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Ciné, cinéma : Discount

Deux blogueuses chères à mon coeur m'ont convaincue à aller voir le film de Louis-Julien Petit : je remercie donc Cathulu (pour sa chronique) et Clara (pour son Blabla).
Discount
image captée sur le site Allociné
synopsis  
Hard-discount alimentaire, l'entreprise Discount tente une mutation interne en rendant certaines caisses automatiques : à la clé des emplois supprimés, d'autres menacés. En attendant les lettres de licenciement, cinq employés (Gilles, Christiane, Alfred, Emma et Momo) ont décidé de gonfler leurs revenus en diminuant ceux du magasin, mais toujours avec ce souci du partage.

mon avis
Ne vous attendez pas au film du siècle, juste à un doux moment de cinéma qui prône des valeurs humanistes et solidaires. Les acteurs jouent avec naturel (mention spéciale à Corinne Masiero et à Pascal Demolon, grandes gueules au cœur blessé, si justes dans leur interprétation), un scénario improbable mais vivifiant, une bande originale d'enfer. 
Le fait aussi que le tournage eut lieu à proximité de Lille (où j'ai retrouvé son cher périph') n'est pas pour me déplaire. Saturée de surfaces commerciales et région initiatrice des fameux Drive, la capitale du Nord me semble en effet la meilleure représentante d'un tel scénario. Parce que sa population d'une grande générosité (lorsqu'elle ne répond pas aux sirènes frontistes) est capable de se couper en quatre pour rendre service.

Il n'y a ni bons ni méchants : tout coule étrangement. Les uns sont poussés à la révolte et à l'action, les autres se taisent et obéissent. L'idée même de la redistribution rappelle Robin des Bois. 

Tout m'a paru lumineux et pétillant dans Discount : les gueules fatiguées par des horaires irréguliers et par un rythme impitoyable (on retire les chaises pour augmenter le rendement aux caisses, le temps passé aux toilettes est minuté) sont embellies lorsqu'elles donnent. Ces héros du quotidien, voleurs/détourneurs après avoir été bafoués, restent dignes dans le malheur. Ils témoignent juste de la monstruosité de notre monde qui jette des denrées encore consommables (plutôt que de les offrir aux plus démunis) comme les êtres humains.

Rien n'est triste après Discount parce que ses héros en sortent combattifs, assurés de leurs bons droits  : celui de ne plus être méprisés, celui de ne plus être broyés par un système qui de toute façon se mord la queue.

séance de 1 h 45 minutes.

Party Girl versus Les Combattants (ciné, cinéma)

Hier soir, j'ai découvert deux premiers films français, plutôt situés côté art-et-essai et je suis épatée par la fraîcheur qu'il en ressort. 
Party Girl
image empruntée au site Allociné.com*
Normalement, aujourd'hui, jour de sortie en France de Party Girl (Caméra d'Or du dernier festival de Cannes), vous verrez débouler sur les plateaux télé l'actrice principale Angélique Litzenburger et son fiston et coréalisateur du film Samuel Theis et c'est peut-être ce qui va vous motiver à ne pas aller voir ce film et ce serait bien dommage. 
Surexposer cette filiation qui a l'avantage d'attirer les caméras et des journalistes avides de potins, va démotiver peut-être certains spectateurs qui auraient pourtant envie de découvrir un scénario original, une BO fabuleuse, une direction exceptionnelle d'acteurs (la plupart amateurs, ce qui rend l'exercice d'autant plus bluffant), une gestion de la caméra remarquable de naturel et surtout une héroïne d'une complexité rarement vue au cinéma. Certains du public s’ennuieront peut-être, d'autres fuiront cette marginale- ex effeuilleuse et assurément entraîneuse d'un cabaret allemand- qui cherche un temps, l'âge venant (la soixantaine) à rentrer dans la norme sociétale (le fameux mariage avec Michel, un de ses clients) et pourtant. 

Tout est impressionnant dans ce film porté par Angélique Litzenburger et ses acolytes (les enfants, les copines, les habitués du bar, Michel et ses amis) parce que tous jouent avec une justesse et une simplicité, qu'on oublie un moment le film. Party Girl gêne parce qu'il confronte à notre société une femme libre, attachante, solaire, pimpante au profil superbe, charmeuse, sincère et forte mais en marge de tout (et surtout d'elle-même), irresponsable, venimeuse, instable, en constante survie, profondément égoïste et totalement absente de l'éducation de ses enfants (certains la désigneront comme indigne). Je n'ai pas réussi à l'aimer, je n'ai pas réussi à la détester, je n'ai surtout pas réussi à la juger et c'est peut-être cela, la grande force de ce film : poser un regard sur une personne à part, la faire évoluer, l'écouter et la respecter. 

