Je continue avec les prix littéraires 2012 et aborde avec plaisir le petit Fémina étranger 2012. Avec un titre pareil et une première de couverture sublime, mon choix fut vite fait et j'ai succombé tout simplement.
« Sur le bateau nous étions presque toutes vierges. Nous avions de longs cheveux noirs, de larges pieds plats et nous n'étions pas très grandes. Certaines d'entre nous n'avaient pas mangé toute leur vie durant que du gruau de riz et leurs jambes étaient arquées, certaines n'avaient que quatorze ans et c'étaient encore des petites filles ...»
Un démarrage sur les chapeaux de roue et me voilà embarquée avec ces Japonaises souvent mimi, parfois mini. Première découverte de cet exode massif au XXème vers une terre promise, à la rencontre de princes charmants détaillés par écrit, usurpés à l'arrivée. Au final, point de belle demeure ou de serviteurs à disposition mais plutôt des travaux pénibles dans les champs, une servitude domestique constante, des utopies envolées et un présent plutôt lourd. Et puis l'arrivée des enfants à la double culture fragile, oscillant constamment entre l'idiome maternel et l'américain scolaire, entre Bouddha et Coca et enfin, le conflit armé entre les États-Unis et le Japon lors de la seconde guerre mondiale (Pearl Harbor et autres) engendrant la suspicion au sein du clan étatsunien puis la déportation.
Certaines n'avaient jamais vu la mer, un livre splendide sur une partie de l'Histoire américaine inconnue pour moi : outre le récit savamment orchestré par ce « nous » lancinant rattaché à des histoires personnelles de Matsuko, de Masayo etc (passant du général au particulier, au détour d'une phrase), Julie Ostuka évite l'écueil de l'essai tout en décrivant les conditions de vie, de pensée de l'époque. Elle aborde avec douceur le multiculturalisme, l'exode et le choc des civilisations, le sentiment de ne s'intégrer à rien et de renier tout (certaines travaillent comme femmes de ménage, un travail honteux pour les parents japonais, une profession tue pour ne pas jeter l’opprobre sur la famille restée là-bas), la vaillance de ces femmes qui n'ont eu de cesse d'exister au sein de leur foyer pas toujours idéal et de le raviver etc. Ce chant choral tel celui de sirènes échouées sur une plage sans possibilité de retour vers le corail originel marque les esprits par sa construction en huit chapitres bien distincts, sa forme narrative cohérente et les anecdotes tantôt douloureuses tantôt charmantes de ces personnes qui n'ont jamais abandonné ni leur fierté ni leur âme ... des héroïnes courageuses d'un temps passé dont il était urgent de rappeler le souvenir.
page 89 : concernant les enfants
« L'une voulait être couturière diplômée. L'un voulait être professeur. L'une voulait être médecin. L'un voulait être sa sœur. L'un voulait être gangster. L'une voulait être une star. Et nous avions beau voir s'accumuler les nuages à l'horizon, nous n'en disions mot pour les laisser rêver. »
Traduction de Carine Chichereau
Éditions Phébus - Littérature étrangère
Rentrée littéraire 2012
Prix Fémina étranger 2012 (archi mérité)
emprunté à la bibliothèque
Rentrée littéraire 2012
Prix Fémina étranger 2012 (archi mérité)
emprunté à la bibliothèque
c'est vrai que la couverture à elle seule donne envie de lire le livre
RépondreSupprimerdonc tu le recommande chaleureusement
je le lirai inévitablement
Phébus fait un travail remarquable, la preuve encore une fois
L'édition du livre est superbe (quelle couverture quand même !) et le contenu d'un lyrisme fou : j'ai vraiment aimé cette œuvre. Je conçois que la forme peut sembler répétitive toutefois.
SupprimerIl est à la bibliothèque, chic, je le réserverai parce qu'il est sorti dans les quatre bibliothèques de la ville.
RépondreSupprimerquel succès ! Tant mieux, un livre intelligent et accessible à tout type de lecteurs.
