Aujourd'hui est un jour belge : c'est le dernier du mois thématique proposé par Anne et Mina. Et ce livre de Tom Lanoye m'a été conseillé par Laeti et entre dans le cadre de la contrainte (cosmos) de Philippe. Bref, avec l'auteur flamand et ces quatre blogocopains wallons, il était évident qu'avril allait finir en beauté. Et ça tombe bien, Tombé du ciel est un récit bien écrit, particulièrement réussi.
Quel est le point commun entre un avion russe sans pilote qui viole le territoire aérien du bloc de l'Ouest et une épouse qui apprend l'infidélité de son homme ? Une chute spectaculaire, terrifiante et de toute beauté.
C'est l'histoire vraie d'un MiG-23 qui s'est écrasé le jour de la fête de l'indépendance américaine, le 4 juillet 1989 près de Courtrai, en Belgique. Cet incident diplomatique (puisqu'en temps de guerre froide, les deux blocs tenaient farouchement à leurs positions géographiques) aurait pu avoir des répercussions fâcheuses. Mais heureusement, il n'y avait pas de pilote dans l'avion (sinon, on aurait pu penser à un attentat ciblé) et l'URSS était alors dirigée par l'homme d'état le plus courageux et le plus ouvert qu'elle ait connu, un immense réformateur qui avec talent et pugnacité a lancé sa perestroïka et a permis la chute du Mur berlinois, l'émancipation des pays baltes etc. Monsieur Mickaël Gorbatchev, prix Nobel de la Paix 1990, nous manque beaucoup. Du coup, le bloc de l'Ouest a bien agi, en n'intervenant pas ! [ Personnellement, j'aurais préféré qu'ils détruisent cette arme volante qui a tué en atterrissant, même si je comprends le geste diplomatique ]
Bref, les hautes autorités militaires en poste en Belgique ont certainement halluciné en voyant évoluer cet objet volant sans cockpit et sans pilote, ont douté un temps de sa dangerosité avant de comprendre l'erreur technique de l'appareil (un moteur qui fait un arrêt cardiaque en plein vol puis s'automasse et ressuscite : cela n'arrive pas souvent ! D'où la réaction salvatrice du pilote de quitter un truc qui ne fonctionne pas terrible).
Alors, que vient faire Vera dans cette galère ? Elle-même se le demande. On ne peut pas dire que cette journée du 4 juillet 1989 ait bien commencé pour elle. Elle apprend par voie téléphonique que son mari court après/ course la jupe d'une étudiante (Carla). À peine remise de trois verres de whisky, elle a le droit à une visité hospitalière particulièrement corrosive. Mais Vera semble de nature tenace et ne lâchera pas l'affaire. À moins que la dernière scène l'achève totalement, ce qui serait parfaitement compréhensible.
Tom Lanoye nous fait vivre cette journée en temps réel, en orchestrant une intrigue dessus, en faisant intervenir les militaires, le pilote Andréi un peu fâché contre lui-même qui n'ose plus rentrer à sa base, les civils (la famille de Vera et les journalistes qui se tâtent à relayer/relater l'affaire). Avec son ton railleur, son humour percutant mais jamais méchant, Tom Lanoye épingle les travers de la Belgique (et de toute démocratie qui se respecte), de la société (les petits chefs, les décisions et les coups bas à prendre/ à rendre). Accordant la parole tour à tour à Andréi, à l’État-major, à la presse et à Vera, Tom Lanoye jamais ne lasse. Tout le monde y passe et Tombé du ciel n'en demeure pas moins foncièrement réjouissant. J'en redemande.
pages 70-71
« Il vole vers Bruxelles », grommela-t-il. « D'une pierre deux coups. Le siège de l'OTAN et de l'Europe. Et il ne faut pas oublier », grimaça-t-il en tournant tout de même la tête vers les deux taupes, « c'est le siège de quatre des six gouvernements belges.»
Le démocrate était éberlué. « Comment est-ce possible ? Six gouvernements pour dix millions de personnes ?»
- « C'est ce qui arrive quand il y a énormément de démocrates et beaucoup trop de taxes », dit le républicain. »
Traduction d'Alain van Crugten
Éditions de La Différence
avis : Laeti (mille mercis de ce conseil)
et un de plus pour les challenges de Philippe et de Anne et Mina (coucou les filles : je suis hors délai, je le sais, mais ce n'est pas une raison pour ne pas louer votre initiative)
et une évocation musicale évidente
Ce "Tombé du ciel" me fait très envie. Et puisque tu en redemandes, je te conseille "Les boîtes en carton", seul roman de Lanoye que j'ai lu... pour le moment ;-)
RépondreSupprimerSi tu veux, je te l'envoie mais il me faudrait ton adresse postale (un petit courriel à jemelivre[at]gmail.com : il faut remplacer le [at] par @). Bises et merci de ton passage. Tombé du ciel est formidable et très agréable à lire.
