Éditorialiste argentin des années 1930, Roberto Arlt s'est fait le porte-parole des laissés-pour-compte de la société civile de Buenos-Aires. Tour à tour caustique, railleur ou moqueur voire intransigeant, il dresse une galerie spontanée de cette faune urbaine et présente les oisifs ou autres profiteurs, fouineurs, fourbes, homme bouchon ou même femme de médecin !
Se promenant dans les rues de cette capitale pluriculturelle, il décrit les ruelles et l'ambiance de cette grande ville, gamberge sur son métier de pigiste et contemple ses contemporains : il fustige les bourgeois et tente d'appréhender la classe laborieuse. Parfaitement rédigé, dans une langue moderne (malgré l'ancienneté des textes : c'est certainement lié à la traduction parfaite de Antonia Garcia Castro), Eaux-Fortes de Buenos Aires souffre uniquement du ton morose de son auteur. Dépeindre toujours la noirceur de la nature humaine a tendance à toucher au moral du lecteur, et ce malgré l'ironie assumée, le plaisir évident et la dextérité littéraire de ce grand essayiste et penseur argentin d'avant-guerre. C'est là son principal défaut. Car Roberto Arlt nous dispense aussi une voix inhabituelle et des chroniques vraiment rafraîchissantes. L'ouvrage des éditions Asphalte comporte également des photos d'époque et un lexique succinct du vocabulaire arltien : quelle bonne idée !
pages 76 - 77
L'homme qui fait le mort, est-ce celui qui, après maintes réflexions, est arrivé à la conclusion que travailler ne vaut guère la peine ? Non. Ne fait le mort qui veut, mais qui peut, ce qui est très différent.
Celui qui fait le mort a ça dans le sang.
À l'école, c'était le dernier à lever le doigt pour réciter sa leçon ou, s'il connaissait les manies de l'instituteur, il ne levait le doigt que lorsqu'il était sûr que celui-ci ne le désignerait pas en croyant qu'il savait sa leçon.
Lorsqu'il était plus petit, il se faisait porter par sa mère, et si on voulait le faire marcher, il chialait comme s'il était très fatigué parce que, dans son entendement rudimentaire, il était plus pratique de se faire porter que de se porter soi-même.
pages 115 - 116
L'Homme bouchon, qui jamais ne s'enfonce, quels que soient les événements troubles auxquels il est mêlé, est le type le plus intéressant de la faune des enflures.
Peut-être le plus intelligent et le plus dangereux.(...)
Bien, quand un malandrin de cette espèce ou de n'importe quelle autre espèce vous dit que « son nom et son honneur n'ont pas été affectés par le procès », mettez vos mains dans vos poches et ouvrez grand les yeux, autrement vous pourriez le regretter.
Déjà à l'école, il était un de ces élèves sournois, faux sourire, bien appliqué, et qui, quand il s'agissait de jeter un caillou, le refilait au camarade.
Traduction de Antonia Garcia Castro
Éditions Asphalte (201 pages)
SP reçu et lu grâce à une opération conjointe Libfly-les éditions Asphalte : un énorme merci pou cette découverte !
avis : Eric
Rentrée littéraire janvier 2014
et un de plus pour le challenge de Valérie
Piqûre de rappel #3 : n'oubliez pas de participer à mon concours organisé avec les éditions J'ai lu et Thomas Raphaël : trois exemplaires en édition poche de Le bonheur commence maintenant sont en jeu. C'est ici (Demain sera le dernier jour de participation)
Piqûre de rappel #3 : n'oubliez pas de participer à mon concours organisé avec les éditions J'ai lu et Thomas Raphaël : trois exemplaires en édition poche de Le bonheur commence maintenant sont en jeu. C'est ici (Demain sera le dernier jour de participation)
Très jolie couverture. Pour le reste, j'avoue que je ne suis pas tenté.
RépondreSupprimerTu sais où le trouver, au cas où tu changerais d'avis. Bises
SupprimerComme Jérôme
RépondreSupprimerok ! bisous
SupprimerAsphalte publie de très bons bouquins souvent noirs, sombres, des pans de certaines sociétés, sur-américaines, italiennes récemment. Eric, sur le blog des Huit plumes parle également de ce recueil de chroniques, en bien
RépondreSupprimerJe trouve que ce livre est très bien écrit et traduit : la qualité éditoriale est là, c'est sûr !
SupprimerC'est inhabituel comme style et ce doit être intéressant à découvrir, que l'on aime ou pas mais c'est mieux quand on accroche non ? là tout de suite ça ne me tente pas !!! :)
RépondreSupprimerOk, j'ai bien aimé le lire en tout cas.
SupprimerUne couverture qui ne m'attire pas.
RépondreSupprimerBonne fin de semaine.
Je l'aime assez, moi, cette couverture.
SupprimerJ'aime bien ces livres un peu atypiques.
RépondreSupprimertu veux que je te l'envoie ? je sais que tu ne manques pas de lectures !!! bisous
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