[BD] Les oiseaux ne se retournent pas - Nadia Nakhlé *****

Les oiseaux ne se retournent pas est un roman graphique exceptionnel aussi somptueux pour ses graphismes, ses nuances chromatiques (noir, blanc, bleu et rouge) que pour le lyrisme de l'écriture de son autrice Nadia Nakhlé, et pour son scénario cohérent qu'il propose. C'est un livre engagé et engageant, splendide et complet qui mérite d'être davantage connu.

Les oiseaux ne se retournent pas conte deux itinéraires croisés : celui d'une jeune fille dont l'exil est l'espoir de sa famille qu'elle puisse avoir une vie meilleure, et celui d'un soldat déserteur qui ne supporte plus de tuer des innocents et répandre la terreur. Entre eux, le déracinement et le soutien, l'oud comme agent de liaison ; contre eux, les passeurs sans scrupules, les fouilles, les jours et les nuits sans manger, les intempéries, les vols, l'espoir et la peur d'un lendemain incertain, la peur d'un présent traumatique et dangereux, la nostalgie du pays et de ceux qu'on quitte.

Les oiseaux ne se retournent pas rappelle que l'exil est avant tout le choix ultime, celui quand sa survie propre est en jeu, quand l'avenir n'est pas dans son pays d'origine en guerre. Ce choix ultime est même un non-choix, en raison des contraintes énormes qu'il impose : le déracinement durable, l'adaptation perpétuelle en terre étrangère qui nie souvent à tort les cultures/langues originelles des nouveaux arrivants, le risque de ne plus jamais retrouver les siens, le risque de ne pas survivre à cet itinéraire semé d'embûches, de personnages malsains ou malfaisants, d'obstacles insurmontables, le sentiment d'être perpétuellement de seconde classe et non reconnu malgré les diplômes et la position sociale d'origine.

Les graphismes de Nadia Nakhlé sont subtils, de toute beauté : le travail sur la couleur est remarquable (blanc sur fond noir, noir sur fond blanc ; le rouge et le bleu marquent les détails, les liens ou les menaces), le trait de crayon est précis et sert l'onirisme de l'histoire. Chaque page s'apparente à un tableau. Les monologues/dialogues sont empreints de lyrisme, de sagesse, de poésie et d'espoir malgré les doutes. Les textes sont servis aussi par des métaphores qui renforcent le discours. Tout, absolument tout, est beau dans ce roman graphique au titre fantastique et si juste. Une réussite totale et complète.

Un incontournable à lire.

Éditions Delcourt

Emprunté à la bibliothèque

Autres avis : Aifelle, Kathel, Je lis je blogue, Violette,

15 commentaires:

  1. Un album somptueux que l'on n'oublie pas. Et qui est toujours autant d'actualité hélas.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui une histoire qu'on garde à l'esprit tant pour le discours porté que pour ses images.

      Supprimer
  2. Et hop, réservé à la bibliothèque !

    RépondreSupprimer
  3. Tiens, un livre qui a priori devrait me plaire, merci!

    RépondreSupprimer
  4. Oh, ça me fait plaisir de le revoir ! C'est le premier livre que j'ai trouvé dans la médiathèque de mon nouveau lieu d'habitation il y a trois ans, et je t'assure que j'étais ravie, avant même de l'ouvrir, et plus encore après !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je vais aller chercher le lien vers ton avis. Je suis ravie de voir que nos avis convergent.

      Supprimer
  5. J'ai beaucoup aimé ce roman graphique. J'ai eu un peu de mal à retrouver ma chronique car je l'ai lu en 2022. L'histoire est émouvante et le graphisme est somptueux.

    RépondreSupprimer
  6. Oh oui, j'avais beaucoup aimé aussi !! envoûtant et onirique...

    RépondreSupprimer
  7. Quel enthousiasme ! Je note tout de suite.

    RépondreSupprimer