L'accompagnatrice - Nina Berberova **

Comment ne rien ressentir pour un livre ? Difficile à concevoir, sauf en ouvrant L'accompagnatrice de Nina Berberova
Malgré une écriture fine et ciselée, malgré des qualités descriptives indéniables de l'auteure, l'histoire (comme les personnages) ne m'a pas émue, ni accrochée. Pire, je l'ai lue comme un récit sans saveur. Pourtant, l'atmosphère pesante me semble maîtrisée, les ambiances sociales parfaitement décrites. 
Première conséquence : je suis restée sur ma faim (très très mauvais pour la gourmande que je suis... La tablette de chocolat y est passée).
Pire, je lis la quatrième de couverture (après avoir fini le livre) et je me dis : « oh là là mais je n'ai rien compris à l'histoire ». Heureusement, la relecture du bouquin me rassure (une autre tablette y est passée), tout cela à cause du mot employé liaison fort tendancieux.  
Seconde conséquence : je ne me pèse plus !
L'accompagnatrice pourrait se résumer en un trio amoureux, mais pas au sens commun. Au sein de ce petit groupe, règne sans partage Maria Nikolaevna, cantatrice russe adulée dans le monde entier, profitant de ses tournées pour s'éloigner davantage de son pays en pleine révolution. Gravitent autour d'elle, tels deux papillons de nuit aimantés par sa (trop) grande lumière, son mari, l'affairiste Pavel Fédorovitch et la serviable pianiste, Sonetchka, fameuse accompagnatrice, dame de l'ombre, celle qui n'existe jamais aux yeux du public mais si utile lors des répétitions de concert. Entre elles, rien de commun, à part l'amour de la musique. Maria vit dans la faste et le luxe la luxure ; Sonetchka subit l'ombre de la diva, ancienne enfant inconnue de son père, maudissant la pauvreté maternelle comme une énième épreuve de la vie. Fascinée par Maria, Sonetchka ne tarde pas à découvrir un petit secret d'ordre physique, qui pourrait, si elle s'y prend bien, perturber grandement la vie de la cantatrice et déséquilibrer le triangle amoureux. 

Les uniques réussites de ce livre demeurent l'appréhension des profondes dissensions entre les classes sociales (cf le paternalisme affligeant des classes bourgeoises face à leurs employés moins aisés, avec un discours infantilisant et bêtifiant ; l'impossibilité à progresser dans l'échelle sociale) et la confrontation de deux mondes féminins (l'un à l’ego hypertrophié et l'autre constamment nié dans son entité, dans son identité). Le reste (des héros secs, sans vie ; des événements insipides, limite transparents) peut s'oublier vite, très vite.

Traduction de Lydia Chweitzer

Éditions Actes Sud

emprunté à la bibliothèque, lu dans le cadre du comité de lecture prévu en janvier 2013.

et un de plus pour les challenges d'Anne, d'Une Part Manquante et d'Anis


Bande-annonce de l'adaptation cinématographique éponyme du livre, réalisée par Claude Miller

34 commentaires:

  1. Il me semblait bien qu'il y avait une adaptation cinématographique...meilleure?

    Merci pour ce partage!

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    1. C'est possible qu'il y ait une adaptation ciné meilleure mais je souhaitais rendre hommage à Claude Miller décédé en avril de cette année. Voilà à quoi se résume mon choix éditorial.

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  2. Combien de pages fait ce petit livre exactement ? Malgré ton avis peu convaincu, tu as réussi à me tenter : l'univers de la musique et la Russie y sont pour beaucoup, de même que cette confrontation féminine. C'est noté.

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    1. C'est un livre très court , chère Minou qui explose le challenge 100 pages (notre "Sharon-aire" de ce challenge). Environ 100 pages !!!! je te jure que je ne le fais pas exprès. Bises et merci de ta visite.

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  3. deux tablettes de chocolat! vraiment un mauvais plan en effet!! je compatis... ;)

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    1. J'ai abusé mais sache que lors d'un régime fait en 1998, j'avalais une demi-tablette par jour ! Comme me disait la diététicienne à l'époque, heureusement que c'était ma période de stabilisation !!!! Pour ce livre dont j'ai aimé la prose (moins le fond), j'ai mangé du chocolat (mais cela me fait plaisir et du bien aussi). Ne jetons pas la pierre à Nina quand même !!!!

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  4. Joli sujet pourtant... Dommage, je passe mon tour.
    J'ai essayé un chocolat bio au gingembre confit en lisant Tanguy Viel, effet garanti :))
    Bisous bisous

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    1. Je sens une avalanche de galipettes (gingembre = aphrodisiaque). Mon A. va adorer (ce blog devient n'importe quoi).

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  5. Je n'ai strictement rien ressenti en le lisant, si ce n'est "tant de bruit pour ce roman". Je me souviens encore de ma déception...

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  6. Berberova, c'est LA découverte qui a vraiment lancé Hubert Nyssen et Actes Sud. Et je n'ai aucun souvenir (ou presque) de cette lecture (impression de ne pas tout comprendre non plus...)

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    1. Elle écrit bien, son écriture très "russe" est intéressante et intelligente : il faut juste que les personnages sont plus fouillés, qu'on les ressente plus !

