Avec une plume nourrie et une prose d'époque, Gaelle Josse dresse le portrait de Madgalena Van Beyeren, une femme bourgeoise destinée à cause de son genre à la tenue d'un foyer. Bien que douée pour les affaires, Magdalena a espéré un temps reprendre celles de son père (administrateur d'une compagnie commerciale), charge désormais dévolue à son capitaine d'époux même né désargenté (mais suffisamment futé pour repérer les talents et compétences de sa femme).
Dans Les heures silencieuses, Gaelle Josse dévoile une humaine spectatrice de son temps, avec ses secrets et ses dissimulations, ses regrets et sa veille. À travers ce roman, l'autrice brosse deux mois d'une condition féminine réduite aux affaires courantes, à son ménage, à l'enfantement, à s'intéresser aux arts (chant, peinture, etc), à subir les maternités et parfois les deuils infantiles. Deux mois au cours desquels Madgalena prouve son sens aigu de l'observation des relations humaines. Les heures silencieuses est le genre d'écrit qui justifie l'apport et l'intérêt du féminisme, parce que ce mouvement a libéré les femmes de tout un tas de carcans (sociétal, moral, intellectuel) et leur a permis d'accéder à des fonctions et des missions qu'elles méritaient d'obtenir, parce qu'une société gouvernée par un genre humain exacerbe, alimente et cristallise les représentations genrées, s'appauvrit culturellement, renforce les stigmatisations et les discriminations. Parce que le féminisme a aussi montré qu'une femme n'était pas née contemplative ni passive ni sujette au bon vouloir de son compagnon, de son père ou de son frère.
Les heures silencieuses offre un moment de réflexion vraiment intéressant et toujours d'actualité concernant la cause féminine.
De la même autrice : L'ombre de nos nuits - Le dernier gardien d'Ellis Island - Noces de neige - Nos vies désaccordées - Un été à quatre mains - Une femme en contre-jour - Une longue impatience
Éditions Autrement Littérature
j'en garde un souvenir assez flou mais positif!
RépondreSupprimerCe fut pour moi une lecture en apnée tant j'avais adoré.
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