Chambre 2 - Julie Bonnie ***

Si vous adorez Martin Winckler et en particulier son Le chœur des femmes, Chambre 2 est pour vous,
Si vous voulez retrouver l'univers gitan décrit par Miss Martinez dans Le cœur cousu, Chambre 2 est pour vous,
Si vous souhaitez savourer la prose lyrique de Miss Carole, alors passez votre chemin ou bien arrêtez-vous, si le cœur vous en dit !
Béatrice est soignante dans une maternité. Elle subit son univers professionnel, ne semble pas s'épanouir dans ce métier d'accompagnante d'accouchées. Entre souvenirs de sa vie antérieure de saltimbanque à écumer les théâtres provinciaux et son quotidien morose fait de commérages, de bassesse, de deuils et de rares moments de bonheur (accordés avec parcimonie), Béatrice perd le fil. Jusqu'où ?

Indéniablement et c'est la principale qualité que je trouve à ce roman, l'auteure sait «claquer» les phrases.
page 92 :
« Je ne sais pas si c'est un passage obligé, mais quand on a perdu un bébé on se rend compte qu'on peut donner la mort.
C'est une possibilité. Donner la vie/donner la mort. Donner la vie donner la mort.
Le corps peut fabriquer l'un ou l'autre. Pas forcément par notre faute, pas du tout notre décision. On est dépossédée du choix.
Tu voulais un bébé vivant ? Tu en as un mort. Tu voulais un bébé mort ? Il est vivant. Tu as un bébé vivant ? Il peut mourir.
On ne pense pas assez à la mort quand on donne la vie. »

Ce court extrait résume le livre : Julie Bonnie y parle de vie, de mort, d'abandon, de déception, d'adaptation et parfois de résignation. Le contenu confronte la forme : les phrases écorchées souvent malhabiles décrivent pourtant le vrai. Julie Bonnie n'évite malheureusement pas l'écueil du toujours pire : un corps médical en pleine débâcle (contraignant les parturientes à l’allaitement exclusif) et oublieux de sa propre souffrance, une jeune femme qui n'arrive plus à se réaliser dans ce qu'elle fait, nostalgique d'un passé artistique aux débuts joyeux et qui vire au tragique.

Tout est sombre dans ce livre : sans enjoliver le climat hospitalier et la pression exercée sur les femmes d'aujourd'hui, le discours énoncé me paraît excessif. L'auteure veille à ne pas plonger son lectorat dans la sinistrose en alternant souvenirs auprès de Gabor, des Pierre, de Paolo et puis auprès des enfants et la visite des chambres de la maternité (chacune représentant une personnage féminin, une mère possible). La lecture est aisée mais rien ne m'a retenu au texte : le phrasé ne m'a guère enthousiasmée, les scènes décrites dans les hôpitaux déjà lues chez Winckler et consorts. Je regrette l'absence de nuance (normal, me direz-vous, de la part d'une dépressive, ce que semble devenir Béatrice): aucun homme ne tient la route (à part un ou deux et encore, en quelques rares moments de leur paternité), les justes sont lourdés au profit des comploteurs : Julie Bonnie semble se complaire dans cet univers morbide où pourtant nait la nouvelle génération. Et que de deuils, il faudra affronter avant de clore Chambre 2. 
Je prendrai bien un Prozac, tiens !

Éditions Belfond

Rentrée littéraire 2013

emprunté à la bibliothèque

avis : Sharon, Clara , Kathel,

et un de plus pour les challenges d'Anne, de Piplo et d'Asphodèle (Prix du roman FNAC 2013 : un vrai mystère pour moi)
A tous prix A vos nombres

40 commentaires:

  1. J'ai adoré Le choeur des femmes, mais là non merci, si c'est pour déprimer ;-) déjà que j'aime pas l'hiver :-)) . Oui je sais, nous ne sommes pas encore à cette saison mais c'est tout comme....

