Les gratitudes - Delphine de Vigan ***

En lisant Les gratitudes de Delphine de Vigan, je n'ai pas cessé de penser à Ensemble, c'est tout. J'ai trouvé l'histoire super sympa à lire, les personnages attachants. Mais ce livre a souffert de la comparaison avec l’œuvre d'Anna Gavalda parce que je l'ai considéré comme une partie de cet Ensemble, c'est tout, une partie certes éclairée, mais une partie tout de même. Ce ressenti est certainement idiot mais je n'ai pas réussi à m'en défaire (peut-être aussi parce que j'ai adoré lire Ensemble c'est tout que j'avais trouvé à l'époque très très abouti). 
Les gratitudes dévoile un trio de choc : Michka, une vieille dame qui perd l'usage des mots, Marie sa voisine-confidente-petite-fille par adoption et Jérôme-l'orthophoniste qui veille à retarder l'échéance de l'oubli. Dans ce roman, tout fonctionne par binôme (à aucun moment les trois se retrouveront ensemble et les dialogues sont multiples) et par singleton (chacun a le droit de s'épancher, d'exprimer ses pensées).  
Les gratitudes exprime aussi deux quêtes : celle de l'identité, celle de la re(con)naissance. Renouer avec le passé construit l'avenir et l'apaisement. 
Ce qui ressort fortement du roman de Delphine de Vigan, ce sont l'amour et la bienveillance entre les personnages. Sa force et sa particularité sont l'objet langage : celui de la communication, celui de la communion des corps et des esprits. 

En découvrant Les gratitudes, vous ne risquez rien à part le bonheur d'un moment agréable de lecture, une douceur. L'élocution décrochée de Michka m'a profondément attendrie, le passé écorché de nos héros et leur capacité de résilience m'ont intéressée. J'ai surtout été admirative du travail de Delphine de Vigan sur les dialogues, au point de rendre l'aphasie naturelle avec un phrasé qui en devient poétique et émouvant.

Au cours de ma lecture, m'est venue une autre évocation, sonore cette fois (grâce à l'unique page écrite qui ne porte pas de numéro mais qui se situe au 167ème rang) : La lettre de Renan Luce (et je n'en dirai pas plus, à vous de découvrir pourquoi en lisant ce roman).

Éditions Jean-Claude Lattès

autres avis : Clara, Comète, Cuné, Cathulu, Laure, Violette,

Emprunté à la bilbiothèque 

De la même autrice :
D'après une histoire vraie (abandon... oui, je sais, ce n'est pas glorieux ... et non chroniqué, of course !)
No et moi (lu et non chroniqué)


évocation musicale : La lettre - Renan Luce 

14 commentaires:

  1. Je ne l'ai pas encore lu mais j'y viendrai, D'après une histoire vraie reste pour l'instant mon préféré ^^

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    1. Ok il faudra que je le reprenne un jour mais je t'assure que le première fois j'ai insisté !!! Bises.

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  2. Je n'ai pas lu le Gavalda mais j'ai vraiment beaucoup apprécié cette lecture. Et pourtant, je ne suis pas une inconditionnelle de de Vigan à la base. Mais ce récit a su me toucher. Il y a de la douceur comme tu le dis, mais clairement teintée d'une pointe de regret sur ce lien intergénérationnel qu'on ne creuse peut être pas toujours assez. Et ça a trouvé un véritable écho en moi.

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    1. Je ne pense que cet écho a été moins prégnant chez moi car je l'avais surtout ressenti dans Ensemble c'est tout. Dans ma vie privée j'ai perdu deux personnes qui m'étaient très chères assez récemment et j'ai pu les accompagner dans les derniers mois de leur vie et leur dire merci, et vivre aussi pleinement ce lien intergénérationnel.

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  3. Une lecture qui fait penser à pleins d'autres textes.

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    1. Oui je pense que Delphine de Vigan est très inspirée par ce qui l'entoure et conçoit une œuvre imprégnée de certaines évocations.

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  4. Tiens, cela pourrait bien me plaire tant j'ai beaucoup aimé, tout comme toi, "Ensemble c'est tout" :)
    Merci pour la découverte, bonne journée !

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  5. Celui-ci m'a laissée un peu sur ma faim, même si j'apprécie son écriture j'ai trouvé que Delphine De Vigan reste un peu en surface dans ce livre.

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    1. Oui notamment sur la gratitude de Michka à l'égard d'un couple de son passé. On est d'accord. Le livre est court, c'est aussi parfois difficile de creuser en si peu de pages.

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  6. J'ai lu ensemble c'est tout il y a très très longtemps mais j'avais beaucoup aimé et j'aime beaucoup Delphine de Vigan alors je me laisserai sans doute tenter un jour ;-)

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  7. Je ne sais pourquoi, mais je n'arrive pas à lire cette autrice

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    1. Rien ne s'oppose à la nuit est vraiment très bien. No et moi aussi. Les heures souterraines est plus sombre. Je crois que ce qu'il te manque chez elle c'est la forme lyrique de la narration, je sais que tu y es sensible. Et ce qui peut être prégnant c'est le côté un peu survolé, pas complétement creusé (alors qu'en fait il y a du boulot de fait).

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