SupprimerOh, tu en parles drôlement bien! J'ai particulièrement aimé l'ironie et la dérision de Tom Lanoye et sa façon de se moquer gentiment de cette société.
RépondreSupprimerC'est un auteur avec lequel j'aimerais beaucoup poursuivre, avec Les boîtes en carton notamment, un texte autobiographique.
Très contente que tu l'aies autant aimé! Bisous
merci à toi parce que c'est une découverte précieuse et j'en suis toute ravie et retournée. Il me fait vraiment penser à David Lodge en Belge : il a le même sens de la dérision et il écrit bien. Toutefois, je le considère un peu plus politisé que l'Anglais. Bisous
SupprimerMais non, tu n'es pas hors délai, on est le 30 avril ! J'ai adoré La langue de ma mère, un récit auto-biographique et je lirai sûrement celui-ci aussi, tu me remets l'eau à la bouche !
RépondreSupprimerQuand j'ai vu vos récaps (sur ton blog et celui de Mina) semaine 4, j'ai pensé que vous aviez envisagé le défi en semaines plutôt qu'en mois entier. Il est vraiment chouette, cet auteur ? Vous avez de la chance de l'avoir à vos côtés ! (chez nous, c'est l'autofiction à mort et c'est nettement moins drôle, je peux te l'assurer) Bisous
SupprimerJe n'aime pas l'autofiction no plus, mais dans La langue de ma mère, il raconte comment sa mère est devenue aphasique après un AVC, elle qui lui avait appris la langue maternelle et qui était tellement exubérante, et on peut se retrouver dans cette histoire racontée avec fantaisie, humour, et norme sensibilité.
SupprimerICB m'a envoyé Les boîtes en carton : je vais essayer de lui trouver du temps dans mon programme chargé de lectures ! Oui, tu as raison, le pitch de La langue de ma mère est magnifique (j'ai l'impression de ressentir la même émotion que lorsque j'écoute Les yeux de ma mère du chanteur Arno). Bisous
Supprimerpremière fois que j'entends parler, je note, merci miss!
RépondreSupprimerje transmets les bonnes idées, repérées chez d'autres !!! Bisous
SupprimerJe n'étais pas en congé aujourd'hui, nous sommes bien encore en avril, non ? Pas de hors délai donc, merci pour cette lecture et d'avoir été des nôtres. Heureusement que Laeti t'a conseillé cette lecture et t'a permis de ne pas rester sur une déception. Je dois encore découvrir cet auteur quant à moi, peut-être l'année prochaine..
RépondreSupprimerps : reviens chez moi ou Anne lundi, on aura une surprise pour les participants, même tardifs... ;)
oui, tu as raison et j'ai expliqué ma crainte d'être en retard en répondant à Anne. J'aurai normalement internet lundi (je pars demain en vacances et serai déconnectée pendant trois jours). Bisous
SupprimerAh oui, je comprends mieux. Nous prenons en compte tout le mois d'avril, mais ne faisons pas de dernière récap' hebdomadaire, parce que la générale suit de peu (elle est prévue ce samedi, avec un classement par éditions chez moi. Bonnes vacances, Phili, il sera toujours temps de voir la surprise à ton retour. :)
Supprimerps : je n'avais pas vu la musique lors de mon premier passage, et je l'avais pourtant en tête en lisant le billet de Laeti ; nous avons quelques références musicales communes tout de même.
tu vois, je suis une jeunette moi aussi !!!!!!
SupprimerTu es la première pour cette session de mon challenge.
RépondreSupprimerJe ne connais pas ce livre et ce que tu en dis ne m'incite pas à le lire.
Bon 1er mai.
surtout que si je tiens mon engagement,il devrait y avoir une seconde contribution de ma part avec un titre redondant mais chut ! Suspense. Bisous et 1er mai
SupprimerIl faudrait que je fasse un tour par la Belgique pour déguster autre chose qu'une bonne bière !!
RépondreSupprimerje n'aime pas la bière donc j'y vais pour autre chose ! bises
SupprimerJe sens que c'est un auteur que je devrais lire, peu importe le titre finalement.
RépondreSupprimerje te conseille ce titre, très bien !
SupprimerPour rmieux s'envoler et retomber - après les 10 livres du Livre Inter. Merci de ta critique...qui a égayé ma journée pluvieuse ici.
RépondreSupprimermerci à toi, Bernhart pour ta fidélité : je te bise !
SupprimerJe le connais pour aoir fait une version contemporaine de Médée, mais c'est tout. Je note.
RépondreSupprimeret cette version de Médée ?
SupprimerUn peu débordée, je suis totalement passée à côté du mois belge...
RépondreSupprimerje pense que je risque d'être débordée aussi pour les mois thématiques qui arrivent.
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