Cet avis aurait dû faire suite à celui de Valérie ici, mais voilà dix-sept personnes sont mortes, plus de quatre millions de personnes dans les rues françaises, les derniers hommages avant-hier, hier et aujourd'hui : mon cœur a exigé un arrêt momentané, un repli pour accepter et digérer cette immense tristesse qui m'a étreinte ces jours derniers. Alors d'avance, merci à toi, Valérie, d'avoir attendu, merci à vous tous d'être passés ici ou ailleurs, d'avoir exprimé si bien votre désarroi et cette absence maintenant qu'il va nous falloir gérer. So let's go !
Dans le Suspend, tribu perchée dans les arbres à dix mètres de hauteur, une jeune adolescence, Ismène, découvre la puberté et son attirance pour Polynice. Mais Hémon, adversaire de ce dernier, veille jalousement au grain, paré à toute éventualité de rapprochement. Exceptés les chasseurs (dont Polynice et Hémon), personne n'a le droit de descendre sous peine d'affronter (et de perdre face à) la terrible ogresse carnivore Anne Dersbrabvik. Suite à une disparition injustifiée, un conflit de leadership et par souci de survie, Ismène va s'échapper de cet endroit plutôt clos !
Aussi surprenant que cela puisse vous paraître (surtout si vous avez attentivement lu la chronique de Valérie), j'ai apprécié cette lecture plutôt facile mais plus profonde qu'il n'y parait. Certes la prose avancée par Etienne Guéreau, employant des mots simples et accessibles, est totalement justifiée parce qu'il fait parler des adolescences ou des adultes dont l'oral n'est plus enrichi par l'écrit depuis plusieurs générations (oui, une culture sans livres s'appauvrit définitivement et se meurt. D'ailleurs l'absence de vocabulaire induit une mauvaise communication ou une déformation des mots entendus). Et je comprends parfaitement les arguments avancés par Valérie, classant ce roman en jeunesse. Pourtant, par bien des égards, il offre aussi une optique intéressante et intelligente.
Premier écueil qu'a évité Etienne Guéreau : la comparaison avec l’œuvre Antigone de Sophocle (qui lui aurait été de toute façon défavorable). C'est astucieusement qu'il use de la pièce de théâtre en la ramenant à une sorte de bottin des prénoms du clan. Mais il n'oublie pas l'aspect politique et la force entre les personnages en redistribuant les rôles : la frondeuse Antigone laisse la place à la courageuse Ismène, le fiancé Hémon devient un Créon jeune en puissance etc. Maîtrisant l’œuvre classique sur le bout des doigts, Étienne gère !
Second écueil qu'a évité Etienne Guéreau : un récit trop lisse.
Je l'attendais sur la logique des arguments, la justification de la situation actuelle de ce groupe d'humains dont l'ancien Claude semble connaître les origines. D'ailleurs, l'époque dans laquelle évoluent les personnages n'est pas clairement donnée au départ et fait partie des surprises. Là où je fus agréablement surprise, fut lors du traitement de la vie en groupe en milieu clos et l'importance des rituels et croyances, qui au départ servent à protéger et à rassurer, et au final embrigadent et sclérosent. En ces temps actuels, cette lecture me paraît salvatrice. La fin m'a un peu déconcertée (même si je comprends la réaction de la personne qui sait) et j'aimerais à l'occasion en discuter avec l'auteur (un jour peut-être).
En résumé : Le Clan suspendu vaut largement le coup d'oeil pour son fond plutôt profond !
Editions Denoël
Rentrée littéraire septembre 2014
autres avis : Valérie (of course), Miss Bouquinaix, Jostein, Leil, Ramettes,
Mon exemplaire voyage : n'hésitez pas à me solliciter par courriel pour le recevoir.
et un de plus pour le challenge de Daniel
Dans le Suspend, tribu perchée dans les arbres à dix mètres de hauteur, une jeune adolescence, Ismène, découvre la puberté et son attirance pour Polynice. Mais Hémon, adversaire de ce dernier, veille jalousement au grain, paré à toute éventualité de rapprochement. Exceptés les chasseurs (dont Polynice et Hémon), personne n'a le droit de descendre sous peine d'affronter (et de perdre face à) la terrible ogresse carnivore Anne Dersbrabvik. Suite à une disparition injustifiée, un conflit de leadership et par souci de survie, Ismène va s'échapper de cet endroit plutôt clos !
