Et rester vivant - Jean-Philippe Blondel ***

Cela fait un temps certain que je n'aie lu Jean-Philippe. Et il a fallu une chouette rencontre avec Une Comète pour une nouvelle prise de contact. Je sais maintenant pourquoi je pris mes distances avec cet auteur.
Et rester vivant : tel semble le leitmotiv quand tout part en quenouille autour de vous au détour d'un banal accident de voiture ou d'un triangle amoureux Samuel-Laure-itou en perpétuel déséquilibre. Heureusement, viennent à la rescousse Lloyd Cole, Rich et Morro Bay. En avant le road movie !

J'aurais pu adorer ce livre et pourtant je suis restée sur la touche, en bordure d'autoroute (c'est ballot pour un road-reading, non ?)
Pourquoi ? Tout simplement parce que j'ai eu le sentiment de relire un même scénario : ici, une pincée de Juke-Box (avec l'instantané musical d'un souvenir), là une reformulation de Passage du gué (l'état de survie physique et psychique face à un deuil insurmontable, l'exploration du trio amoureux ambigu) et au final peu d'empathie à l'égard des personnages (deviendrais-je totalement insensible ?). Jean-Philippe Blondel ne tombe jamais dans le larmoyant ni la facilité, raconte le quotidien et les anecdotes qui centrent le héros dans le réel, le relèvent d'une certaine façon. C'est suffisant pour rendre son récit digeste et toucher une audience large. J'en demande toujours plus !

Cette œuvre est autobiographique (ce que j'ai découvert après ma lecture) et je comprends la pudeur de l'auteur à ne pas trop en dire et ne pas tout révéler. Je regrette juste qu'il n'ait pas lié ses personnages dans une fiction, qu'il ait juste raccroché des phrases (écorchées, souvent belles) à des situations (souvent plates) sans harmonie littéraire. Il est vrai que Jean-Philippe Blondel ne s'est pas donné la tâche facile, sa problématique étant « comment expliquer le vide ? ». Il s'est donc trouvé face à un mur. Nombreux furent les lecteurs à considérer ce obstacle franchi avec brio et excellence. Je considère que l'auteur a atteint le sommet mais n'a pas su en descendre pour la simple raison qu'il lui fallait à nouveau s'oublier et basculer dans l'abîme. Trop violent.

Bref, je reconnais l'énorme difficulté à rédiger une autofiction à l'affect si lourd et conçois que Delphine de Vigan avec Rien ne s'oppose à la nuit  a parfaitement maîtrisé l'exercice, en raison d'une situation propre qui me semble plus « légère ». C'est dire.
Éditions Pocket 


avis : Clara, Asphodèle, Sylire, Agathe, Cathulu ...

mille mercis à ma Comète préférée pour ce cadeau !

et un de plus pour les challenges de Philippe (Infinitif), de Sharon, de La Part Manquante,


40 commentaires:

  1. On rencontre pas mal J-Ph Blondel. J'en ai lu un il y a bien longtemps qui ne m'a pas vraiment plu et je n'ai plus renouveler l'expérience.
    D'après ce que tu en dis, je ne dois pas continuer avec celui-ci.
    Merci pour cette participation et bonne journée.

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    1. Oui je suis d'accord : son style très accessible nous plonge directement dans l'histoire. Je l'ai trouvée intéressante mais j'aurais aimé des personnages plus fouillés, ici on ne fait que les survoler.

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  2. Il y a plusieurs façon d'exprimer ce que l'on ressent et heureusement car sinon on lirait toujours le même livre. Il est vrai que les livres de D De Vigan et JP Blondel sont très différents. J'ai aimé les deux, différemment. Leur histoire n'est pas la même (je n'avais d'ailleurs pas fait le rapprochement entre les deux).

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    1. Ces deux livres parlent de la famille, la leur en axant l'histoire sur un élément central(la mère chez de Vigan, le fils chez Blondel). Mais cet exercice était d'autant plus difficile pour Blondel, le personnage en question étant lui-même. De Vigan a eu cette chance (si je peux m'exprimer ainsi) d'avoir ce recul "physique-physiologique". Son traitement en a été facilité.

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  3. Déjà que je n'ai pas aimé le De Vigan, je passe donc (même si je trouve Blondel nettement plus sympathique que De Vigan).

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    1. Dis donc, après ton com, je découvre que Madame de Vigan ne vous a pas laissé de grands souvenirs sympathiques (aurait-elle pris la grosse tête ?). En tout cas, l'histoire que propose Blondel est assez différente et surtout il ne s'attache pas à raconter ses états d'âme d'écrivain (une pudeur que j'ai apprécié)

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  4. Après deux essais, je ne suis pas fan de l'univers de Philippe Blondel, bien que plus sympa que De Vigan... Je ne lirai donc pas celui-ci.

