Badjens décrit une adolescente iranienne décidée à faire vivre son intégrité physique et corporelle. Sa naissance installe le décor : le déshonneur de la famille paternelle qui rêve d'un garçon, le prénom de naissance imposé par une grand-mère omnipotente. L'éducation qu'elle et son frère cadet vont vivre finit par le planter. Badjens est née révoltée et tout son environnement ne fait que conforter et renforcer cette révolte.
Delphine Minoui décrit une atmosphère oppressante sous un joug religieux omniprésent mais où la résistance fourmille d'audace et d'ingéniosité. Badgens rend hommage aux hommes et aux femmes d'Iran et d'ailleurs qui combattent pour leur liberté et l'expriment par des gestes symboliques, au péril de leur vie. Badjens décrit une jeunesse bien dans l'air du temps qui aspire à évoluer librement.
La lecture de ce roman est aisée : par des phrases courtes et simples, par des mots punchys, Delphine Minoui ne s'embarrasse pas de larges descriptions et garde le point de vue de l'adolescente. J'ai apprécié ce style direct et parfois lyrique. J'ai visualisé les scènes et les temps forts de famille (d'opposition avec le père et la grand-mère, de connivence silencieuse et tenace avec la mère). On sent l'Iran en mouvement, et aussi les répressions perpétuelles. On sent la force et le poids de la majorité silencieuse, malgré l'oppression, et c'est peut-être ce qui est à retenir ici : la peur et la violence sont les armes des dictateurs, pas leur endoctrinement ni le nombre de personnes qui leur sont corvéables à merci.
Page 173 : vers de Simin Behbahani
Pour ne pas mourir, il faut assassiner le silence.
Éditions Points
Ma première participation (185 pages) au super défi Les gravillons de l'hiver de Sibylline du blog La petite liste. Merci aussi à Kathel, PatiVore et Philippe pour la promotion.

J'avais adoré et ma fille de 16 ans aussi (ou avait-elle encore 15 ?) A lire et à faire lire...
RépondreSupprimerJe l'avais déjà repéré, je le note, d'autant plus qu'il est en poche maintenant.
RépondreSupprimerQuelle belle dernière phrase, très juste.
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