Je crois que je n'ai pas lu L'amas ardent de Yamen Manai au bon moment, avec un esprit embrumé par les contraintes professionnelles ardues. Si j'adore toujours la plume légère et intelligente de l'auteur, je n'ai pas retrouvé l'extase de La sérénade d'Ibrahim Santos ou la douceur et subtilité de La marche de l'incertitude. D'où ce sentiment de frustration parce que L'amas ardent, même s'il est plus grave et politique que ses deux copains, est un roman qui mérite d'être lu !
image captée du site Babelio |
Dans le village de Nawa, les habitants sont paisibles même s'ils manquent de tout : il faut faire des kilomètres pour récupérer de l'eau, chercher de la nourriture. Les vêtements, plus proches de guenilles, tiennent sur les corps à bout de ficelles. Au village de Nawa, les abeilles du Don vivent elles aussi en toute quiétude : elles tapissent leur ruche de miel succulent, trésor qui caresse les corps et les cœurs. Mais, au village de Nawa, les envahisseurs veillent, parfois par religiosité, souvent par animalité. Et la guerre sommeille.
L'amas ardent vaut la lecture autant par l'intrigue qui décompose les étapes de décérébration puis d'aliénation mentale menées par les fondamentalistes musulmans, que par le style métaphorique de la description de tout conflit (tantôt animalier, tantôt humain, tantôt philosophique). Pas à pas, on y lit la lente déroute d'une république gangrénée par des énergumènes patentés à imposer l'ultime Loi.
Récit implacable, très bien écrit avec une plume acerbe et pleine de joie, L'amas ardent retrace, comme tant d'autres avant lui, les conditions de montée des extrémistes de tout bord : une population en souffrance, une jeunesse au chômage galopant et à l'avenir incertain, une ascension sociale très limitée voire inexistante. Il ne s'agit pas de se tourner uniquement vers les pays du Maghreb (en particulier la Tunisie dont Yamen Manai est natif) pour constater que le risque d'explosion sociale guette tous les pays (en particulier la France).
L'amas ardent s'achève sur une note pleine d'espoir : la confiance en une perle qui renforcera la cohésion de toutes les autres. Très joli !
Elyzad, une belle maison d'édition. Je le note de suite
RépondreSupprimerAuteur totalement inconnu pour moi. Je note en priorité "La sérénade d'Ibrahim Santos" ;)
RépondreSupprimerUne bien jolie conclusion.
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