Pas simple d'écrire sur la Première Guerre mondiale. Jean Echenoz a essayé récemment avec son 14 qui m'a laissée au bord du chemin. Sous l'insistance de ma copine S. de la médiathèque, j'ai donc découvert le premier roman de Laurent Gaudé, publié en 2001, son fameux Cris narrant cette même période. J'ai failli abandonner (une constante chez moi actuellement) et j'ai repensé à Mademoiselle S., alors j'ai poursuivi: j'ai bien fait !
Polyphonie chorale de voix masculines, Cris décrit la vie dans les tranchées : la boue, la peur, l'insalubrité, l'angoisse d'affronter l'ennemi, la mort, la permission (une respiration indispensable), l'enlisement du conflit. Cette succession de témoignages au départ donne une certaine pesanteur au texte : les personnages se distinguent mal, évoluant les uns à côté des autres sans liant.
Puis l'allégorie de la Mort apparaît au détour du cri effroyable et inoubliable de «l'homme- cochon» et là, le récit bascule : la solidarité s'installe, l'humanité et l'inhumanité (gazage et incendie volontaire) s'affrontent, les hommes se lient ou se pourchassent, la folie rampante progresse et l'étendue de cette Der des ders s'expose : un amoncellement de morts, des choix militaires catastrophiques, des hommes mutilés physiquement et psychiquement, une tuerie sans nom. Le mythe (lié à une ombre ou un esprit) cher à l'auteur prend forme avec cette course-poursuite dans les terrains minés à la finalité létale mais fédère les protagonistes de l'histoire avec un juste équilibre.
Ce que n'a pas réussi Jean Echenoz dans 14, Laurent Gaudé l'a sublimé. Malgré un début balbutiant, ce grand roman (pas par sa taille, à peine 116 pages) mérite le détour. Remarquable.
Éditions Babel
avis : ICB, Liliba , Yohan, Dominique
emprunté à la bibliothèque
et un de plus pour les challenges de La Part Manquante, d'Enna (mot associé au sentiment de la peur) et d'Anne
Puis l'allégorie de la Mort apparaît au détour du cri effroyable et inoubliable de «l'homme- cochon» et là, le récit bascule : la solidarité s'installe, l'humanité et l'inhumanité (gazage et incendie volontaire) s'affrontent, les hommes se lient ou se pourchassent, la folie rampante progresse et l'étendue de cette Der des ders s'expose : un amoncellement de morts, des choix militaires catastrophiques, des hommes mutilés physiquement et psychiquement, une tuerie sans nom. Le mythe (lié à une ombre ou un esprit) cher à l'auteur prend forme avec cette course-poursuite dans les terrains minés à la finalité létale mais fédère les protagonistes de l'histoire avec un juste équilibre.
Ce que n'a pas réussi Jean Echenoz dans 14, Laurent Gaudé l'a sublimé. Malgré un début balbutiant, ce grand roman (pas par sa taille, à peine 116 pages) mérite le détour. Remarquable.
Éditions Babel
avis : ICB, Liliba , Yohan, Dominique
emprunté à la bibliothèque
et un de plus pour les challenges de La Part Manquante, d'Enna (mot associé au sentiment de la peur) et d'Anne
Je suis en train de lire Pour seul cortège (que tu as moins apprécié, je le sais), mais je suis complètement sous le charme (c'est mon premier Gaudé). Je suis donc bien heureuse de savoir que ses autres romans sont considérés meilleurs !
RépondreSupprimerPour seul cortège ne fait pas l'unanimité. Il est possible que ce soit le même cas pour Cris.
SupprimerHeureuse de n'en être qu'à ton premier gaudé. je me suis soulé de tous ses livres...
SupprimerPour certains de ses livres, je n'irai pas jusqu'à l'ivresse...
SupprimerNoté pour mon panier de romans historiques du moment.
RépondreSupprimeravec plaisir.
SupprimerJ'ai encore des Gaudé à lire avant de remonter jusqu'à son premier... Il me faudra de plus l'envie de lire sur la première guerre mondiale. Après "le chemin des âmes", il y a quelques années, je n'en ai pas relu, je crois.
RépondreSupprimerCris est vraiment intéressant et réussi, je trouve.
SupprimerJe l'ai dans ma PAL, il sortira donc un jour ou l'autre....
RépondreSupprimerun jour de grand ménage.
SupprimerMais c'est la coqueluche ! Il est partout sur les blogs !
RépondreSupprimerFaut vraiment que je le lise !!!
J'ai reçu en livre voyageur d'Evalire, un livre de Régis de Sa Moreira... La vie.
Bonne soirée
Très bon envoi, La vie ! Je t'embrasse.
