Western - Maria Pourchet (entre *** et ****)

J'ai lu Western de Maria Pourchet : j'ai été attirée par le titre mais je reconnais qu'au cours de ma lecture, malgré les citations bienvenues de l'autrice pour justifier son intrigue "western", ma représentation cinématographique m'a empêchée d'envisager ce roman autre que classique. Mis à part ce bémol, j'ai apprécié le glissement des représentations, le changement de l'appréciation des personnages (excellent traitement de la figure d'Alexis. Je pense que celle d'Aurore aurait pu être un peu moins chargée, cela n'aurait en aucun cas gêné le discours) et l'évolution des registres opérés.

 

On part d'une situation étonnante : un illustre comédien lâche au dernier moment (avant le début des représentations) une pièce de théâtre et s'évapore dans la nature. Ce qui peut paraître un caprice de star va être annonciateur de révélations en tout genre. 

Western confronte deux personnalités (le comédien Alexis Zagner et Aurore), deux univers, deux vérités : un homme à femmes, une femme sans homme. Mais résumer cette histoire en trois lignes est clairement réducteur, parce que sa navigation est plus complexe qu'elle n'y paraît (comme un western, me direz-vous), parce que ce qui nous paraît tout mimi au début le devient nettement moins au milieu et plus du tout à la fin.

Maria Pourchet a réussi une œuvre ample, scénaristiquement cohérente et a bien campé ses personnages. On a le droit à une première révélation pour justifier la présence d'Alexis chez Aurore, cette révélation sera suivie d'autres assombrissant le portrait de ce Dom Juan. D'un western, on aboutit à un roman-enquête-pièce de théâtre sans que l'ensemble en devienne confus (et là je dis "Chapeau l'artiste ! Maria Pourchet -je précise-). Le traitement par l'autrice est assuré et assumé, elle n'hésite pas à nous éclairer les différentes étapes de son intrigue justifiant le traitement en western (même si les arguments présentés ont bloqué mon image fermée et usitée de cowboys et d'indiens, je l'ai déjà signalé en début de chronique).

J'ai passé un bon moment malgré les thèmes abordés et je vous laisse la saveur de la découverte/des découvertes. En tout cas, on sent le travail important et savant de recherche bibliographique, la prise de risque de Maria Pourchet et cela, j'aime beaucoup. On sent aussi la proximité des thèmes sociétaux actuels et je trouve très bien que les romanciers s'en emparent parce que l'art permet aussi de libérer la parole en décentrant les éventuelles controverses, de dénoncer des comportements inacceptables par l'intermédiaire de la fiction, de permettre la réflexion et l'attention par une distraction appuyée. Bien joué ! 

Éditions Le livre de Poche. 

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