J'ai eu l'énorme chance de découvrir Elyzad à l'occasion de l'opération Deux éditeurs se livrent sur Libfly.com. Catalogue motivant, des auteurs précieux dont Yamen Manai (ma découverte francophone 2012 ici et là), une maison d'éditions qui tente d'élargir la littérature à tous et à toutes en Tunisie. Quand s'est présentée La voie des indés 2013 , je n'ai pas hésité à découvrir d'autres pépites et surtout à en profiter pour suivre Djilali Bencheikh dont les yeux bleus m'avaient touchée. Résultat : je suis un peu moins enthousiaste mais je ne regrette aucunement ces lectures, au contraire !
En 2010, Théo Ananissoh fut convié à séjourner quatre mois à Moisant en Touraine. Cette résidence d'écrivain lui a permis de côtoyer les édiles locaux, d'approcher l'accueil chaleureux que lui ont réservé la plupart des villageois, excepté l'inquiétant Louis Ribassin, dont la carrière africaine sentit le soufre et ne fut guère reluisante humainement parlant. En est sortie, L'invitation ***, recueil de portraits pittoresques de cette France rurale, encore attachée aux liens physiques qu'offrent un souper, une conversation ou une promenade. Théo Ananissoh, natif de Centrafrique, évite les comparaisons entre civilisations (ce sont plutôt ses interlocuteurs qui les lui suggèrent), use de descriptions de ces lieux de vie discrets que représentent le presbytère, le café du coin, les alentours de Moisant et relate des faits sans engager d'interprétations ni dégager d'émotions. Cette démarche sociologique d'un village français s'inscrit dans le recul que s'impose l'auteur et a généré chez moi une certaine indifférence. Malgré tout, la prose de Théo Ananissoh, agréable à lire, mérite vraiment le détour.
Précédant Tes yeux bleus occupent mon esprit mais publié après, Mon frère-ennemi *** dévoile la petite enfance de Salim : le petit garçon navigue à vue parmi une fratrie nombreuse où les aînés quittent le foyer lors d'un mariage arrangé (pour les femmes) ou d'un premier poste (pour les hommes). Enfant impressionné et impressionnable du fait de son jeune âge (cinq ans), tout est prétexte à la découverte ou à la rêverie: l'école française (la culture des colons avec langue officielle imposée), l'achat sous le manteau de journaux indépendantistes, les rituels religieux (l'inquiétante tahara aux instruments chirurgicaux moyennement stérilisés, la nuit de noces et les youyous assourdissants etc) et enfin, l'éveil des sens (sentiment amoureux avec Maya, scènes plus charnelles avec R'nia). Djilali Bencheikh décrit cette Algérie coloniale pleine de contradictions où une famille au patriarche toujours apprêté souffre de la faim, où les baisers sont réservés à l'intimité d'une chambre à coucher, où l'instruction scolaire revoit à un autre enfermement (négation de l'idiome local, nouveaux rituels aboyés sans explications), où parler politique se traite discrètement : un monde non-dits et faux semblants, rejetant les défaillances comme les déviances alcooliques. Mon frère-ennemi décrit ce qui fut, ce qui ne pouvait pas rester tel quel. Si je considère ce récit intéressant et éclairant sur les coutumes algériennes (parallèle entre la vie au douar et la citadine, relations complexes entre hommes et femmes en particulier, passé historique et relations avec la France), je le juge trop décousu. Je regrette le choix de l'auteur de n'avoir pas su tisser une intrigue sur la petite enfance de Salim (comme il avait si bien procédé dans Tes yeux bleus...). Cela aboutit à une succession de scènes indépendants les unes et des autres et surtout à une intrigue hachée menue, malgré une prose toujours aussi nourrie. Jusqu'au choix du titre, hasardeux tant il se démarque du contenu : peu de références à l'animosité entre Elgoum et le narrateur (exceptés les déjeuners pris dans un garage avec les figues à se partager). Pourtant tout y était pour la fondation d'un excellent roman. Décevant.
avis : Zazy
Livres reçus et lus dans le cadre de La voie des Indés 2013 organisée par Libfly en partenariat avec les éditions Elyzad dont j'apprécie la qualité de la pagination et les premières de couverture toujours recherchées.
et un de plus pour les challenges de Denis et Fabienne, de Sharon (pour Mon frère-ennemi)
J'ai découvert également cette maison d'édition dans le cadre de la voie des Indès. Mon billet mardi. Une découverte intéressante pour moi aussi !
RépondreSupprimerJ'ai vu et lu ton billet : Elyzad mérite la découverte, vraiment. Bises
Supprimerles couvertures sont très jolies et je ne doute pas de la qualité de cette maison mais là, présentement, les deux livres ne me tentent pas ! :( Il faut dire que j'en ai sous le coude et des tentants, on verra après ! Bonne soirée Phili♥
RépondreSupprimerIl y a tant à dire sur cette maison d'éditions. je pense que je vais faire un petit récapitulatif. Bisous
SupprimerMerci pour ta participation.
RépondreSupprimerJ'ai bien ajouté le lien, il fonctionne, mais il apparaît d'une drôle de manière sur le récap' J'essaie d'arranger les choses.
Tu as super bien arrangé les choses. Bises
SupprimerUne maison d'édition à découvrir.
RépondreSupprimerexactement : discrète et qui mérite la lumière !
Supprimertrès intéressant cet article et envie de découvrir ces auteurs francophones
RépondreSupprimercette maison est riche des découvertes qu'elle fait.
SupprimerTrès belle maison d'édition. Je n'ai jamais été déçue par les titre proposés. Je vais commander Tes yeux bleus que je n'ai pas encore lu
RépondreSupprimerTu as bien fait : c'est un très bon roman. Bisous
SupprimerJ'ai "l'invitation" dans ma PAL, acheté après une rencontre avec l'auteur.
RépondreSupprimerJ'aurais aimé le rencontrer pour parler avec lui, voir comme il agit en société (il semble si discret).
SupprimerA découvrir alors!
RépondreSupprimeroui, chèfe !
SupprimerUne maison d'édition que je ne connais pas, je note!
RépondreSupprimerbien, bien : si tu es intéressée par un de souvrages que je possède, n'hésite pas à me le faire savoir.
SupprimerL'invitation me tente énormément...j'adore ce type de regards....
RépondreSupprimerC'est un livre intéressant, j'ai apprécié cette lecture malgré mes bémols.
SupprimerMon amri et les enfants sont allés voir Gravity et leurs avis divergent. Mon ado de fils n'a pas aimé.
RépondreSupprimerFlûte, alors !!! Comment est-ce possible ?
SupprimerJe ne connais pas cet cette maison d'édition... Il faut dire que par ici, le choix est restreint. Je regarderai cela lors d'une de mes journées "à la ville", Aix en Provence, en l'occurence. Grand, grand plaisir !
RépondreSupprimerElle est installée en Tunisie et essaie par les partenariat avec Actes Sud de se faire plus connaître en France.
SupprimerUn éditeur de qualité, mais que je lis peu, et c'set bien bête !
RépondreSupprimernon, c'est juste qu'on manque de temps et qu'il n'est pas forcément autant diffusé en librairies.
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