SupprimerIl n'est pas à la bibliothèque mais je le note pour un futur achat
RépondreSupprimercomme tu veux.
SupprimerLu il y a fort longtemps mais je me souviens avoir beaucoup aimé. Pour un premier roman c'était déjà plus que prometteur.
RépondreSupprimeroui, très prometteur.
SupprimerJ'en ai d'autres en sock sur la première guerre mondiale. Un jour, pourquoi pas ?
RépondreSupprimeril est réussi.
SupprimerJ'aime vraiment beaucoup cet auteur mais je ne connais pas ce livre-là.
RépondreSupprimerJe commence à cerner mon Laurent et ce que j'aime chez lui.
SupprimerCelui là je ne l'ai pas lu mais j'irai l'emprunter à la bibliothèque. J'ai envie, aussi, de constituer une collection de romans sur la guerre de 14. J'en ai déjà plusieurs. J'ai bien aimé le livre d'Echenoz.
RépondreSupprimerContrairement à vous, 14 ne m'a pas absolument convaincue (trop d'hermétisme chez moi, sûrement). Cris me paraît plus abouti, plus recherché aussi.
SupprimerPeut être pour un peu plus tard, la guerre 14 c'était les souvenirs de mon grand père, mais comme en ce moment je suis en Irlande avec Sorj Chalandon j'alternerai avec une période sans conflit.
RépondreSupprimerPas de souci, Cris t'attendra.
SupprimerUn livre à noter, donc ! D'autant plus pour moi, que la guerre de quatorze me passionne depuis que j'ai retrouvé les cartes postales que mon grand-père, tout jeune engagé de 17 ans envoyait à sa famille durant toute cette période ! Merci !
RépondreSupprimerj'imagine l'émotion que tu éprouves en découvrant ces cartes et cette époque. Je t'embrasse.
SupprimerCris a été ma première rencontre avec Gaudé, une belle découverte. Je suis resté plus circonspect avec Dans la nuit Mozambique. Du coup, La Porte des Enfers dort sur une étagère...
RépondreSupprimerJe ne connais pas Dans la nuit Mozambique mais te surconseille La Porte des Enfers.
SupprimerPresque un abandon : il faut peut-être que tu changes de période historique, alors.
RépondreSupprimernon, j'étais fatiguée avant ces vacances et j'avais besoin de lectures directement accrocheuses.
SupprimerTiens je n'avais jamais entendu parler de ce livre de Gaudé. Merci pour la découverte donc! bises,
RépondreSupprimerC'est son premier roman, passé peut-être un peu inaperçu malgré ses qualités littéraires.
SupprimerJ'ai découvert l'auteur avec ce titre et je dois dire qu'il m'a marqué. Ce n'est pas le genre de livres qu'on oublie à la minute où on l'a refermé.
RépondreSupprimerBonne fin de semaine.
Oui, c'est vrai : j'ai aimé retrouver la jolie prose de cet auteur, non maniérée et non forcée (contrairement à Pour seul cortège)
SupprimerLe sujet et la période historique ne me tentent pas du tout... Je crois que je vais privilégier les autres livres du même auteur avant celui-ci.
RépondreSupprimercomme tu veux.
SupprimerC'est un ouvrage que j'ai beaucoup aimé, et qui reste un de mes préférés de Gaudé. Il arrive à traiter de façon nouvelle et originale d'un sujet déjà très souvent vu en littérature, en y ajoutant une dimension fantastique et presque mythologique.
RépondreSupprimerUne très belle réussite !
oui, je te suis les yeux fermés.
SupprimerEt bien dans ma bibliothèque il n'y est pas je parle au boulot !! Je vais le mettre dans ma commande et le lire, j'aime bien Laurent Gaudé.
RépondreSupprimerje n'aime pas tout de lui et deviens très exigeante mais Cris est réussi.
SupprimerGaudé, j'y vais tjs à reculons, va savoir pourquoi?! Mais tu me convaincs!
RépondreSupprimerJe pensais que tu serais sensible à son écriture : un jour peut-être !
SupprimerLe seul roman de Laurent Gaudé qui ne soit pas encore passé entre mes mains !!! J'avais l'impression qu'il s'agissait surtout d'une succession de courts récits mais tu me rassures, il s'agit bien d'un roman ... alors c'est vendu !!!
RépondreSupprimerC'est en effet une succession de témoignages de personnages récurrents : le récit s'effectue à voix multiples et variées.
SupprimerSublime, tu veux dire ! Ce petit roman est une merveille ! Mais pas facile à lire tant il prend aux tripes !
RépondreSupprimerLe début m'a vraiment bloquée, j'arrivais à saturation. Intéressant pour moi, sublime pour toi.
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