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  7. J'avais vraiment beaucoup aimé ce livre - comme tout ce que j'ai lu de Nina Berberova, d'ailleurs. Peut-être un autre livre d'elle vous comblerait plus ?

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    1. Je vais continuer le défrichage de son œuvre car j'aime en effet lire plusieurs livres d'un auteur(e) que je juge intéressant(e). Merci de votre passage.

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  8. J'avais beaucoup aimé ce livre à sa sortie, je ne sais pas ce que j'en penserais aujourd'hui.

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    1. Je suis également parfois enthousiaste de certains livres, que je retrouve plus tard sans la même émotion : question de timing, sûrement ?

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  9. En tout cas, tu en as bien rendu la problématique. A l'inverse, j'avais beaucoup aimé ce court roman, mais je l'ai lu il y a des années. Ce qui m'avait pu, les tensions impalpables, imperceptibles entre les personnages rendues par une écriture patiente et d'une certaine neutralité qui laisse les choses se mettre en place. J'espère que cela ne te découragera pas de lire d'autres livres de Berberova.

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    1. Je crois que c'est cette neutralité (passive) qui a gêné ma lecture. J'aurais souhaité des personnages moins atones, plus vivants. Peut-être aussi que la période décrite (révolution d'Octobre, première guerre mondiale) n'engageait pas l'optimisme des foules.

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  10. Si vous n'avez pas aimé l'accompagnatrice, essayez "SANS TÊTE" de JM Roche, chez Pavillon noir peutêtre y trouverez-vous quelques plaisirs ?...

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    1. Et je vous le donne en mille : qui est ce fameux JM Roche ? hé bien, Jeanmi of course, ou l'art d'utiliser les blogs comme vecteurs publicitaires. Allez, je ne vous en veux pas, Jeanmi.

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  11. J'ai lu Nina Berberova il y a longtemps :le laquais et la putain que je n'avais pas aimé j'avais également trouvé le personnage froid sans sentiment ,l’univers autour d’elle gris triste et par contre j'ai lu :Le mal noir que j'ai apprécié toujours dans un univers un peu triste et inactif mais avec énormément de sensibilité.Après la lecture de ton billet je pense que ses romans sont de qualité inégale.

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    1. J'ai envie comme tu l'as fait de persévérer car il y a quelque chose dans la plume de cette auteure qui m'interpelle. Bises et merci pour ton commentaire.

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  12. Oh zut, du coup tu m'effrayes parce que ce livre est dans ma PAL et pas mal d'autres titres aussi de cet auteur... Le côté froid risque de me refroidir (ah le jeu de mots :0)
    Bonne soirée

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    1. Le livre est très court. Je ne dirais pas non à une autre œuvre de Nina Berberova. Je n'ai pas été foncièrement déçue vu que je n'avais aucune attente particulière la concernant. Bises et prends bien soin de toi (pour le froid)

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  13. Tu me rappeles que je dois terminer "C'est moi qui souligne" de cet auteur que j'ai un peu mis de côté !!

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  14. Comme toi, ce roman ne m'avait pas touché.

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  15. 2 tablettes de chocolat pour 100 pages..... attention, ne te lance pas dans un gros pavé, tu exploseras ton quota de chocolat !!!

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    1. Oui et dire que je vois le médecin professionnel demain ... j'angoisse d'avance (et allez, hop, une autre tablette !)

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  16. Voilà qui me rassure. J'avais entendu monts et merveille de ce roman, qui m'a ennuyé, et laissé totalement froid. Même le style, que tout le monde trouve lumineux, m'a semblé correct, sans plus. Quant à l'histoire, quel ennui, mes aïeux! Mais bon, je me rends compte que je ne suis pas un admirateur des parutions Actes Sud, qui me paraissent trop souvent prétentieuses, froides et sans âme (même s'il existe heureusement des exceptions comme Lignes de faille, de Nancy Huston).

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    1. Actes Sud, une maison indépendante et intéressante. Bien sûr il y a Nancy Huston et Laurent Gaudé (sauf ses deux derniers) mais aussi Les pieds sur terre (Sonia Kronlund) -un indispensable-, L'envers des autres (Kaouther Adimi), Les insurrections singulières (Jeanne Benameur), La destruction du Parthénon (Christos Chryssopoulos, Nicole Roland,Aki Shimizaki... Rien que pour ces citations, j'aime Actes Sud. On a donc là un point de divergence. Concernant l'Accompagnatrice, je te suis.

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  17. Attention, je n'ai pas dit que je n'aimais pas cet éditeur (enfin si, un peu, à la relecture de mon commentaire). Il y a quelques bons romans que j'ai appréciés (dont Tsubaki, de Shimazaki, que tu évoques). J'aime aussi l'objet livre que la maison propose (enfin, moins leurs dernières parutions, qui ont toutes la même couverture). En tout cas je note les romans que tu cites, j'essaierai de les lire à l'occasion.

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    1. Tu as le droit de ne pas aimer et de le dire. En répondant à ton précédent commentaire, j'ai juste signifié que je ne partageais pas ton précédent avis. Bises

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