« - Vous avez fait des études ?
- Oui, très longues.
- Vous rêviez d'exercer un métier en particulier ?
- Non, aucun. En vrai, je souhaite devenir un caillou » (page 20)
Pourtant, il y a du boulot de la part de Sigolène Vinson.
page 68
sortie mai 2015
Ce SP reçu participe à une pyramide de lecteurs (un autre rocher humain ) organisée par Lucie Eple des éditions Le Tripode
- Oui, très longues.
- Vous rêviez d'exercer un métier en particulier ?
- Non, aucun. En vrai, je souhaite devenir un caillou » (page 20)
C'est l'histoire d'une jeune femme qui se cherche un peu et végète totalement. Au détour d'un drame (le décès prématuré de son voisin, Monsieur Bernard), elle va momentanément arrêter sa quête du grand amour, constater l'attention toute particulière que lui vouait l'imprimeur et décider de rejoindre le paradis de ce dernier ( la Corse ), histoire de se ressourcer ou de minéraliser.
Je vais être claire : je n'ai pas adhéré complètement à l'histoire. Ce n'est pas lié à la prose de Sigolène Vinson : l'écriture est orale, accessible. Ce n'est pas lié à l'univers étrange de ce roman ( je suis toujours partante pour une virée fantastique ). L'intrigue n'est absolument pas illogique : on peut même la scinder en trois parties :
1) à Paris
2) en Corse
3) une pirouette finale pour recoller les morceaux (un art déjà utilisé, bien maîtrisé aussi ici) et qui rend cohérent le tout (si vous n'y comprenez rien, il vous faut lire le bouquin : je ne vais pas spoiler tout le roman, cela ne se fait pas ! ).
Où est le problème, alors ?
L'étape parisienne est réussie : on comprend les enjeux entre les différents protagonistes (ces deux individualités -la narratrice et Monsieur Bernard- qui se retrouvent et ne font qu'un). L'une sert de muse à l'autre, ils deviennent interdépendants (enfin, presque). La virée corse de la demoiselle devient le prolongement de son désir à lui, ce qu'il ne peut plus exaucer (vu qu'il est mort). Et ça, c'est très joli.
La partie sur l'Ile de Beauté m'a en revanche posé un énorme souci de concentration : j'ai eu un mal fou à distinguer les mâles du pays : Félix, François, Noël, Pierre et Monsieur Colombani. Et quand cela ne veut pas rentrer, eh bien forcément, je décroche ! Et là, quand arrive la deuxième sous-partie corse, je me suis dissociée de l'histoire. Or, quand je suis imprégnée par une lecture, je vis et je ressens à fond ce que subissent les personnages. À partir de cet instant-là, j'ai visualisé leur devenir sans émotion propre, presque avec indifférence. J'ai eu le sentiment que l'auteure savait parfaitement décrire un état d'âme, une atmosphère, mais il m'a manqué la chaleur humaine, les caresses, le toucher (néanmoins, les rapports entre personnages sont loin d'être antipathiques : il y a de l'attention, de la prévenance entre eux, une complicité dans le secret : ce sont principalement des taiseux dont le regard parle.)
La narration à la première personne au singulier ne m'a pas raccrochée : je me suis sentie très éloignée du vécu de l'héroïne. Je pense même que ce choix personnalisé ne fut pas le meilleur pour cette histoire.
La narration à la première personne au singulier ne m'a pas raccrochée : je me suis sentie très éloignée du vécu de l'héroïne. Je pense même que ce choix personnalisé ne fut pas le meilleur pour cette histoire.
Pourtant, il y a du boulot de la part de Sigolène Vinson.
De très belles images affleurent dans ce texte : le cadre tourné de Félix, la sculpture comme empreinte d'une vie (d'autres font des enfants) etc. Il y a un phrasé mélodique, une respiration insulaire (j'ai eu l'impression de revivre les embruns de Les déferlantes de Claudie Gallay : ce moment de grâce qui montre à quel point l'humain est façonné par l'environnement qui l'héberge). Sigolène Vinson dont Le caillou est la seconde œuvre (merci, Noukette !) nous réserve de belles surprises, elle a le courage de construire un univers fantasque, onirique : cette ébauche certes imparfaite me paraît prometteuse.
Mais je ne peux occulter le fameux décrochage qui a rendu ma lecture moins enjouée : je n'y ai plus cru et ce fut tout cuit ensuite !