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  2. C'est vrai que les phrases claquent... mais je n'ai pu m'attacher à Béatrice.

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    1. Tout pareil mais je nai pas réussi à m'attacher à l'histoire en plus.

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  3. Voilà un livre que je ne lirai jamais jamais jamais ... Merci d'en avoir parlé pour m'éviter de tomber là dessus par hasard... Bisous ma Phili

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  4. Pas pour moi. J'ai encore le billet de Sharon en tête. Le tien complète...
    Bise Phili

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  5. Les avis divergent beaucoup par rapport à ce livre, mais je sais que je ne le lirai pas

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  6. En tout cas, je l'ai dans ma pile.

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  7. je n'ai pas aimé ce livre et je ne l'ai pas présenté sur mon blog d'ailleurs

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  8. Mince... je ne pensais pas que c'était si sombre... Il est dans ma PAL, bon, je penserai au prozac...

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    1. toujours utile (mais je n'en utilise pas ... pour le moment)

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  9. Il ne me tente pas du tout et pour le Prozac, non merci, je préfère m'en passer.

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  10. Je n'étais pas tentée, et maintenant... encore moins ^^

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  11. Je n'ai aimé ni Le choeur des femmes ni Coeur cousu ...et vu l'ambiance, je vais passer je crois bien !!

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  12. Il ne me tentait pas, le sujet me semblait usé mais là c'est sûr je passe, merci Phili, enfin ma PAL te dit merci !!! :D

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    1. Il se lit très vite, c'est l'avantage. Au moins tu es vite fixée .

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  13. Bonsoir Philisine, je préfère la prose de Martin Winkler à celle de Julie Bonnie. Je me suis interrogée sur son prix car pour un premier roman, ce n'est pas mal mais sans plus. Et j'ai êté gênée par le côté négatif de ce qu'elle décrit: accoucher, allaiter et devenir maman, ce n'est pas de la tarte. Roman à déconseiller aux jeunes mamans. Bonne soirée.

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    1. A déconseiller, je ne sais pas mais je n'ai pas trouvé ce roman extraordinaire pour un prix littéraire. Surtout après Peste et Choléra qui figure dans un autre catégorie.

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  14. Ben dis donc, Sharon et toi vous torpillez ce bouquin ! Mais je ne me sentais de façon pas très tentée...

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  15. Je l'ai lu par curiosité, mais je n'ai pas été très convaincue par le mélange des deux aspects, la vie d'artiste de Béatrice ne m'a pas intéressée, les passages à la maternité, oui, mais en ayant conscience que c'était bien assombri par le regard du personnage. Le style ne m'a pas déplu par contre.

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    1. Le style m'a énervée, l'histoire intéressante mais je ne sais pas : elle zappe et c'est énervant.

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  16. Ahem, comme Malika j'ai terminé Le choeur des femmes avec grande peine et ai trouvé Le coeur cousu sympa mais sans plus. Du coup, je passe mon chemin sans trop d'hésitations.

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  17. Ah non, franchement non merci... Il ne me tentait déjà pas trop avant, mais là encore moins ;0) En ce moment j'ai envie de douillet, de chaleureux... Alors tu comprendras que je passe mon tour ;0)

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    1. bien sûr que je comprends comme je pense qu'il est inutile d'acheter ce livre. L'emprunter en biblio suffit largement.

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  18. Et bien je vais passer mon chemin, je crois... trop déprimant.

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    1. il n'a pas assombri mon univers (il m'en faut plus) mais je n'ai trouvé de grandes qualités à cette intrigue. Du déjà vu, déjà lu, déjà oublié.

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  19. Bon, on oublie alors et bravo pour ton courage !

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  20. Je trouve qu'on parle assez peu de ce prix du roman FNAC.

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    1. oui et cette année, il y a une bonne raison : le choix fait ne fut pas le bon ! Enfin c'est mon avis totalement assumé.

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