Intérieur nuit - Nicolas Demorand *****

Il faut beaucoup de courage pour écrire Intérieur nuit,  un livre sur soi, un livre qui va raconter la maladie dont on souffre, celle-là même qui peut s'avérer stigmatisante dans le monde professionnel hyper-concurrentiel dans lequel on évolue, dans un monde où la moindre faiblesse donne l'avantage à des camarades qui n'attendent qu'une chose : prendre votre place. Il faut beaucoup de courage et aussi d'amour et de confiance autour de soi, pour dépasser la peur de cette réception médiatique, pour ne pas redouter le fameux retour de bâton des malveillants, ceux-là qui n'attendent qu'une chose : vous faire plonger plus bas, histoire de vous noyer, de salir votre réputation, de mésestimer votre audace et votre intelligence, de mettre en doute vos réflexions subtiles. Voilà Nicolas Demorand a osé affronter la vindicte populaire et journalistique et a affirmé sa bipolarité avec courage et franchise, tout comme je l'aime !


Voilà vous raconter plus ne sert à rien, j'ai juste un conseil : lire cette œuvre sincère qui raconte les difficultés à trouver le spécialiste le mieux adapté, le plus discret, le plus sûr ; à supporter les médicaments et les phases frénétiques et down ; dire le dégoût de vivre et l'envie de tout arrêter, de ne plus se battre ; dire la difficulté de se soigner malgré et avec la popularité. Quelle prouesse d'avoir tenu tout cela secret aussi longtemps sans fuite (sûrement avec l'aide de copains journalistes qui ont su se taire... merci à eux de ne pas avoir gâché ce moment, d'avoir respecté votre confrère, de l'avoir ménagé, dans ce monde où tout se divulgue si vite). 

J'ai apprécié Intérieur nuit, je n'y ai vu aucun voyeurisme, j'ai apprécié la plume (bon, d'un autre côté, ce n'est pas une surprise, je suis une inter-nico-adepte). Nicolas Demorand ne cherche pas l'apitoiement : il dit pour lui, il dit pour d'autres. Il arrive même à me faire apprécier un propos médicamenteux de Michel Houellebecq que je trouve très juste, même si je comprends la terreur médicale à ce que ces mots soient détournés de leur signification première.

Merci, Nicolas, d'avoir tout dit, de nous avoir fait confiance : en partageant votre expérience de malade, vous allez certainement aider ceux et celles qui souffrent du même mal que vous, vous donnez aussi de la lumière méritée au monde médical toujours en soutien à n'importe quelle heure et avec un engagement exceptionnel, pour, je l'espère, davantage de reconnaissance, d'empathie et de bienveillance de la part de nous tous et toutes.

Éditions Les arênes


6 commentaires:

  1. Comme je n'écoute pas la radio, je ne le connais que de nom. Ce que je me demande c'est qu'elle est la nécessité pour lui de publier ce texte.

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    1. Dire pour arrêter de se cacher (parce qu'on voit à quel point la clandestinité est lourde et contraignante sur les emplois du temps, peut-être aussi parce que cette bipolarité impose aussi des temps de repli qu'il devient difficile à camoufler, peut-être aussi que tôt ou tard, le secret le serait moins... Nous sommes dans un monde où beaucoup de choses se savent). Je crois aussi que notre époque rend hommage aux personnes qui assument leur fragilité avec dignité. Nous avons des figures médiatiques fortes qui veulent faire bouger les consciences et les lignes, sans user de ton péremptoire, sans voyeurisme, juste par des comportements dignes et par des partages de leurs expériences... pour le bien de tout le monde.

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  2. Je n'aime pas du tout le personnage médiatique, ni le journaliste qu'il est devenu. A part ça, je comprends sa démarche, même si je pense que s'il ne s'appelait pas Nicolas Demorand, son livre ne ferait pas de bruit. Mais c'est le monde des medias comme il est de nos jours.

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  3. Je respecte évidemment la démarche de l'auteur, que j'entends parfois à la radio le matin. Mais je ne lirai pas ce titre, un peu pour les mêmes raisons qu'Aifelle, et en plus, je n'aime les autobiographies en vrai, seulement les romancées.

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  4. Ne le connaissant pas en tant que journaliste, je n'ai pas d'a priori sur l'auteur, et son intervention à La grande librairie m'a touchée..

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  5. J'ai été touchée par la chronique par laquelle il annonçait sa bipolarité. On le sentait sincère, avant tout ! Je ne sais pas si je lirai ce témoignage, mais je ne le trouve pas inutile, il peut aider d'autres malades mentaux à ne plus se cacher, ce doit être si lourd à porter !

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