Voilà, Pietra viva me tentait beaucoup et comme la blogo recèle de blogueurs/blogueuses super sympas (dont fait partie ma Shel préférée), je n'ai eu qu'un geste à faire : lui demander son exemplaire voyageur. Elle est pas belle, la vie ? Bien sûr que si !
Début 1505, le moine romain Andrea meurt dans des conditions mystérieuses. Bouleversé, le sculpteur Michelangelo fuit la dépouille et la capitale italienne. Chargé par le pape Jules II d'ériger son mausolée dans la basilique Saint-Pierre, il débarque à Carrare, cité réputée pour la qualité de son marbre, pour la maîtrise et le sérieux de ses artisans. Là, il affronte un autre deuil : la mort d'une jeune accouchée, femme du tailleur de pierre Giovanni et mère de Michele, qui idolâtre le peintre romain. Ces deux décès rapprochés font resurgir en lui des émotions du passé (visions parasites, souvenirs maternels, questionnement sur la mort d'Andrea etc).
J'aurais pu aimer cette histoire et je reconnais l'avoir lue sans déplaisir : la figure fantasque et romantique du fou Cavallino (une sorte de centaure intellectuel) ainsi que les relations amicales qu'entretient Michel-Ange avec celui-là et l'enfant Michele sauvent le texte de l'ennui.
Le style simple et propret de l'auteure ne m'a pas branchée plus que cela, l'intrigue (fine comme une feuille de papier à cigarette) se résume en trois phrases, le mystère transformé à coups d'illusions optiques et de fantasmes se résout en deux coups de cuiller à pot (étonnant d'ailleurs que Michelangelo, habitué à disséquer les corps n'y ait pas pensé et se fasse tout un film dessus).
Tout (personnages, histoire- la grande et la petite-, contexte) paraît survolé et pourtant, il y avait matière à ce que ce roman devienne nourri (et nourrissant) : des héros atypiques avec plus d'étoffe (Michele et sa frangine Antonella de part trop modeste, Michelangelo dont la personnalité me semble effleurée comme si Léonor de Récondo n'osait pas affronter le mythe : tant pis si la description du personnage reste loin de la réalité, c'est aussi l'intérêt du roman que de proposer une déclinaison possible).
Et pourquoi Léonor de Récondo n'a pas approfondi la forte attirance de Michelangelo à l'égard d'Andréa ? Après tout, le désespoir du sculpteur face à la mort de ce frère ne trouve pas d'explication dans le roman et tout suggère une amitié amoureuse, qui aurait dû être davantage développée.
D'autres thèmes auraient mérité une plus grand ampleur : l'absence de la mère et le parallèle des parcours entre ces deux orphelins de la vie, Michele et Michelangelo, en recherche perpétuel de repères, ou bien la description de l'horreur culturelle sous le règne de Savonarola (austérité et inquisition) etc.
Pietra viva : une page romancée de la vie de Michel-Ange, sans une belle prise de risque de la part de Léonor de Récondo. Forcément frustrant.
Éditions Sabine Wespieser (215 pages)
Rentrée littéraire 2013
La chèvre grise
et un de plus pour le challenge de Shelbylee , que je remercie pour ce LV et qui vous propose son LV par mon intermédiaire.
Ton avis est assez dissonant par rapports à tous ceux que j'ai lus jusqu'ici. De l'auteur, j'avais beaucoup aimé "Rêves oubliés".
RépondreSupprimerj'attendais un autre livre d'où ma déception. bises
SupprimerJamais lu, et pfff, je passe, trop à lire; Mais au départ il me faisait bien envie (et j'aime l'éditeur)
RépondreSupprimerj'aime aussi l'éditrice mais je suis passée à côté de cette lecture. bisous
SupprimerJ'aime aussi l'éditeure, mais je n'apprécie pas d'être frustrée par une lecture.
RépondreSupprimerUne éditrice.
Supprimertout pareil et merci à Dame (ou Dom) Anonyme (je lui souhaite bien du courage car je pense que je fais pas moins de deux fautes à chaque com déposé chez les copains et copines)
SupprimerMalgré les billets enthousiastes, j'hésite depuis le début. Tu vas me faire hésiter encore plus.
RépondreSupprimertu serais peut-être plus sensible que moi à l'atmosphère. Bisous
SupprimerComme quoi, on ne peut pas plaire à tout le monde!!! Mina va me le prêter...
RépondreSupprimerOk, je pense que tu aimeras. Bisous
SupprimerTon ressenti va complètement à rebours du mien, c'est intéressant ! J'ai apprécié justement que l'auteur ne nous donne pas une énième personnalisation de Michel-Ange, qu'elle ne s'aventure que dans le visible.
RépondreSupprimeroui, je suis trop terrienne et enracinée ! As tu le lien vers ton avis pour que je puisse le coller à ma chronique. Bises et merci de ton passage.
SupprimerVoici ma chronique : http://pralinerie.blogspot.fr/2013/10/pietra-viva.html
SupprimerA bientôt !
