Voici un des livres les mieux écrits que j'ai lus de l'année 2012. Rares sont en effet les recueils qui peuvent prétendre à une telle maturité lyrique, des mots qui sonnent si juste à l'oreille, une émotion contenue, un vrai petit bijou.
Deux femmes (Dhuoda et la narratrice), deux époques (l'an 840 pour la première, l'année 2009 pour la seconde), un fil conducteur (un livre laissé en héritage, un hymne à l'amour maternel pour Guillaume), des points communs (l'abandon, la résilience) pour une même cause : apprendre à finir (comme dirait Laurent Mauvignier), apprendre à quitter tout simplement.
Sur la pointe des mots décrit subtilement le passage obligé de la vieillesse, lorsque les enfants quittent volontairement ou contraints le nid familial pour prendre leur envol, lorsque l'absence de repère historique (due à une méconnaissance de ses propres aïeuls) fragilise cet état transitionnel, lorsque transmettre via une œuvre ou un testament implique l'en vie, chère à Jacques Lacan. Une belle dame contemplative, taraudée par des questions existentielles, riche de souvenirs familiaux, va par le biais d'une lecture, s'aménager un quotidien plus léger.
Outre le parallèle judicieux entre une héroïne du Moyen Âge qui subit sa vie -faute de liberté- et l'interprétation que la narratrice se fait de la filiation, de cet hymne à la littérature comme réconfort de nos tourments transpire la grâce littéraire de Marie France Versailles. Chaque réplique très travaillée devient un pur enchantement et mérite la citation. Les pensées fragmentées vivent au rythme des virgules, des césures et des ruptures : le style participe au marquage du questionnement de la narratrice et au tiraillement qui s'opère en elle. On peut ne pas adhérer totalement au discours, on ne peut s'affranchir d'un style aussi subtil... remarquable.
page 54 :
« Être cette femme qui goûte ce bien-être à venir, comme une élégance dans le partir. Être là, seulement dans la musique des voix familières jusqu'à ce que quelqu'un l'interpelle : Tu rêves ? »
Éditions Luce Wilquin
Outre le parallèle judicieux entre une héroïne du Moyen Âge qui subit sa vie -faute de liberté- et l'interprétation que la narratrice se fait de la filiation, de cet hymne à la littérature comme réconfort de nos tourments transpire la grâce littéraire de Marie France Versailles. Chaque réplique très travaillée devient un pur enchantement et mérite la citation. Les pensées fragmentées vivent au rythme des virgules, des césures et des ruptures : le style participe au marquage du questionnement de la narratrice et au tiraillement qui s'opère en elle. On peut ne pas adhérer totalement au discours, on ne peut s'affranchir d'un style aussi subtil... remarquable.
page 54 :
« Être cette femme qui goûte ce bien-être à venir, comme une élégance dans le partir. Être là, seulement dans la musique des voix familières jusqu'à ce que quelqu'un l'interpelle : Tu rêves ? »
Éditions Luce Wilquin
Deux avis en M comme magnifiques : Minou , Maryline, Laure, Carnet de lecture, Anne
LV de Minou, qui a transité chez Maryline, avant d'arriver chez moi : il part vers d'autres mains (chanceuses).
et un de plus pour les challenges de Minou, de Denis et Fabienne, d'Anne et d'Anne (décidément), de Sharon et de La Part Manquante
évasion musicale : Comforting sounds - Birdy (c'est une reprise de Mew)
LV de Minou, qui a transité chez Maryline, avant d'arriver chez moi : il part vers d'autres mains (chanceuses).
et un de plus pour les challenges de Minou, de Denis et Fabienne, d'Anne et d'Anne (décidément), de Sharon et de La Part Manquante
évasion musicale : Comforting sounds - Birdy (c'est une reprise de Mew)
Tentatrice... Mais bon, je dois absolument passer!!!
RépondreSupprimeret qui c'est qui, qui participe au challenge Luce Wilquin, hein ?
SupprimerMais pourquoi absolument passer, Keisha ? Comment peux-tu résister aux magnifiques avis de Marilyne et Philisinne? ;)
RépondreSupprimerParce que oui, ton avis est magnifique, même sans M dans ton nom. Tu me donnes envie de relire ce texte et de retrouver cette grâce de l'écriture de Marie France Versailles, ainsi que, surtout, la tendresse de son texte. Je suis vraiment très contente que tu aies autant aimé. Lire ton avis, comme avoir lu celui de Marilyne, me donne l'impression que je n'ai pas fait voyager ce texte pour rien.
Merci, Minou pour cet envoi, cette découverte. Très clairement, je ne m'arrêterai pas là avec cette écrivaine.
SupprimerJe ne compte pas m'arrêter là non plus, mais je n'ai trouvé qu'un recueil de nouvelles (A l'ombre de la fête, éditions Quadrature) avant ce roman pour le moment. On va devoir s'en contenter, puis attendre patiemment un autre livre... Si je la vois à la foire du livre en mars, je lui demanderai si elle en a un autre en cours d'écriture et te tiendrai au courant. :)
SupprimerJe serai ravie de connaître sa réponse. Elle écrit super bien, c'est fou.
SupprimerQuel beau billet qui rend si bien la grâce de cette lecture. Oui, les mots sont enchanteurs dans ce livre, une magie, des mots qui veulent dire la fin et donnent tant de lumière.
RépondreSupprimerTu arrives même à commenter de façon mélodieuse, franchement tu m'épates !
SupprimerTrès très très très très beau billet... Un livre qui t'a visiblement inspirée ! Bisous
RépondreSupprimermerci, ma Comète : tes nombreux "très" me touchent et tu le sais.