SupprimerLu, mon billet est prêt, ça vient! J'ai très très aimé...
RépondreSupprimeralors je guette, je guette !
SupprimerTrès très envie de le lire, je crois que je vais le recevoir dans le cadre du Prix Elle.
RépondreSupprimerquelle chance tu as de récupérer cette splendeur ! Mais non, je ne cherche pas à influencer l'éminente jurée que tu représentes (tsss... c'est quand même une histoire magnifique... promis, je me tais maintenant).
SupprimerMais tu n'arrêtes pas !
RépondreSupprimerEn ce moment, cinq livres attendent patiemment leur petit billet (d'amour ou pas, c'est selon) : c'est l'avantage des vacances scolaires (lire beaucoup, écrire peu). Je ne compte pas aussi les livres que je découvre actuellement. Prochain avis pour vendredi soir : le "Oh..." de Philippe Djian !!!!!!
SupprimerEncore une lecture où nos avis se rejoignent (http://litterature-a-blog.blogspot.fr/2012/10/certaines-navaient-jamais-vu-la-mer-de.html).
RépondreSupprimerJe m'empresse de rajouter le lien vers ton billet à la fin du mien^^
Zut, j'ai raté le tien : je ne pensais pas que tu avais posté un article dessus. Bien sûr, je joins de suite ton avis et vais, de ce pas, découvrir ce que tu en penses. Bises et merci pour le partage.
SupprimerUn excellent roman et une note très juste : les utopies envolées, la honte, le travail et l'opprobe ... Tout cela, comme tu le dis, si bien travaillé qu'on ne sent plus que l'émotion. Je viens d'acheter son premier titre "Quand l'empereur était un dieu" et je me retiens de me jeter dessus, pour l'instant !
RépondreSupprimerMerci pour le lien, je rajoute aussi le tien !
A bientôt
Je résiste à l'appel de l'acheter mais je crois que je vais succomber pour ce premier roman. Flûte, alors ! Et mes bonnes résolutions ? (au vestiaire)
SupprimerMerci ma Phili, j'ai rajouté ton lien aussi... Moins emballée que toi, même si je reconnais de grandes qualités à ce roman. Pas embarquée.
RépondreSupprimerBisous :)
Tu es restée à quai mais avec nous (tant mieux !). Bisous
SupprimerJ'ai prévu de le lire
RépondreSupprimerJ'en suis ravie et découvrirai ton avis avec plaisir comme toujours.
SupprimerJ'ai aussi envie de l'aimer, ce livre !
RépondreSupprimerQuelle jolie phrase, Dame Anne ! Merci.
SupprimerAie aie aie, j'ai déjà 5 livres de la rentrée qui m'attendent et qu'il faut "absolument que je lise tellement ils sont trop bien". Tu en rajoutes un 6ème. Il me faisait déjà de l'oeil mais je résistais. Avec ton billet, je crois que c'est peine perdue...
RépondreSupprimerRegarde les autres billets, ceux plus nuancés comme celui d'Une Comète : peut-être arriveras-tu à résister autrement !!! (bises et bon courage...)
SupprimerAh tu as bien aimé, tant mieux ! Certains avis étaient mitigés, mais de toute façon je veux le lire (j'ai déjà lu "Quand l'empereur était un dieu" où elle raconte la vie de ses grands-parents dans un camp aux USA).
RépondreSupprimerJe l'ai noté pour le Dragon 2012, mais tu avais déjà fini la catégorie Dragon de papier depuis longtemps ! Un livre plus un autre article (tu as parlé du film L'été de Kikujiro).
Si tu veux, tu peux passer en Dragon d'eau avec 3 livres (tu en as 4) et 2 articles différents (il ne t'en manquerait plus qu'un avant le 9 février).
Tu n'es pas obligée de donner ta réponse maintenant. Tu laisses faire et si tu as un article qui correspond avant la fin du challenge, on le mettra à ce moment-là.
Bonne continuation et à bientôt.
