Le sillage de l'oubli - Bruce Machart *****

Pas facile de se construire sereinement dans une fratrie de garçons, lorsque votre père vous reproche votre naissance (synonyme du décès en couches de sa femme bienaimée) et communique uniquement avec brutalité : c'est pourtant le dessein de Karel. Avec ses frangins, il grandit au milieu des cheveux de course, participant aux travaux de la ferme familiale qui s'agrandit à coups de duels hippiques gagnés. En manque maternel constant, Karel se cherche. A l'occasion d'une compétition nocturne où l'enjeu ne représente plus des territoires, la famille explose et nous comptons les points.
 
Véritable plongée en apnée dans l'univers fermier texan avec ses rites et coutumes, Le sillage de l'oubli représente un excellent livre de nature writing. Dissertant sur les liens familiaux mis à mal lorsque leur ébauche n'est pas consolidée par l'attention parentale, décrivant parfaitement les relations étroites entre les hommes/femmes et leur environnement (terres agricoles, animaux, paysages etc.),  ce roman magnifie le sentiment d'amour : celui entre deux jeunes adolescents à l'aube de leur sexualité, celui entre des frères (lors d'un incendie provoqué ou subi), celui d'une conjugalité arrangée, etc. Rien n'est simple parce que la difficulté de communiquer et l'impossibilité de se dévoiler sous peine de paraître trop fragile subsistent. Et pourtant,l'émotion persiste et submerge ceux qui y résistent.

Une intrigue solide, qui réalise un clair obscur magnifique et difficile en littérature, une prose accessible et intelligente, une ambiance remarquable, trois récits croisés sur différentes périodes (février 1895, mars 1910, décembre 1924) participent à la grande réussite de ce premier roman fourni, riche et impressionnant. Un très cadeau à offrir à ses yeux.

Traduction de Marc Amfreville

Éditions Gallmeister 

avis de Keisha , d'Aifelle,de Clara, de Malika, d'Anne et d'ICB


Un énorme merci à Hélène Delapré pour cet excellent conseil

et un de plus pour les challenges d'Anne et de Sharon

évasion musicale : I.C.U - Lou Doillon
Que ferais-je sans Nadael, une de mes fournisseuses officielles de découvertes musicales majeures ? 
réponse : rien !

25 commentaires:

  1. Je ne dirais pas 100% nature writing, mais plutôt 100% roman incontournable. Quelle écriture!

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    1. et si Keisha (grande prêtresse du nature writing) le dit, alors il faut la suivre, les yeux fermés (attitude un poil embêtante pour lire toutefois !). Je référence ton avis de suite

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  2. J'adore cet éditeur, au choix toujours très sûr (Craig Johnson !!!!!).

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  3. J'ai trouvé ce roman somptueux ! La scène du hibou qui survole la campagne alors que Karel erre à cheval après sa course... je m'en souviendrai longtemps ! (Et imaginer le cou tordu des quatre frères...)

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    1. j'ai quand même eu du mal à visualiser nos héros avec un cou tordu mais bon, cela ne m'a pas gâché la lecture.

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  4. Ça m'intéresse beaucoup, d'autant que je n'ai quasiment jamais lu ce genre d'ouvrages.

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    1. c'est un très joli premier roman, écrit avec une grande maturité.

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  5. Ravie de contribuer à tes "invasions musicales", ma chère...
    J'ai beaucoup entendu parler de ce livre que j'ai noté d'ailleurs...

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    1. L'histoire n'est pas gaie mais il y a de la lumière dans ce livre et une force de vie intéressante.

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  6. Pas convaincue du tout par ce roman, il démarre magnifiquement et puis l'intrigue s'essoufle, les personnages piétinnent ... cela m'a semblé long, très long !!

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    1. Je comprends ce que tu entends par longueurs. C'est vrai que certains moments s'installent dans la durée.

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  7. Comme toujours ma Phili tu es une terrible tentatrice, je le note... Quand j'aurai eclusé mon hallucinante PAL et le non moins hallucinant Anna karenine on verra ... De gros bisous mon amie.

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  8. celui-là, c'est un Gallmeister qui devrait me convenir.

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  9. Réponses
    1. Ma note élogieuse remarque la difficulté d'atteindre un tel niveau de maîtrise littéraire sur un premier roman.

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  10. Pas fan de Nature writting. Je passe mon tour.

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  11. J'ai beaucoup aimé ce roman, même si au début, la vision des quatre malheureux frères tirant la charrue, le cou tordu, a failli me faire abandonner.

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    1. oui, je comprends. j'ai trouvé quelques longueurs mais l'impression globale reste très satisfaisante (surtout pour une première œuvre).

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  12. J'avais effectivement déjà lu des belles critiques sur ce livre. Il y a certainement dans ce grand pays, des destins à la mesure de ses paysages, un souffle puissant.

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    1. Oui absolument et la prose est parfaite, les personnages parfaitement ancrés. Bises

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