Eden Beach 1970 retrace l'itinéraire sur 15 jours d'une jeune femme Charlotte, qui suite à la découverte de l'infidélité de son mari, se fait la malle et débarque dans une station balnéaire du Maryland aux Etats-Unis. Charlotte, issue d'une famille belge conservatrice, a été élevée dans le culte du mariage qui à la fois protège les femmes mais aussi les rend dépendantes de leur époux. En abandonnant le Miguel de ses rêves, Charlotte va devoir subvenir à ses propres besoins, travailler un job en restauration et peut-être enfin s'émanciper de codes sociétaux et familiaux archaïques.
Anne Duvivier arrive à dépeindre l'atmosphère des seventies, celle de la libération sexuelle grâce à l'arrivée de la pilule, celle de pionnières anonymes qui par leur lutte ont permis à d'autres femmes d'accéder à une certaine autonomie (de corps, d'existence). Avec une plume alerte, l'autrice place son intrigue entre légèreté et conscience politique et sait donner des respirations salvatrices à son texte. Les mœurs libèrent les corps et les mantras, la guerre du Vietnam fait rage et certains jeunes appelés fuient leur incorporation. Charlotte navigue entre deux mondes : celui qui l'a façonnée, celui que lui propose Cookie, sa nouvelle amie et accessoirement colocataire. D'un côté, le carcan des conventions, de l'autre sea, sex and sun (avec en prime le short qui va bien !) Mine de rien, Anne Duvivier effleure la fragmentation urbaine et ethnique de la société américaine et montre aussi les combines, une forme de solidarité et de sauvegarde entre les êtres, une population en recherche d'expériences divinatoires aussi.
Eden Beach 1970 offre une lecture plaisante d'un monde du possible, fragile et segmenté, entre des promesses sociétales heureuses et annonciatrices d'une révolution sociétale, familiale et féminine, et la peur au ventre d'une guerre lointaine mais bien présente.
J'ai bien aimé découvrir cette Charlotte volontaire qui a décidé de se prendre en main quitte à sortir des sentiers battus. Je reconnais le talent certain de conteuse d'Anne Duvivier à donner corps à ses créatures, à avoir su m'immerger dans cet univers américain post-soixante-huitard avec un discours charnel et sexuel qui se veut avant tout en adéquation avec la nature, tout sauf voyeuriste. Well done !
Editions MEO
Lu en service de presse : je remercie les éditions MEO pour ce partenariat.
De la même autrice : Cendres,
Moi, je l'ai trouvé trop plat, trop lent, pas assez rythmé. Il ne s'y passe pas grand-chose. Une déception pour moi. J'ai préféré son précédent "Cendres".
RépondreSupprimerDeux avis différents, deux ressentis opposés, une lecture qui ne laisse pas indifférent.
RépondreSupprimerJe crois que je commencerais par Cendres
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