J'ai apprécié de lire Tant mieux, le dernier roman d'Amélie Nothomb et j'ai apprécié de le lire sans saisir le contexte d'écriture (et pourtant, ce n'est pas faute de la part de l'autrice de ne rien cacher de sa genèse, au nombre d'interviews effectuées lors de la promotion de ce nouvel opus.). J'ai apprécié de découvrir cette histoire riche et nourrie, cohérente dans son ensemble. J'ai trouvé les personnages creusés, j'ai apprécié les ambivalences et les secrets, les double vies et les non-dits. J'ai apprécié aussi de ne pas aimer tous ces personnages décrits, de ne pas être attendrie (et qui pourrait l'être face à certaines monstruosités ?). Parce qu'Amélie Nothomb nous montre déjà un problème initial de taille : celle d'une mère qui laisse une jeune enfant (4 ans) en garde estivale à sa propre mère non reconnue pour son talent de bienfaitrice et mère aimante. Et déjà ce nœud sert à la fois d'entrée et d'introduction dans un univers malsain. J'ai apprécié le travail scénaristique de l'autrice pour aborder toutes les facettes de ses personnages essentiellement féminins, pour raconter une histoire dans l'intimité d'une famille meurtrie et délétère, sous fond d'une guerre qui a détruit les âmes sur les champs de bataille et dans la cité. En fermant Tant mieux, je n'ai qu'un regret : le choix d'Amélie Nothomb d'avoir édulcoré la relation de couple Astrid-Donatien. Avec Tant mieux, je ne regarde plus les cuillères en bois comme simples ustensiles de cuisine.
Grâce à Tant mieux, on comprend mieux l’œuvre globale d'Amélie Nothomb, son attirance (attraction) à parler du morbide et de monstres, à les créer et à les analyser, sa fascination et sa répulsion face à la nourriture (son manque d'équilibre aussi). Certains traumas à défaut de réparations sont supportés à force de thérapies et de médicaments, plus ou moins bien, plus ou moins mal ; d'autres sont supportés et deviennent résilients à travers la création artistique qui peut prendre différentes formes (littéraire, picturale, cinématographique etc.) Amélie Nothomb a fait le choix de psychanalyser son essence et ses troubles familiaux par la création littéraire, par son effervescente production : qu'elle continue !
Éditions Albin Michel.
De la même autrice : Frappe-toi le coeur - Les aérostats - Le livre des soeurs - Riquet à la houppe - Soif -
J'avoue que je ne suis plus très attirée par les livres d'Amelie Nothomb mais j'aime bien la personne (du moins ce qu'elle dégage dans les interviews car je ne la connais pas personnellement).
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