Dans Toni, Line Papin compose une cousinade très forte : celle d'Ezra et d'Anton dit Toni. Deux garçons que les rituels estivaux et le destin familial ont rapproché, deux garçons de nature bien différente : Toni dans ses rêves et son monde, toujours à imaginer et à projeter ; Ezra plus suiveur et souvent emballé par les projets de son compère.
Line Papin profite du récit de Toni pour glisser du monde de l'enfance à celui de l'adolescence et de l'âge adulte tous propices à des expériences plus ou moins réussies, à des mises en abîme aussi. Dans Toni, on navigue de la campagne profonde, un cocon sûr, vers un monde citadin empli de lumière, de strass, de faste, de fêtes, où le monde de la nuit côtoie le clair-obscur, propice à diverses expériences. Notre binôme apprend ensemble, se soude, s'agrège à d'autres personnes pour former une entité mouvante et dansante. L'envers du décor est pour demain.
Dans Toni, on retrouve la plume honnête de Line Papin, un univers à la Vernon Subutex de Virginie Despentes (sans le côté enquête) pour le côté festif out et indoor.
Je reconnais que Line Papin m'a déroutée : son style à la fois linéaire et irrégulier m'a moins accrochée que dans Les os des filles. Pourtant ce serait malhonnête de dire que Toni ne se lit pas : c'est faux. L'intrigue tient la route de bout en bout, l'écriture présente des saillies redoutablement efficaces, des moments de grande sensibilité. Des images fortes restent en tête (en particulier, le destin d'un petit chat ; les descriptions des fêtes nocturnes). Mais je pense qu'il a manqué un discours à ce récit, une âme, un squelette qui fait qu'on sait où on va et pourquoi on y va. Là, j'ai eu le sentiment que Line Papin a hésité entre plusieurs options, a changé d'avis en cours de route, a ouvert une voie à la place d'une autre, sans complètement l'assumer. Ce qui fait aussi que la naïveté finale du héros Ezra sur les secrets de Toni m'a surprise, décontenancée avec le sentiment de "tout cela pour cela". Je n'ai pas non plus été emballée par les héros : aucun ne m'a touchée. Je suis restée à côté de l'histoire, en regardant évoluer ce beau monde à distance, sans rejet mais sans passion non plus. C'est étonnant mais c'est ainsi.
Éditions Le livre de Poche.
de la même autrice : Les os des filles
pas du tout envie de ça, en ce moment en tous cas...
RépondreSupprimerBeaucoup aimé Les os des filles, mais celui-ci à l'air bien différent.
RépondreSupprimerAlors moi j’ai adoré le seul livre que j’ai lu d’elle « l’amour en laisse » elle est douée !
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