SupprimerTentatrice!! Quel enthousiasme dans tes mots. Comme toi, je suis sensible à La belle écriture... allez je le note.
RépondreSupprimerJe pense que tu aimeras, tu es sensible à cette forme de prose.
SupprimerLu en 2012 ? Mais nous sommes en 2013 ?!
RépondreSupprimerComment te dire, Alex ? je l'ai lu juste avant les vacances de Noël et je savais que je ne rédigerais pas d'article au cours de mes deux semaines de congés... Donc ceci explique cela.
SupprimerSuperbe billet en effet ! Tu sais décidement te montrer très convaincante (je parle autant pour ton billet d'hier que pour celui d'aujourd'hui^^).
RépondreSupprimerS'il te plaît, Jérôme, n'en rajoute pas avec le billet d'hier (sinon, je vais avoir le droit à un deuxième billet frondeur sur le blog du jeune auteur)
SupprimerJe me laisse tenter tu en parles tellement bien et puis une femme du moyen âge , c'est pas courant .
RépondreSupprimerLa narratrice (époque contemporaine) reste le personnage principal. Dhuoda apparaît par petites touches (lumineuses).
SupprimerUne auteure que j'aime !
RépondreSupprimerTu pourrais me conseiller une autre œuvre ?
SupprimerLe roman sera-t-il aussi bon que le billet?
RépondreSupprimerdans ce cas, je signe de suite!
Merci, Sophie, mais la prose de Marie France Versailles est tellement splendide : la comparer à la mienne reste une offense pour elle (sans fausse modestie de ma part, vraiment !). Je te bise (tu es vraiment un chou)
SupprimerChic, il va passer par chez moi (je me suis inscrite aussi au challenge LW à cause de la deuxième M - ou plutôt grâce à -) Je crois me souvenir que Marie-France Versailles écrivait dans le journal d'une association de "défense" des familles en Belgique, et que ses articles étaient très sensibles. Les bons livres inspirent de beaux billets... merci, Philisine !
RépondreSupprimerMerci, Anne : c'est gentil et bienvenue dans la Luce Connection (grâce à M....ine) !
SupprimerCertainement une très belle lecture, mais il n'est pas à la bibliothèque, je viens de vérifier
RépondreSupprimerLa maison d'édition n'est peut-être suffisamment présente dans ta biblio. Pour une future acquisition, peut-être ? On peut l'espérer.
SupprimerTout de même le nom et le prénom ça ne s'invente pas !
RépondreSupprimerOui, très France !
SupprimerTon billet est magnifique, et me donne grande envie de découvrir ce texte (ainsi que cet éditeur, que j'avais déjà repéré chez Minou) ! Bisous.
RépondreSupprimerMerci, Miss Léo et bises.
SupprimerTon avis plus de celui de Maryline, soupirs .. soupirs ... vous êtes horribles les filles !
RépondreSupprimerdémoniaques, tu veux dire !
SupprimerRavie de cette matinée avec toi !
RépondreSupprimerUn tag t'attend !
Et j'ai déjà lu cette auteur, que j'avais beaucoup aimée.
Je vais reprendre le tag (mais peut-être partiellement). Merci pour la conduite et nos échanges (et les petits billets)
SupprimerHa Philisine, j'admire toujours tes billets pàarfaits de concision et qui disent juste ce su'il faut pour tenter ! Vilaine !!! Je l'ai noté et aussi Laurent Mauvignier que je dois découvrir depuis un an, mais on repousse toujours, face à la PAL qui grimpe qui grimpe et finit par bloquer l'entrée !!! Je cois que je vais changer mon sommier et m'en faire un avec tous mes livres lus, ceux que je n'ai pas l'intention de relire de sitôt, ça me permettra d'accumuler encore un peu plus, lol ! Gros bisous tentatrice ! :) (et pardon pour mes fautes mais j'y vois encore trouble) (alors relire est une épreuve ;) ) .............................
RépondreSupprimerJ'admire (je t'admire tout court) ton effort de venir ici en ces temps de vue brouillée : merci, merci, merci pour ta gentillesse. je t'embrasse et te soutiens de tout mon cœur.
SupprimerComme un parfum de Carole Martinez du "Domaine des murmures" alors ? Avec une pointe de Sandor Marai ? de toute façon, trop tard, déjà dans la pile prévue, pas de résistance possible !
RépondreSupprimerPour Carole Martinez, on est proche dans le ressenti mais les deux histoire restent très éloignées. Les deux écritures sont tellement formidables qu'on ne peut pas sacrifier l'une à l'autre. Pour Sandor Marai, je connais pas mais vais tâcher de découvrir ! Bises
SupprimerUne fois encore, tu me tentes. Déjà le titre est intéressant.
RépondreSupprimerJe retiens...
Je pense que tu seras sensible à l'écriture. Bises
SupprimerMerci pour ta participation !
RépondreSupprimerBillet rajouté sur OB.
Coucou Sharon, est-ce que tu préfères que je renvois à l'ancienne adresse du challenge ? Ce n'est pas un problème pour moi, si cela t'arrange. Bises
SupprimerQuel superbe billet ! ton écriture est vraiment belle et là je dois dire que je suis obligée de le noter dans ma wishlist ! non non non je ne vais pas l'acheter ma PAL est énorme à faire peur LOL
RépondreSupprimerbonne soirée ;)
Merci, Laure, et bienvenue : je viens de découvrir ton blog à l'esthétisme prononcé, j'admire vraiment ! Pour ce livre, j'espère que tu auras l'occasion de goûter à la prose de Marie France Versailles. Je t'embrasse.
SupprimerMerci à toi pour ce compliment ;) Je compte bien m'y plonger à un moment ou un autre :)Je t'embrasse et à bientôt
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