roman lu il y a longtemps.
RépondreSupprimerMerci, Nadael !
SupprimerPas pour moi : il est au programme de 3e et j'évite les lectures "scolaires".
RépondreSupprimerCela te rappelle trop le travail, hein ? Je comprends. Cela dit, j'aime assez l'idée que nos petits 3èmes puissent étudier cette œuvre dans le cadre de leur scolarité.
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