Aussi surprenant que cela puisse vous paraître (surtout si vous avez attentivement lu la chronique de Valérie), j'ai apprécié cette lecture plutôt facile mais plus profonde qu'il n'y parait. Certes la prose avancée par Etienne Guéreau, employant des mots simples et accessibles, est totalement justifiée parce qu'il fait parler des adolescences ou des adultes dont l'oral n'est plus enrichi par l'écrit depuis plusieurs générations (oui, une culture sans livres s'appauvrit définitivement et se meurt. D'ailleurs l'absence de vocabulaire induit une mauvaise communication ou une déformation des mots entendus). Et je comprends parfaitement les arguments avancés par Valérie, classant ce roman en jeunesse. Pourtant, par bien des égards, il offre aussi une optique intéressante et intelligente.
Premier écueil qu'a évité Etienne Guéreau : la comparaison avec l’œuvre Antigone de Sophocle (qui lui aurait été de toute façon défavorable). C'est astucieusement qu'il use de la pièce de théâtre en la ramenant à une sorte de bottin des prénoms du clan. Mais il n'oublie pas l'aspect politique et la force entre les personnages en redistribuant les rôles : la frondeuse Antigone laisse la place à la courageuse Ismène, le fiancé Hémon devient un Créon jeune en puissance etc. Maîtrisant l’œuvre classique sur le bout des doigts, Étienne gère !
Second écueil qu'a évité Etienne Guéreau : un récit trop lisse.
Je l'attendais sur la logique des arguments, la justification de la situation actuelle de ce groupe d'humains dont l'ancien Claude semble connaître les origines. D'ailleurs, l'époque dans laquelle évoluent les personnages n'est pas clairement donnée au départ et fait partie des surprises. Là où je fus agréablement surprise, fut lors du traitement de la vie en groupe en milieu clos et l'importance des rituels et croyances, qui au départ servent à protéger et à rassurer, et au final embrigadent et sclérosent. En ces temps actuels, cette lecture me paraît salvatrice. La fin m'a un peu déconcertée (même si je comprends la réaction de la personne qui sait) et j'aimerais à l'occasion en discuter avec l'auteur (un jour peut-être).
En résumé : Le Clan suspendu vaut largement le coup d'oeil pour son fond plutôt profond !
Editions Denoël
Rentrée littéraire septembre 2014
autres avis : Valérie (of course), Miss Bouquinaix, Jostein, Leil, Ramettes,
Mon exemplaire voyage : n'hésitez pas à me solliciter par courriel pour le recevoir.
et un de plus pour le challenge de Daniel
Etrange lecture. J'ai lu ton billet 2 fois et je ne sais toujours pas à quoi m'en tenir. Je me fais un mélange avec Antigone et Avatar... oui, les arbres !!!
RépondreSupprimerTu rigoles, Miss Phili ?
Non, on est assez loin de la problématique environnementale d'Avatar (quoique à bien y réfléchir...). C'est un roman étrange, inclassable, qui mérite le détour (pas pour l'écriture mais pour le contenu et les réflexions qu'il génère). J'ai envie de le défendre malgré ses menus défauts, parce qu'il a éveillé chez moi un questionnement. Et ça, c'est une énorme qualité !
Supprimerdans mes pourquoi pas alors!
RépondreSupprimeret pourquoi pas donc !!!! Bisous et merci de ta confiance.
Supprimer. Malgré le drame vécu, le pouvoir des mots reste notre arme face à l"obscurantisme. Tout comme toi un vide immense m"a saisie. Mais c"est toujours un plaisir de te lire :-)
RépondreSupprimerMerci beaucoup pour tes mots. Je t'embrasse fort.
SupprimerJe suis contente de ton retour et de voir que ce roman t'a plu parce que rien ne vaut un billet enthousiaste pour repartir. Je comprends qu'il puisse plaire, d'ailleurs je l'ai lu parce que c'était le coup de coeur d'une copine.
RépondreSupprimerJe n'irai pas jusqu'au coup de cœur mais j'ai apprécié cette lecture. Bisous
SupprimerMerci pour ce partage et pour cette participation au Défi Premier roman! Voilà un titre intéressant, dont je n'ai pas du tout entendu parler ailleurs. Peut-être?...
RépondreSupprimersi tu veux le lire, il voyage : la Suisse lui conviendra !
SupprimerJe pense que je prendrai le temps de le lire, tu es sur la même ligne que Mathilde, notre copine jurée qui l'avait beaucoup aimé, j'ai le sentiment qu'il peut me plaire celui-là (surtout après ta précision "il ne tombe pas dans le lisse", car c'est exactement ce que je n'aime pas dans la littérature légère).
RépondreSupprimerdes bises
même remarque : je peux te l'envoyer si tu veux. Bisous
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