Un couple se sépare, faisant partie de la première grosse vague des divorces français (années 1980). Entre les deux ex-époux, deux enfants tiraillés servent de monnaie d'échange pour une paix en surface.
Rien n'est simple dans Que nos vies aient l'air d'un film parfait : alternant les témoignages de trois membres de la famille (le père qui part, la mère quittée et dépressive, la sœur coupable d'un mensonge mais irresponsable de cette décision), Carole Fives décline ce que fut un divorce dans une famille bourgeoise, sous l'avènement de François Mitterrand : un trauma social, une brisure.
Deux époux se quittent, se déchirent sur la garde des enfants, jouent un équilibre brutal (le fils avec la mère, la fille avec le père : elle lui ressemble tant !) en usant de chantage affectif. Comment se construire affectivement après cela ? Comment se construire tout court, d'ailleurs ?
Dix-sept ans de procédure (plus que d'années de mariage), des enfants « transmis » sur le bord d'une autoroute ou sur le quai d'une gare, l'épreuve de la culpabilité (d'avoir laissé le petit dernier à une mère fragile, de ne pas avoir assez communiqué, de ne plus se voir suffisamment, de ne pas partager ces moments du quotidien si formateurs de connivence, de se quitter à nouveau au retour de vacances), etc.
Avec une écriture très orale (parfaitement adaptée au peu de pages : plus rendrait la lecture fastidieuse et lassante), Carole Fives dépeint cette France des années 1980 qui découvre les familles recomposées, tellement habituée à ces couples malheureux et aigris qui restent ensemble « pour les enfants ».
Par mon histoire familiale, j'ai été confrontée au divorce d'un oncle et d'une tante lors de ces années-là et je confirme le séisme provoqué par cette séparation contre nature (dans ma famille conservatrice -des deux côtés, eh oui, mauvaise pioche !-, on ne rompt pas, on serre les dents et on reste, quoiqu'il en coûte, même à en crever ou à y perdre son âme : je remercie d'ailleurs mon oncle d'avoir essuyé les plâtres, je regrette toutes les horreurs qui furent dites, tout ce désamour et reconnais que, depuis, le clan s'est plutôt bien « adapté » à ce changement sociétal). A l'époque, jeune adolescente, sentant que beaucoup d'éléments m'échappaient, je m'étais tournée vers un roman jeunesse que vous avez peut-être eu l'occasion de lire : Ce jeudi d'octobre de Anna-Greta Winberg, très délicat et portant un autre regard sur la question, m'avait alors aidée ! En épluchant Que nos vies aient l'air d'un film parfait, j'ai eu l'impression de revenir à mes douze ans et à ce questionnement.
En finissant Que nos vies aient l'air d'un film parfait, je me suis dit que l'enfant qui a le plus morflé n'est pas celui qu'on croit, que parfois, avec un entourage aimant (autre que parental) on arrive à dépasser la douleur, à se construire via d'autres repères, à réussir à être un adulte autonome et concerné, plus en recul sur le ex-couple parental et son modus operandi immonde. Bref, l'espoir est là, même fragile !
Éditions Le Passage (110 pages consacrées au texte)
avis : Anne, Argali, Cathulu, Clara, Métaphore, MissAlfie, Daniel, Titou,
emprunté à la biblio (lu dans le cadre du prochain comité de lecture)
et un de plus pour les challenges de Philippe (météo avec « air »), de Piplo (avec « un ») et de Daniel
Une lecture qui en rappelle une autre, j'aime bien ces associations.
RépondreSupprimerc'est étonnant comme le roman de Carole Fives a fait écho à une période de ma vie. BIses
SupprimerMerci pour ce beau billet tu es décidément géniale !
RépondreSupprimermerci, tu es trop chou ! bisous
SupprimerOn peut le lire sans se précipiter dessus...
RépondreSupprimeril est très sympa et agréable.
SupprimerTentant, tu en parles si bien
RépondreSupprimertu es adorable, bisous
SupprimerEn matière de "plâtre", c'est mon arrière-grand-mère qui les a essuyé... en 1933. Puis ma tante, au milieu des années 50. Leurs messages ? Rester et être malheureuses, et faire des enfants malheureux ? Non !
RépondreSupprimerexact : non de chez non !
SupprimerC'est la mode les années 80, je viens de finir Baïnes de France Cavalié qui se passe à cette époque et traite d'un lourd sujet, j'en parle bientôt ! Bravo pour ces deux billets qui font écho...