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    1. toi aussi : Delphine, si vous me lisez, il vaut être plus sympa avec votre lectorat (allez, deux ou trois sourires ne sont jamais de trop !). As-tu essayé Un minuscule inventaire ? un vrai bonheur pour moi. Son premier (Accès direct à la plage) que j'ai adoré na fait pas l'unanimité dans la blogo.

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  5. Je ne savais pas qu'il était sorti en poche. Le roman est dans ma LAL depuis sa parution et sa présentation à La Grande Librairie. Ton billet me refrène un peu, d'autant que je n'ai encore rien lu de cet auteur. Mais je pense que je tenterai quand même, pour me faire une idée, à l'occasion. Bonne journée Philisine. ;)

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    1. Si tu n'as rien lu de lui, alors tu aimeras ce roman. La comparaison avec les deux romans cités dans ma réponse à Kathel lui a été fatal. J'ai lu aussi d'autres livres de lui (pas tous mais une bonne partie).

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  6. Bon... si même Rien ne s'oppose à la nuit est plus léger... alors là je passe mon tour (bah oui, en ce moment un rien m'émeut, il me faut de la légèreté. Voire du Harlequin, ahahahah!!!) ;-)

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    1. Non, il n'est pas plus léger, c'est la situation émotionnelle qui l'est plus car ce qu'a vécu Blondel est horrible : pour moi, c'est l’effondrement.

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  7. Toujours pas lu cet auteur. Mais je ne crois pas que c'est avec ce titre-là que je vais commencer...

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  8. Titre noté depuis un moment. J'ai hâte de le découvrir.

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    1. si tu veux que je te l'envoie, ce sera avec plaisir.

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  9. Bon ben je l'ai dans ma PAL alors je verrai quand je le lirai ;) J'espère l'apprécier plus que toi :)
    bisous Phili ;) et belle soirée à toi !

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    1. Bisous, Laure et je guette ton avis, alors ! (c'est le cas de le dire... assure-moi qu'on ne t'a jamais fait cette grosse blague ?)

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    2. Je te garantis que tu es la première ! ^^ ;)

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    3. et tu as apprécié, n'est-ce-pas ?

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    4. Oui et j'en rigole encore d'ailleurs :D

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    5. tant mieux : cela m'a pris une demi-seconde pour la trouver !

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    6. ah bon si peu ? mince je suis déçue là... :D

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    7. J'ai été élevée par un papa qui est le plus fortiche de la Terre à ce niveau-là. Résultat, il dégote une blague foireuse à la seconde, je vais moins vite que lui mais m'améliore (au grand désespoir de... tout le monde). Si répondre aux tags pouvait nécessiter aussi peu de temps, je serais ravie !

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  10. Ah, je n'ai jamais eu envie de le lire, va savoir pourquoi !

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    1. parce que c'est un garçon ? ... Je blague, Anis, je suis en grande forme ce matin !

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    1. un peu mais pas tant que cela : le sujet était très difficile à maîtriser, je comprends qu'il n'y soit pas arrivé jusqu'au bout. J'ai déroulé l'histoire sans difficulté.

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  12. je n'ai jamais été attirée par l'autofiction, donc, je passe mon tour

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  13. C'est effectivement le souci que j'ai avec JP Blondel, l'écriture est plaisante, l'histoire intéressante mais il ne va jamais dans les profondeurs, c'est probablement pour cette raison que j'oublie très vite ses romans !

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  14. j'avais lu Le baby-sitter, rien d'extraordinaire, en tout cas pas assez pour que j'aie envie de revenir à cet auteur...

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    1. Tu devrais essayer Un minuscule inventaire. Je suis sûre qu'il te plairait plus.

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  15. Oh, quel dommage, moi je l'avais adoré ! J'avais beaucoup apprécié cette grande pudeur dans le traitement justement (bien que j'avais aussi aimé le Delphine de Vigan). Mais c'est le premier livre que j'ai lu de lui. Je n'aurais peut-être pas le même regard au deuxième ou troisième !

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    1. Son histoire est intéressante mais pas assez profonde. Mais je ne lui jette pas la pierre car il s'attaquait à un morceau vraiment difficile, oserais-je dire impossible .

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  16. Oh zut, c'est dommage... je ferai mieux la prochaine fois ! :))

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    1. non, c'était un vrai bon choix et surtout d'une très grande générosité. Ce cadeau m'a fait très plaisir.

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  17. Je ne sais pas si j'arriverai à lire une telle histoire. A voir, mais pas tout de suite en tout cas.

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    1. Je pense que tu es capable mais c'est vrai qu'il est bon de choisir son moment.

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