Meurtres pour rédemption - Karine Giebel *


Voilà, je pense que Karine Giebel a longuement hésité, en construisant son roman, oscillant entre deux histoires. Résultat, une grosse catastrophe littéraire que je ne conseille à personne (pas même à mon pire ennemi, qui n'existe pas). L'héroïne (très addict de la drogue de même nom), Marianne de Gréville, purge une peine de prison -perpétuité assortie d'une peine de sûreté conséquente- que la miss s'amuse à alourdir au grief de ses tabassages en règle sur des prévenues ou des surveillantes. La première partie, Marianne nous fait vivre sa période carcérale ultra-violente : exemples Marianne se fait castagner, puis Marianne bastonne, puis on brutalise Marianne, alors Marianne se venge méchamment etc.  La seconde partie est différente mais pas moins glauque (on remplace les matons par les flics. Je laisse le suspense pour ceux et celles qui souhaiteraient encore lire cet ouvrage, sait-on jamais?). 
Pour moi, Karine Giebel a pensé au départ à une version de Nikita mais là, se sont posés les problèmes de droit d'auteur (quoique Luc Besson aurait été ravi de les recevoir pour construire une piscine extérieure.). Alors, elle a abandonné l'idée provisoirement pour nous parler de l'existence violente en prison (entre les détenues sans loi, les matons gentils, les pas gentils mais qui deviennent un chouïa bienveillants, les sadiques) et là, c'est long, mais long, verbeux et très répétitif. Ensuite, elle a repris son idée initiale pour nous servir une soupe grandiloquente. Rien ne tient : 756 pages pour justifier du prix final pharaonique de 21€90 pour une piètre qualité littéraire. J'en veux à l'auteure qui m'avait bien accrochée avec Les morsures de l'ombre mais aussi à sa maison d'édition, censée effectuer en accord avec l'auteure une purge salvatrice de pages (via les relectures nombreuses et sérieuses... pour ce livre, j'ai comme un doute.). Que de bavardage et de baratin inutiles ! Les 280 premières pages ne servent à rien. Sur au moins 500 pages, je n'ai lu que cinq lignes sur les quarante en moyenne par page (cela fait chère la ligne et je ne parle pas de coke) et malheureusement je n'ai rien raté de l'intrigue. Il aurait été bon de travailler sur la violence psychique et la manipulation, plutôt que sur des scènes gore d'intimidation et de barbarie gratuite. Bref, Karine empile les phrases pour masquer une absence totale d'imagination, d'originalité (les thèmes abordés n'en demeurent pas moins archi-classiques) et un manque de relief narratif. La lectrice que je suis, a souffert, beaucoup souffert...

En résumé : « chef d’œuvre parmi les chefs d’œuvre » comme le prétend un commentaire de lecteur écrit en quatrième de couverture, assurément pas pour moi !
Éditions le Fleuve Noir 

emprunté à ma biblio chérie (mille mercis pour l'économie réalisée) 

10 commentaires:

  1. De cette auteure, j'avais déjà peu apprécié Les morsures de l'ombre: relativement prenant, mais trop peu original (cela rappelle trop Misery) et surtout au style négligé. Ton billet ne me donne pas vraiment envie de laisser une seconde chance à cette écrivain, surtout avec un roman de 700 pages!

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  2. A toi de voir mais je ne peux pas dire que j'ai beaucoup apprécié cette lecture (que je qualifierai de daube littéraire de l'année 2011, en ce qui me concerne). Grâce à ton petit message, je suis allée voir ton blog magnifique et recherché : je suis impressionnée !

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  3. Magnifique, mon blog? Tu vas me faire rougir. Merci beaucoup pour ce compliment, ça me fait vraiment très plaisir. J'espère que tu y trouveras de nouvelles suggestions de lectures.

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  4. Certainement : comme quoi, je n'aurai jamais pensé que Karine Giebel aurait permis une telle découverte ! bises

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  5. Cela ne fait pas envie mais me rappelle un autre livre : DEux femmes de Martina Cole, qui a en plus l'avantage d'user d'un langage d'une vulgarité inouie.
    Je n'ai pas pu dépasser la page 100 (sur 700).

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    1. Et dire que je n'ai pas eu ta sagesse, espérant un moins pire qui n'est jamais arrivé !

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  6. J'arrive comme un cheveu sur la soupe mais j'ai aimé! Moi aussi j'ai reçu des coups dans la figure en lisant cette description de l'horreur.Peut être un chouilla long, certaines scènes violentes enlevées mais dans l'ensemble, un grand plaidoyer qui fait réfléchir à la peine de mort, aux incarcérations à vie, à la rédemption (sans le coté religieux du terme), à la prison qui finalement ne joue pas son rôle(et là, je dirais ,au contraire)
    Je l'ai lu il y a un bon moment et je n'ai pas encore trouvé les mots pour en parler .
    Comme quoi, nous sommes tous différents et c'est très bien ainsi.

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    1. Oui, nous sommes différents : les bonnes idées de Karine ont été noyées (mais complètement noyées ) par le gore à outrance.

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  7. Tu as l'air d'avoir de la chance et d'emprunter souvent les livres nuls à la bibliothèque (enfin nul, tout dépend de qui le lit), je ne connaissais pas du tout ce livre, mais j'ai vaguement l'impression qu'il tourne en rond, et ça me donne pas trop envie de l'essayer ou même de m'y intéresser. Mais j'ai beaucoup aimé les remarques tu as faits dessus (notamment avec Luc Besson, hahaha)

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    1. Non, au contraire, je fais très souvent des découvertes formidables et inattendues à la bibliothèque. Pour Giebel, j'ai emprunté ce bouquin car j'avais bien aimé son tout premier. Une mauvaise idée selon moi.

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