Mais je ne peux occulter le fameux décrochage qui a rendu ma lecture moins enjouée : je n'y ai plus cru et ce fut tout cuit ensuite !
page 68
« -... Ma femme m'a quitté il y a deux ans. D'après elle, je buvais trop.
- Ah, vous aussi ?
- Quoi moi aussi ?
- Monsieur Colombani qui m'a accompagnée jusqu'ici s'est fait retirer son permis pour conduite en état alcoolique.
- C'est la rive sud d'Ajaccio. On boit beaucoup.
- Comment une chose pareille est possible, avec la mer et les rochers que vous avez ?
- C'est justement ce qui nous rend malades. À regarder le coucher de soleil sur Cala d'Orzu, on comprend que quelque chose nous manque qui ne sera jamais comblée, on appelle ça l'absolu toujours déçu.
- Et c'est pour cette raison que vous vous enivrez tous, pour oublier.
- Certains pour oublier, d'autres pour fêter l'événement. »
Éditions Le Tripode
sortie mai 2015
Ce SP reçu participe à une pyramide de lecteurs (un autre rocher humain ) organisée par Lucie Eple des éditions Le Tripode
LC partagée avec Aifelle, Evalire, Jérôme, Noukette, Une Comète et Zazy : je les remercie de m'avoir suivie dans cette aventure et d'avoir supporté sans broncher mes nombreux mails rectificatifs.
Ma Phili ton avis rejoint le mien mais si j'ai été plus radicale... Je n'ai tout simplement pas accroché (mais pas du tout)
RépondreSupprimerBisous
j'ai vu et je comprends tes arguments, même si je pense avoir saisi (comme toi) l'essentiel.
SupprimerTon avis est intéressant ; moi c'est plutôt dans la dernière partie que je me suis le plus retrouvée, question d'âge peut-être ? Mais le changement m'a déstabilisée, je me suis demandée où j'étais ..
RépondreSupprimeroui, c'est un changement radical mais parfaitement expliqué ! bisous
SupprimerBon, bon, que vais-je en penser, moi, de cet ovni ?
RépondreSupprimerveux-tu que j te l'envoie pour te faire une idée ? Bisous
SupprimerJ'avoue que j'aime de plus en plus cette littérature sur le fil, qui gène un peu aux entournures mais fascine malgré tout. Cette auteure a une vraie patte, un vrai univers. Du coup j'ai très envie de découvrir son premier roman paru en 2011 (Le caillou est son deuxième en fait) : J'ai déserté le pays de l'enfance, rien que le titre me parle...
RépondreSupprimermerci de cette précision : j'étais persuadée que Le Caillou était le premier roman de Sigolène Vinson. Je m'en vais de ce pas rectifier toute ma chronique (je te jure, un vrai défaut d'investigation de ma part !!!!)
SupprimerTo billet est absolument parfait, avec ou sans "bourde" ! ;-)
Supprimermerci, Noukette : tu es trop chou !
SupprimerUne pyramide de lecteurs ? ça veut dire qu'on va voir ce roman partout ? Désolée, mais ça sera sans moi... ou alors bien plus tard, quand on l'aura oublié ! ;-)
RépondreSupprimernon, la pyramide est restreinte à une trentaine de noms je pense. Sinon, trop de chroniques tuent la critique !!!! (C'est une blague.) Bisous
SupprimerBonjour à toutes et tous, un trrrès grand merci pour vos lectures du Caillou ! "J'ai déserté le pays de l'enfance" est une autofiction, Philisine, ce n'est donc pas un manque d'investigation du tout, mais une simple question d'étiquettes. Dans tous les cas, nous sommes absolument ravis que Le Caillou donne envie de lire Sigolène Vinson. Merci encore, Lucie, pour Le Tripode.
RépondreSupprimerNB : la pyramide a concerné 10 lecteurs, pas encore de quoi monopoliser la toile :) Encore que de notre côté finalement, on y verrait peu d'inconvénients.. ^^
Je viens d'envoyer au Sieur Daniel, programmateur du défi Premier roman, une question littéraire de premier ordre et je verrai suivant sa réponse si je propose Le Caillou pour son défi !!! (Phili ou l'art de refiler les questions coton aux blogocopains).
SupprimerMerci encore, Lucie, de votre confiance et de la liberté totale dont nous avons joui lors de cette lecture. J'ai mal calculé la progression pyramidale (décidément, ce n'est pas mon jour).
Une lecture qui ne met pas tout le monde d'accord. Tant mieux !
