Les Heures souterraines - Delphine de Vigan ***

Les Heures souterraines ou celles passées dans un métro ou dans un placard d'une entreprise. Voilà un court roman, certes peu reposant mais juste, pour ne pas oublier notre humanité. On y retrouve Mathilde, une brillante cadre supérieure dans une multinationale, mère divorcée de trois enfants et Thibault un médecin urgentiste en mal amoureux suite à une rupture difficile à gérer. Tous deux survivent dans le milieu parisien, Thibault la nuit, Mathilde le jour. Suite à une remarque contredisant une réflexion patronale (un chef du genre paternaliste mais au final despotique) , Mathilde subit en règle une descente aux enfers au placard (avec à la clé : mésestime de soi, sentiment d'abandon et d'impuissance, incompréhension) . Quant à Thibault, de par son métier, ce personnage côtoie la misère humaine et s'y noie (dur, du coup, de redresser la pente !) . Les parcours nous touchent, selon qu'on soit né(e) homme ou femme.
Le harcèlement psychologique, thème peu abordé dans la littérature actuelle, était un vrai challenge que Delphine de Vigan a relevé avec brio. On observe de loin le désarroi affectif du médecin (situation peu développée par Delphine de Vigan) , on éprouve en direct la souffrance de Mathilde. Le style de l'auteure laisse à désirer : les répétitions de langage et les pensées identiques et simultanées des deux héros me semblent superflues et alourdissent un ensemble déjà bien sombre à digérer. On comprend bien que Delphine de Vigan souhaitait établir un parallèle et une proximité entre les deux vies. La lecture récente du sublime Rien ne s'oppose à la nuit apporte un éclairage nouveau sur cette œuvre, l'auteure justifiant l'écriture de Les Heures souterraines au moment d'un licenciement abusif. Contrairement aux œuvres d'Olivier Adam qui laissent entrevoir des pans de lumière à l'intérieur des histoires bien lugubres, ici tout est noir et le reste. 
Tout comme No et moi Les heures souterraines se lit d'une traite et la fin est parfaite. A vous de voir !  Sa sortie en poche devrait vous aider.

Éditions le Livre de Poche

emprunté à ma biblio chérie

4 commentaires:

  1. On me conseille vivement cette romancière mais je ne me suis pas encore lancée. Bonne fin de semaine.

    RépondreSupprimer
  2. Je te conseille de Miss de Vigan : No et moi (très bien) et Rien ne s'oppose à la nuit (là, pour moi, formidable !). J'ai nettement moins aimé Les Heures souterraines (trop sombre)

    RépondreSupprimer
  3. Entièrement d'accord avec toi sur l'alternance des deux histoires : je trouve que celle de Thibault est survolée et présente peu d'intérêt. Delphine de Vigan aurait pu s'en tenir à l'histoire de Mathilde.
    Tu trouves que le style est lourd?
    Bon parallèle également que tu fais entre Olivier Adam et Delphine de Vigan. mais j'ai largement préféré cette dernière malgré l'angoisse terrible qu'il a suscité chez moi...

    RépondreSupprimer
  4. En fait, j'ai noté (et cela reste un souvenir pregnant, car j'ai lu ce livre il y a un an à peu près) de pensées identiques au mot près des deux personnages et cela m'a dérangée. Ensuite, j'aurais voulu de la lueur et je n'en ai pas vu. Quant à Olivier Adam (un de mes chouchous, même si j'aime nettement moins Passer l'hiver et Un cœur régulier), il écrit de façon émotive et ses personnages font des rencontre humaines éblouissantes : je garde un souvenir ému et indélébile de Des vents contraires (un livre qui aurait dû avoir le prix Goncourt lors de sa sortie).

    RépondreSupprimer