RépondreSupprimeren fait, il n'y a qu'un seul billet et une référence à un autre livre, qui est venue naturellement. Bisous
SupprimerMerci pour le lien. Carole Fives vient au Bateau-Livre jeudi prochain, j'aimerais au moins commencer son nouveau roman et aller à la rencontre, je verrai si je ne suis pas trop naze après mon long jeudi de cours.
RépondreSupprimerJ'imagine que le rendez-vous a été passionnant. Bises
SupprimerJe n'ai pas encore lu cette auteure, je sens qu'il va falloir que je le fasse :-)
RépondreSupprimerelle écrit de façon très dialoguée, enfin du moins ici. Bises
SupprimerPourquoi pas ? Mais je suis beaucoup plus tentée par C'est dimanche et je n'y suis pour rien.... Bises pour le troisième fois aujourd'hui ;-) ça me fait plaisir que tu reviennes ;-)
RépondreSupprimertu es vraiment un amour. Je reviens et je lis beaucoup. Bisous
Supprimerde la part de Philippe :
RépondreSupprimer"Toujours pas de possibilité de laisser un com chez toi.
Je voulais te dire que le titre de ce livre m\'a fait immédiatement penser à une chanson de Lio.
Merci pour cette participation à mon challenge et bonne semaine. "
tu as raison, Philippe : le titre vient de la chanson Amoureux solitaires de Lio. Bisous (en espérant que la semaine prochaine tu pourras poster chez moi !).
SupprimerJ'ai déjà lu cette auteure et même si le sujet me tente moyennement, je me laisserais bien tenter !
RépondreSupprimerje pense que sa prose devrait te convenir. Bisous
SupprimerJe l'avais lu dès sa sortie, j'en garde un beau souvenir. Beaucoup de délicatesse et de sensibilité pour un sujet qui pourtant remue beaucoup de maux. Je viens d'acheter le nouveau roman de Carole Fives "C'est dimanche et je n'y suis pour rien".
RépondreSupprimerje vais donc découvrir ton prochain avis dessus ! Bisous
SupprimerMerci pour cette participation, que je viens de relayer! C'est un fort beau roman, en effet - je te recommande aussi son recueil de nouvelles "Quand nous serons heureux", et m'apprête à lire son deuxième roman, "C'est dimanche et je n'y suis pour rien". Je m'en réjouis!
RépondreSupprimervous devriez faire une LC sur C'est dimanche car vous êtes nombreux à vous l'être procurés.
SupprimerLe divorce laisse toujours des traces du positif et du négatif pour le couple comme pour les enfants, mais la vie est ainsi faite et il faut avant tout laisser parler son cœur et éloigner la haine dévastatrice.
RépondreSupprimerexactement : bizarrement mon oncle et ma tante ont raté leur après-divorce mais leurs enfants communs ont réussi leur vie affective.
SupprimerC'est drôle que tu évoques "ce jeudi d'octobre" ! Enfant de divorcés dans les années 70, à l'époque où c'était rare, j'avais aussi trouvé beaucoup de réconfort dans ce livre...
RépondreSupprimerje crois qu'il a été plébiscité par les bibliothèques des collèges. Je l'ai lu par cet intermédiaire. Bises
Supprimerbonjour,
RépondreSupprimerun livre lu il y a deja longtemps mais qui m'avait touché !
http://lireetrelire.blogspot.fr/2012/11/que-nos-vies-aient-lair-dun-film.html
merci pour ton passage et pour le lien : je l'ai rajouté. Bisous
Supprimeroh merci à vous!!!!!!!!!!!!!!!!!!
SupprimerDe Carole Fives, j'ai beaucoup aimé Modèle vivant (un roman pour ado). Elle a une sensibilité qui me touche.
RépondreSupprimerJe pense que je vais aussi guetter ce qu'elle écrit en littérature jeunesse : elle a en effet une vraie sensibilité.
SupprimerJe l'avais lu à sa sortie... et je n'en ai jamais parlé... Curieux... Cela dit je dois avouer qu'il ne m'en reste pas grand chose aujourd'hui...!
RépondreSupprimerpas grave : cela arrive. Ce livre a eu un grand retentissement en moi parce qu'il m'a ramenée dans mon passé familial. Bisous
SupprimerMerci pour ce billet Philisine!
RépondreSupprimermerci à toi d'être là ! Bisous
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