Dans cet essai au titre positif, Jean-Claude Guillebaud pose la question de l'espérance (et de son antithèse, la culture de l'inespoir dans laquelle on nage depuis trente ans). Savamment argumenté par des citations de penseurs contemporains, en pédagogue, l'auteur présente sa pensée en des termes simples (et non simplistes) : un discours suffisamment rare actuellement qu'il mérite toute notre attention.
En dix volets, Jean-Claude Guillebaud analyse l'humanité toute entière sans se restreindre aux Français. Premiers conseils : Permettre l'avenir (il rappelle l'exemplarité des habitants d'une petite ville du Sud-Liban à reconstruire dix minutes après un dernier bombardement), guérir du pessimisme ambiant (sans occulter les raisons louables de nos exaspérations multiples et fréquentes), retrouver le « nous » de la fraternité dépassé par le «je» de l'individualisme après la Première Guerre mondiale, aspirer à l'égalité, construire l'Histoire au lieu de la subir, ...
page 56 : « Pour ce qui est des idées, revenons une dernière fois à Bernanos et à ses colères. L'« inversion » axiologique amorcée au début des années 1980 nous renvoie à sa fameuse exclamation lorsqu'il revint en Europe après la Libération. Interrogé sur la joie qu'il devait éprouver, lui qui avait fermement soutenu la France libre et de Gaulle eut cette réponse cinglante : « le mensonge a seulement changé de répertoire ». Il voulait dire qu'à l'aube prometteuse de la Libération succédait déjà l'affairement des partis et des intérêts. »
Jean-Claude Guillebaud analyse cette situation de désespérance en pratiquant une enquête historique, sociologique, politique et économique sur les causes nombreuses et nous rappelle qu' « Une société qui n'est plus « tirée en avant » par une valorisation de l'avenir, une société sans promesse ni espérance, est vouée à se durcir. Ramené à lui-même et cadenassé sur sa finitude, le présent devient un champ clos. »(pages 68 et 69).
Une autre vie est possible, un exposé limpide et bien écrit, empli d'humanisme, de positive attitude, d'espoir aussi : un être humain n'est rien seul, l'idée communautaire européenne reste la plus belle de toutes (malgré les sabordages opérés lors des votes des traités tels Maastricht, précipitant les états membres à une guerre économique. Son récent prix Nobel de la Paix en devient une gageure), les « altereuropéens » d'hier peuvent devenir les bâtisseurs de demain (page 162).
Une injonction à retenir : Souviens-toi du futur ! (Deutéronome 25 : 17-19)
Livre reçu et lu dans le cadre de l'opération de Libfly, La voie des Indés, en partenariat ici avec les éditions L'Iconoclaste, que je remercie infiniment.Rentrée littéraire 2012
avis : Zazy
Voilà un livre qui remonte le moral.
RépondreSupprimerOui, un livre intéressant qui replace les problématiques dans son ensemble et j'ai aimé la parole de cet intellectuel de gauche. J'ai eu l'impression d'apprendre et ce fut un sentiment très agréable. Nous devons apprendre à nous faire confiance et à nous aimer tout simplement.
Supprimerje le prendrai à la bibliothèque car je suis très tentée
RépondreSupprimerJe peux te l'envoyer avec d'autres bouquins ! C'est quand tu veux, quand tu peux !!!!!! Bises
SupprimerUn monsieur très bien et très intelligent, Jean-Claude Guillebaud...
RépondreSupprimerOui et d'un recul incroyable : quelqu'un qui s'est évadé pour découvrir d'autres cultures, d'autres civilisations. Bises
SupprimerCe livre est tentant, car le pessimisme actuel me désole et j'ai constamment envie de secouer les gens pour qu'ils aillent de l'avant, j'ai juste un peu peur que ce soit trop complexe?
RépondreSupprimerAu contraire, le discours est hyper limpide (pour une personne si peu au point que moi) et vraiment bien documenté, sans en être lourd de références. Un chouette moment à passer.
SupprimerVive les livres optimistes! C'est terrible, autour de moi les jeunes (euh... on va dire que jeunes, c'est moins de 40 ans, einh!!) n'ont plus foi en rien. Il sont terrifiés à l'idée de perdre leur niveau de vie, on dirait que seul l'aspect financier compte. Si seulement ils pouvaient lire ces livres, qui élargissent les horizons...
RépondreSupprimerComme l'a précisé un jour Keisha ou Aspho, on peut dire aussi que la génération des 25-30 ans d'aujourd'hui n'a pas de bol non plus : vouée aux stages à rallonge malgré pléthore de diplômes ! C'est difficile de trouver la vie belle mais j'ai cette chance inouïe d'être contemplative donc je me réjouis de plusieurs anecdotes dans la journée : un ciel lillois d'un magnifique gris avec les briques rouges des maisons (on ne rigole pas, s'il vous plaît !), le bonjour d'un voisin, un cours avec des élèves riche et dynamique, retrouver ma petite famille, mon clan, voir mes neveux ... Je suis en ce moment heureuse et j'essaie de faire fructifier ce temps. Bisous, ma belle.
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