Si j'ai lu Une forêt d'arbres creux d'Antoine Choplin, c'est grâce à Jérôme qui me l'a offert, connaissant mon attachement à La nuit tombée. Et je vais rajouter qu'Une forêt d'arbres creux fait partie des rares livres que j'ai relus. La première fois, j'ai ressenti du vague, du flou, je n'étais pas complètement en adéquation avec le texte parce que mon esprit n'était pas si reposé que cela. La seconde fut la bonne et là, l'émotion m'a submergée. Non, je n'ai pas pleuré, j'ai juste ressenti l'infinie délicatesse d'Antoine Choplin pour ses personnages, sa prose toujours aussi poétique, le respect de ne pas trahir ce qui fut et d'éviter le sordide malgré la période relatée. Antoine Choplin est décidément un auteur d'une très grande classe.
image captée sur le site Babélio |
Bedřich Fritta, dessinateur satirique tchèque, est déporté en 1941 dans le camp de Terezin, avec sa femme Johanna et leur fils Tomi. Là, il est affecté à l'atelier « architecture », lieu qui conçoit les agrandissements de bâtiments avant l'élaboration de crématoriums. Façade funeste des nazis, Terezin fait semblant d'accueillir, diminue assurément, berne la Croix Rouge internationale effrontément. Là donc, Bedřich retrouve d'autres faisant-fonction comme lui, des artistes opprimés, un conservateur de musée, des hommes garants de la culture, que les nazis tentent de bâillonner, d'anéantir. Mais la réalité doit être annoncée et la résistance s'opère.
Tout est beau dans ce roman, malgré l'atmosphère lourde. Non, Antoine Choplin ne prend pas le risque de La vie est belle de Roberto Benigni. Parce que les parents de Tomi ont décidé de ne pas mentir, mais de vivre tout simplement, le plus longtemps possible. Malgré la mascarade de ce ghetto, on sent le manque, l'humiliation constante, ces infirmeries qui servent d'anti-chambres ferroviaires, la violence sur les corps, la faim. On respire l'immense force des déportés qui gardent la tête haute et cherchent à transmettre leur vécu à l'extérieur. Avec sensibilité, Antoine Choplin décrit les œuvres, héritages artistiques et historiques, testaments insupportables du troisième Reich. Elles témoignent à la place de leurs créateurs et contredisent le fameux discours du « On ne savait pas ».
Comme Alex qui clôture chaque chronique par une image, je n'oublierai pas de sitôt le bonhomme de neige (tout comme la porte de La nuit tombée). Touchée en plein cœur !
Éditions La fosse aux ours
Rentrée littéraire 2015
Du même auteur : La nuit tombée
Il fait maintenant partie de mes auteurs incontournables. Comme tu dis, il a la classe et ça c'est rare.
RépondreSupprimeroui, il a une retenue et une belle écriture. je souhaite à ce roman une belle route.
SupprimerNoté tu penses bien !
RépondreSupprimerj'en ferai un LV : il faut juste que je m'organise pour cela. Bises
SupprimerJamais lu ! mais vos 3 billets sont diablement tentateurs ! alors je note ;-)
RépondreSupprimermerci merci
merci à toi, Framboise, pour cet élan et cet enthousiasme qui fait du bien !
SupprimerAntoine Choplin est un artiste, et un écrivain, un vrai...! Touchée, coulée... aussi !
RépondreSupprimerRavie d'avoir partagé ce coup de cœur avec vous deux...!
moi aussi, j'en redemande ! bisous
SupprimerJ'ai lu "le héron de Guernica" de Choplin. Un grand moment de plaisir.
RépondreSupprimerje compte l'emprunter ne biblio : merci de cette piqûre de rappel efficace !
SupprimerJe me doutais qu'il te plairait ce nouveau Choplin. Ravi de l'avoir partagé avec Noukette et toi, c'est un auteur qui nous va comme un gant je trouve ;)
RépondreSupprimeroui exactement : c'est un auteur qui mérite d'être reconnu.
SupprimerTon billet associé à celui de Jérôme ne me donnent pas le choix : il faut que je le lise!
RépondreSupprimeroui c'est urgent !!! je blague bien sûr.
SupprimerNoté bien sûr, même si je crains de ne pas retrouver le même engouement que pour mon chouchou, Le héron de Guernica. J'adore cette écriture toute retenue.