Réduire Party Girl à Angélique devient réducteur : comment oublier l'amour (familial, le manque, la non-réciprocité), la tendresse de Michel, la délicatesse de Cynthia et de Mario, l'énergie folle des danseuses et des copains de Michel, le franc-parler de Samuel, l'ancrage de Séverine, ces gens de peu (d'amour, d'argent, de joie, de désir ...) symbolisés par la population locale, les confidences ou les déclarations ? Party Girl, très proche de l'univers des frères Dardenne, en plus vrai (ce qui est déjà une gageure). Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis ont réalisé cinématographiquement le même exploit que Delphine De Vigan dans l'écriture (avec Rien ne s'oppose à la nuit). La Caméra d'Or 2014 est largement méritée.

Les Combattants
image empruntée au site Allociné.com*
Un autre premier film, Les Combattants, réalisé par Thomas Cailley (tout seul cette fois) et là encore, j'en suis ressortie estomaquée par l'excellence technique, un scénario en béton, des images magnifiques, deux acteurs qui portent le film en toute simplicité et avec beaucoup de maîtrise, des dialogues savoureux et drôles et encore une fois, une bande-son parfaite. 

Le père d'Arnaud vient de mourir. Charpentier, il laisse l'entreprise à ses deux fils. Le cadet, Arnaud donc, a le choix entre poursuivre l’œuvre paternelle ou s'investir ailleurs. À l'occasion d'un combat sur le sable puis d'un chantier dans un jardin bourgeois, il va infléchir sa décision, aidé en cela par une Madeleine moins calme que le gâteau décrit par Proust.

Les Combattants représente une quête juvénile vers un idéal : Madeleine surdiplômée et constamment en colère décide de s'engager dans l'Armée de Terre pour survivre, Arnaud par attirance et par défi va la suivre. Ces deux héros sont rafraîchissants de sincérité : la paire évolue, chacun attire la lumière. On pourrait s'attendre à un couple d'amoureux, on découvre deux jeunes adultes en devenir, motivés à dépasser leurs limites. La réalisation de Thomas Cailley impressionne par son respect des visages, sa volonté de poser des scènes (en laissant filer la caméra). Adèle Haenel, vraie boule de nerfs, dévoile un jeu tout en subtilité et en sensualité ; Kevin Azaïs représente la classe absolue : la direction d'acteurs ne montre aucune fêlure. Portant son film sur des images réelles, Thomas Cailley le place ensuite sur le champ surnaturel et tout se tient dans une logique implacable. La fin est parfaite, le début est parfait, le milieu est parfait : bref, ce film est un bijou !


*: Pour les bandes-annonces, cliquez sur Allociné.com au-dessous de chaque affiche, le lien vous emmènera à la page de chaque film sur ce site et vous y trouverez aussi des images extraites, le casting, d'autres avis etc.

Ciné, cinéma

Avec un sous-titre pareil « Quatre mariages, deux têtes d'enterrement » (en hommage à l’œuvre irrésistible de Mike Newell qui avait révélé en son temps Hugh Grant au grand public), on s'attend à du lourd et du bon. En fait, on ne retient que le bon !

Grand succès public depuis sa sortie, Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ? mérite bien ses futures cinq millions d'entrées françaises. Pourtant avec son thème certes porteur du mariage mixte mais néanmoins casse-gueule dans le traitement (surtout quand le scénario et les dialogues s'amusent à balancer tous les clichés classiques sur les différentes ethnies - la nation française n'est pas épargnée, fort heureusement-), ce film est une vraie et belle réussite. Paroles jouissives, situations vraisemblables, plus les personnages creusent, mieux c'est. 

Le synopsis que vous connaissez peut-être déjà
Le couple Verneuil (interprété par Chantal Lauby et Christian Clavier, excellentissimes tous les deux), bourgeois gaulliste de Chinon a quatre filles toutes plus jolies les unes que les autres. Le malheur veut qu'elles aient quitté l’antre familial pour poursuivre leurs études à Paris et rencontrer leurs futurs époux. Fervents catholiques, ils accusent le coup lorsque les trois aînées se marient avec un juif, un musulman et un Chinois. Reste la petite dernière et un espoir : celle-ci leur annonce ses fiançailles avec Charles, un catholique mais omet un petit détail (de couleur).

Bien sûr, le réalisateur Philippe de Chauveron aurait pu épargner l'artiste-peintre (dont les blagues sur l'hyperémotivité passent une fois, deux fois mais à la troisième, lassent). L'ensemble me paraît bien harmonieux avec des scènes mémorables comme la Marseillaise dans le salon, l'arrivée des quatre gendres dans un hôtel de police, le duel franco-ivoirien exceptionnel, l'enlèvement de croûtes picturales qui donne des idées à l'aînée, les femmes omniprésentes et progressistes, quelques blagues savoureuses et un joli quiproquo, de beaux enfants métisses, des acteurs frais et naturels (avec un bon renouvellement des jeunes têtes). 
Allez-y, courez : peut-être que vous n'y trouverez pas le film philosophique de l'année mais vous allez bien rire (ou sourire), vous doperez votre moral. Pour ma part, je me suis éclatée tout le temps !

avis : Dasola, Bernhard,  

et une petite référence musicale au film (pour ceux et celles qui l'ont vu, vous me comprendrez !)