RépondreSupprimerexactement : c'est aussi ce qui rend ce livre riche !!! Bisous
SupprimerJ'ai failli aussi décrocher au début de la deuxième "sous-partie" en Corse (seuls les lecteurs du roman pourront comprendre...) mais je me suis raccroché assez vite à ce changement radical et je me suis laissé porter. Je crois que c'est un texte auquel il ne faut pas essayer de résister, quitte à passer totalement à coté.
RépondreSupprimerEn tout cas je suis ravi de cette découverte et de ce partage avec vous tous !
et nous aussi : nous préservons le seul mâle de la troupe !!! Des bises tout plein.
SupprimerBon...je ne sais quoi en penser si ce n'est que dans l'immédiat il ne me tente pas vraiment... Mais le style de l'auteur pourrait me plaire ! A suivre, pour plus tard ! Sinon ton billet est très bien, on sait pourquoi tu as décroché ! :)
RépondreSupprimern'en rajoute pas, n'en rajoute pas ! Bisous
SupprimerJe te rejoins pour la deuxième partie en Corse ou les personnages masculins étaient trop flous pour inspirer une attention particulière.Merci pour cette lecture partagée c'est vraiment agréable de découvrir le billet de chacun .bises
RépondreSupprimeron est d'accord, cela me fait bien plaisir : j'avais 'impression d'avoir le cerveau tellement embrumé ! Bisous
SupprimerUn enthousiasme quasi général pour un texte qui a su conquérir ses lecteurs.
RépondreSupprimeravec des bémols me concernant (et je ne parle pas même pas de Comète !!!!) Bisous
SupprimerCe livre a tout pour me plaire à priori...il n'y a que ton avis qui me fait un peu reculer mais je le note de suite dans ma liste à lire sur le blog !! Déjà le fond de l'histoire me plait, ça a l'air décalé et puis la Corse et puis le rappel des Déferlantes...allez hop, un pavé dans ma marre !!
RépondreSupprimeril est chez moi et il voyage quand vous en avez envie ! bises
SupprimerOn se vouvoie alors maintenant ?? Bon ok...pourquoi pas !! Merci ceci dit !!
SupprimerBichon, je parlais pour vous tous réunis par ce billet : si certains d'entre vous ont envie de le lire sans l'acheter, j'envoie mon exemplaire !!! Nous avons passé le stade du vouvoiement ::::-----))))))))))
SupprimerPunaise j'ai enfin retrouvé où j'avais noté ce livre ! J'ai adoré, adoré...ça fait des mois et des mois que j'avais pas tant aimé un livre je crois...chronique à suivre ! Bisous
SupprimerIl ne me reste plus qu'à lire l'avis de Jérôme, mais je ne pense pas qu'il va me faire changer d'avis. Même si il a l'air d'avoir des points forts, il ne me tente pas tellement. Bises
RépondreSupprimerje ne suis pas sûre qu'il te plairait, au vu de tes lectures et coups de cœur habituels ! bisous
SupprimerSon premier texte me fait plus envie, du coup...
RépondreSupprimermoi aussi car j'ai envie de voir cette auteure sur d'autres textes.
Supprimerje l'ai acheté... je suis faible!
RépondreSupprimernon, mais j'aurais aussi pu te l'envoyer : j'ai hâte de lire ton retour ! Alors l'Italie ?
SupprimerMessage de Zazy (qui n'arrive plus à poster de com avec Blogger qui va mal) : "Alors, tu n'as pas accrochée ? je me suis laissée emportée avec grand plaisir"
RépondreSupprimerjai bien aimé la première partie et le début corse, après cela s'est corsé !!! ::::---))) oui, je suis en grande forme
SupprimerJe ne suis pas certaine que cet envoi massif de SP de la part de Tripode ait été une bonne chose pour le livre en question. Hormis le fait que j'ai saturé de le voir sur tous les blogs (et je ne suis pas la seule), on se rend compte en plus qu'il a été clairement survendu par certains (dont tu ne fais pas partie et je salue ta franchise ma Phili)...
RépondreSupprimerLorsque cette pyramide s'est construite, j'ai eu l'idée de la LC pour éclairer la sortie du livre. J'en suis ravie dans le sens où elle propose des chroniques contrastées. C'est un roman qui ne laisse pas indifférent mais peut-être sur le bord de la route (je parle d'Une comète et de moi). Il peut aussi attirer de la sympathie, parce qu'il est différent de ce qu'on est habitué(e)s à lire. Merci à toi de ta franchise et de ce côté cash qui me plaît tant chez toi.
Supprimer