RépondreSupprimerje le note, je le note, ce héron ! bises
Supprimeril fera partie de mes "pourquoi pas!"
RépondreSupprimerune évidence pour moi. Bises
SupprimerJ'ai vraiment l'impression d'être passée totalement à côté de cet auteur qui a l'air super, et que je n'ai jamais lu ...
RépondreSupprimernon, il y a tant à lire : tu as donc la chance de découvrir Antoine Choplin.
SupprimerJe ne connais pas mais tu en parles bien!
RépondreSupprimermerci, Philippe et grosses bises.
SupprimerJ'aime tellement Antoine Choplin...
RépondreSupprimerAs-tu lu Le héron de Guernica? C'est une lecture magnifique!
tu es la troisième personne à me le conseiller : je pense que je vais l'acheter (il n'est pas à la biblio)
SupprimerJ'ai déjà noté Choplin avec Radeau et Le héron de Guernica. Je ne connaissais pas celui-ci. Le sujet m'intéresse fortement.
RépondreSupprimeret le sujet est très très bien traité. Bises
SupprimerSans aucun doute je le lirai. Je fais confiance aux gens de goût que vous êtes...
RépondreSupprimermerci beaucoup, ta confiance nous honore et grosses bises.
SupprimerVous êtes plusieurs à être enthousiastes, il est très beau ton billet, mais je crains ce sujet plus qu'un autre, je ne pense pas le lire maintenant, mais je me suis promis de découvrir cet auteur à court terme. Très jolie chronique Phili, c'est poignant (et j'aime le coup du démarrage diesel)...ah il nous gâte ce Jérôme ;-)
RépondreSupprimerla période est dure mais Antoine Choplin a l'art de ne pas la rendre plus pesante qu'elle n'est. Il ne tombe jamais dans le lacrimal. Il est juste tout simplement (et très fort). Bisous et merci pour tout.
SupprimerTu m'intrigues avec ce bonhomme de neige..... Je vais être obligée de le lire, trop dur !
RépondreSupprimercomme j'ai pensé à toi avec le bonhomme de neige, je suis quasi sûre que tu aurais retenu cette image parmi d'autres. J'ai hâte de lire ton retour pour voir...
SupprimerJ'ai vu un très beau film sur cette terrible période, "Phoenix", pareil, tout en délicatesse.
RépondreSupprimerce n'est jamais simple de traiter cette période : elle est délicate, on n'en fera jamais le deuil parce qu'on a atteint, là, le mal absolu qui a gangréné ensuite l'humanité toute entière. Je prends note de ce film. Je passe te voir dès que possible, ton blog me manque trop mais je sais que je dois lui réserver un temps certain pour lire tes chroniques toujours nourries et enrichissantes.
SupprimerDe la part de Sandrion dont Blogger bloque les commentaires :
RépondreSupprimer" Oh oh ! Un nouveau Choplin ? J'en ai lu 4 je crois qui m'ont tous emballée alors je note rapidement ce titre (et j'espère que mon commentaire te parviendra car j'ai souvent beaucoup de mal à déposer un commentaire chez toi... bouh !)"
merci à toi, Sandrion, pour ta patience. Bises
SupprimerJ'avoue que La nuit tombée me semble plusieurs crans au dessus de celui-ci.
RépondreSupprimerÀ ma première lecture, c'est ce que je pensais et lorsque je l'ai relu, j'ai trouvé le discours moins confus, le rythme plus équilibré que dans La nuit tombée.
Supprimerje ne connais pas cet auteur... mais cela donne envie de le découvrir!
RépondreSupprimerc'est un auteur à l'écriture toute jolie : il mérite vraiment sa part de soleil.
SupprimerJérôme et toi me donnez sacrément envie de découvrir davantage cet auteur! Je n'ai lu que Cour nord...
RépondreSupprimeret je ne connais pas Cour nord : que fais-je ???? Bisous
SupprimerJe l'avais noté et tu confirmes mon envie de la lire
RépondreSupprimerc'est un très joli livre, entêtant : je l'aime beaucoup
SupprimerToujours rien lu de lui, il va falloir y remédier.
RépondreSupprimerses romans sont courts et intelligents. J'aime bien.
SupprimerUn très beau billet!
RépondreSupprimermerci à toi ! bises
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