Une amie m'a en effet parlé de son premier roman qu'il me tarde de découvrir. Pour ton challenge, que j'aime beaucoup, ce sont les articles hors littérature qui me posent problème. Il faut que je trouve un autre domaine, c'est tout. Je continue les contributions littéraires de toute façon quand elles se présentent.
SupprimerJe suis contente que tu aies aimé :)
RépondreSupprimerOui c'est un très bon roman.
SupprimerAllez hop! Dans ma liste de Noël!
RépondreSupprimerTu fais bien de parler de Noël car pour la première année de ma vie d'adulte, je ne commanderai pas de livres au Papa Noël (je purge ma PAL et ma bibliothèque municipale a fait de chouettes acquisitions). Bisous et bonne préparation de liste.
SupprimerLes avis semblent être unanimes, je note donc !
RépondreSupprimerIl y a des nuances tout de même. Je n'ai pas mis cinq étoiles car la forme narrative m'a un peu lassée sur la fin et je suis reconnaissante à l'auteure d'avoir su quitter son histoire au bon moment.
SupprimerUn petit à-priori m'a retenu jusque là de lire ce roman mais je vais finir par me laisser convaincre !!!
RépondreSupprimerBien, bien, le style intéressant peut dérouter certains ! Bises
SupprimerCe "nous" dont tous les billets parle attise ma curiosité et je l'ajoute à ma longue liste .bises
RépondreSupprimerJe comprends pour la liste que je tente vainement de réduire. Bises
SupprimerIl me tente de plus en plus ... ;)
RépondreSupprimerje vois ce que cela signifie : bisous !
SupprimerIl va falloir que je le recommande dans ma bibliothèque, il n'est pas au catalogue; je viens de le monter en tête de ma liste... :-)
RépondreSupprimerMerci pour le partage!
Avec plaisir, Madame, surtout avec de si beaux titres. Bises
SupprimerIl me tente beaucoup ! Il est programmé pour les prochaines vacances de Noël.
RépondreSupprimerJe vois que vous allez bien occuper vos vacances. Bien à vous.
SupprimerNon, toujours pas tentée. Un "je ne sais quoi" me retiens....
RépondreSupprimerPeut être que le style t'inquiète ou l'histoire ne te parle pas ? Bises
Supprimertentant, tentant :-)
RépondreSupprimerOui, oui et OUI !!! (Le syndrôme Djian m'a attrapée)
SupprimerIl me faisait envie, il me fait toujours envie, mais je ne le trouve toujours pas ! Je ne sais pas ce qu'a fait ma librairie, mais je vais devoir sévir (autrement dit, insister régulièrement pour le voir mis en rayon s'il traîne dans un carton à cause de la rentrée universitaire/des fêtes/que sais-je?) ou le commander.
RépondreSupprimerAttention cette fois c'est Minou qui attaque : prends garde, oh Sainte Librairie, qui ne sait pas mettre en rayon les livres que Minou désire !
SupprimerHaha merci pour ton soutien ! J'ai déjà donné quelques coups de griffe, ça devrait fonctionner à nouveau :p
SupprimerDemain, un petit rappel sur ton challenge Luce Wilquin. Bises (soutien total !)
SupprimerUn beau roman, tu me rappelles qu'il rentre dans le challenge de Catherine d'ailleurs, merci !
RépondreSupprimerOui, un roman indispensable à lire, on en prend plein les yeux et les oreilles.
SupprimerJe suis en pleine lecture entrecoupée (je termine la liste des livres du prix Livre Inter) de la version originale (The Buddha in the Attic) passé par une amie parisienne....et dès le premier chapitre je m'étais dit, ce livre il faut le traduire, c'est magnifique cette approche chorale....- deux trains de retard donc (j'ai raté le Medicis et vos critiques enthousiastes...)
RépondreSupprimerBernhard
www.lorenztradfin.wordpress.com
Non, vous n'êtes pas en retard car vous découvrez ce magnifique livre ! Profitez-en bien, vous avez beaucoup de chance.
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