Après Charles Trenet et la reprise de Carte de Séjour (groupe de Rachid
Taha), Karine Tuil récupère le titre et en écrit un livre. Une jeune
femme, Claire, Française d'origine étrangère et de confession familiale
juive (la précision s'impose pour expliquer ses choix et ses réactions)
est embarquée par les forces de police lors d'un contrôle inopiné
d'identité (elle n'a pas ses papiers sur elle pour justifier sa
nationalité). Pour arranger les choses et aussi pour vivre le quotidien
des "retenus" (détenus non prisonniers aux frontières), elle usurpe
l'identité d'une jeune roumaine, qui aide un membre de sa famille. S'en
suit sa longue dérive entre garde à vue, centre de rétention
administrative vers la destination finale ? L'énorme avantage de ce
livre est de nous faire prendre conscience de cette tragédie quotidienne
des immigrés désireux de rester en France, d'y construire leur avenir
et obliger de dissimuler leur vraie identité pour retarder les échéances
ou pour espérer des vices de procédure. Le problème du livre est que
Karine Tuil a hésité (et cela se ressent dans son écriture) entre roman
et récit journalistique. Du coup, une narration quasi-linéaire, peu
d'émotion, des personnages peu lumineux (même si leur histoire est dure
et malgré le prénom de l'héroïne). Là où Florence Aubenas (dans Le quai
de Ouistreham) excelle dans ce deuxième type d'écriture, Karine Tuil
oscille et son récit perd en profondeur. C'est dommage car les thèmes
qu'elle aborde sont essentiels. Toutefois Douce France est un ouvrage à
lire pour garder les yeux bien ouverts.
Le livre de poche
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire