En salle - Claire Baglin (entre *** et ****)

En salle est un écrit qui relève à la fois de l'autofiction et de la fiction, entre sociologie et la thématique du monde du travail ouvrier, dans la lignée d'autres récits récents illustres comme À la ligne de Joseph Ponthus et Debout-payé de Gauz.


Dans En salle, l'autrice Claire Baglin décrit les différents postes de travail des employés d'un fast-food clowné (la gestion de la salle, celle du drive, la tenue des frites, le nettoyage des locaux), les cadences infernales, les gestes répétitifs qui modèlent le corps et laminent le cerveau, les petits chefs autoritaires et manipulateurs, les plus cools. Pour donner du rythme à son récit, l'autrice met en œuvre une famille de quatre personnes : un père, une mère, une fille et un garçon très attirés pour la chaîne de fast-food précitée. Le père est ouvrier très attaché à tout type de récupérations et d'économie, la fille prendra le même statut en acceptant un job d'étudiante dans la restauration rapide. Pour cette famille, consommer fast-food est un marqueur des temps de vacances, de temps ensemble.

En salle raconte l'itinéraire de ces deux parcours à 20 ans d'écart : les mesquineries, les petites victoires, l'attente d'une reconnaissance. Cette quête sera vaine de la part du père, elle sera ignorée par la jeune femme plus détachée, plus en recul lié à l'expérience paternelle.

L'écriture de Claire Baglin est incisive, sans fioritures, efficace.  Elle a fait le choix judicieux de courtes scénettes ce qui a l'avantage de conserver l'attention du lecteur tout en conservant intact son discours initial : celui d'un travail qui contraint les relations humaines, les corps par des cadences inhumaines et des rendements à bas coût. À lire.

Quelques images : l'attente d'un pot d'une médaille du travail qui résume parfaitement les marqueurs sociologiques au sein d'une entreprise ; l'affectation en salle comme (au choix) ultime punition, bizutage ou manque de reconnaissance ; la guerre des commandes des porteurs de repas.

Éditions de Minuit


emprunté à la bilbiothèque

autres avis : Alex,


 

5 commentaires:

  1. Je ne connais pas du tout ni le titre ni l'auteure...

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  2. J'avais beaucoup apprécié l'univers de A la ligne, alors pourquoi pas celui-ci

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  3. Je l'ai emprunté à la bibli et abandonné assez vite ; je n'y trouvais pas d'intérêt. Contrairement à "A la ligne" qui m'avait beaucoup plu.

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  4. Empruntable à la bibli. Géraldine en avait parlé, et comme elle avait travaillé dans cet univers...

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  5. J'ai été agréablement surprise par ce roman dont je n'attendais rien, et qui s'est révélé passionnant.

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