C'est vrai que certains aspects ne sont pas approfondis ou expliqués, mais je l'ai aimé comme ça...
RépondreSupprimerje comprends que j'attendais autre chose que l'auteure ne souhaitait pas développer. Bises
SupprimerJe l'ai noté et je vais l'offrir à Mister B. Donc, je vais bientôt le lire.
RépondreSupprimerJ'espère que Mister B aimera. Bisous
SupprimerJe note ta déception. Je le lirai à l'occasion pour le thème...
RépondreSupprimeril est fort possible que tu aimes
SupprimerAh mon Dieu, que tu es cruelle envers ce roman et son auteure ! C'est un roman de l'intime, pas sur le mythe Michel-Ange, me semble-t-il. C'est du quotidien, la vie avec ses failles, ses deuils, et le silence est bien plus éloquent que trop de paroles. "Le style simple et propret" !!! Pour moi c'est le sens de l'épure, et c'est du grand art. Dommage...
RépondreSupprimerMerci de l'avoir si bien défendu et d'avoir argumenté si justement. Nos ressentis sont différents. Je comprends le tien. Bisous
SupprimerJ'ai eu absolument le même ressenti que toi et je me reconnais complètement dans ton billet et dans cette impression d'inabouti. Je pensais moi aussi que l'histoire avec Andrea allait aboutir à quelque chose.
RépondreSupprimerJ'ai bien pris les liens pour le challenge ! Bises !
oui, j'ai lu ton avis après le mien.Nous nous rejoignons .Bises
SupprimerToujours pas lu et de moins en moins tentée.
RépondreSupprimerpeut-être le rencontreras tu un jour ? bises
SupprimerJe fais partie de celles qui ont appréciées, mais je comprends aussi tes arguments, dommage!
RépondreSupprimermerci, Eimelle : j'ai apprécié la lecture mais je n'ai pas adoré l'histoire (question de timing et d'envie)
Supprimerdes avis divergents sur ce livre ...mais je comprends ton billet, c'est tellement frustrant quand on imagine tout ce qu'on peut tirer d'un sujet et qu'il est traité superficiellement.Ma LAL est trop longue je ne l'y ajoute pas.
RépondreSupprimerà toi de voir : peut-être que ce roman te conviendra plus qu'à moi. Bises
SupprimerOh quel dommage :( Je rejoins assez bien Anne dans son ressenti. Pour moi, c'est un roman de l'intime, et non sur l'art et un artiste, comme ont pu le faire Mathias Enard ou Metin Arditi. J'ai aimé cette épure, ce style qui m'a paru très juste dans les émotions et le choix des mots.
RépondreSupprimerD'un autre côté, je comprends que tu aies été frustrée dans certaines attentes, comme cette histoire avec Andrea (j'y ai renoncé dès sa mort, tous mes espoirs à ce sujet ont assez vite été anéantis).
Pour l'intime j'attendais plus "d'intime", plus de "psychanalyse" : là aussi sur ce côté-ci, je trouve que cela a été trop effleuré. Bisous
SupprimerJe n'ai encore rien lu de cette auteure, ça viendra. J'ai lu des billets plus enthousiastes que le tien, à voir...
RépondreSupprimerOui, j'ai conscience d'avoir un avis divergent : Shelbylee me rejoint aussi (ouf, nous sommes deux !). Bisous
SupprimerAh, un avis un peu plus mitigé. Venant de toi, il compte plus que certains autres. C'est malin, tu fais vaciller ma certitude de découvrir ce roman au plus vite ;)
RépondreSupprimerJe vais l'envoyer à Shelbylee mais si tu souhaites le lire, je te l'envoie avant ! Bises
SupprimerC'est amusant de comparer les lectures et les attentes de chacun pour un même livre. Ce parallèle entre Michelangelo et Michele est l'aspect du roman qui m'a le moins séduit (parce que sonnant trop "artificiel" à mes oreilles) et je suis bien content que l'auteur s'en soit tenu à ce qu'elle a livré ;-)
RépondreSupprimerSans prétendre parler au nom de l'auteur, il me semble qu'elle a voulu insister sur incommunicabilité de Michel-Ange avec ses contemporains et, en ce sens, le roman est réussi, je pense.
J'ai un ressenti différent d'autres et c'est très bien ainsi. Je suis d'accord avec toi : elle a parfaitement traduit l'incommunicabilité de Michel-Ange avec ses contemporains (assez soupe au lait, le génie, quand même !)
SupprimerTu as raison, je te trouve même bien indulgente : il est carrément imbuvable, le génie :-)
SupprimerJe le soupçonne d'être maniaco-dépressif, en fait : il est exalté et retombe en léthargie profonde. Imbuvable me plaît bien : c'est pour cela que j'ai aimé la figure d'Antonella qui lui vole dans les plumes. Ce personnage aurait mérité plus de place dans l'intrigue.
SupprimerSi j'ai bien aimé, je pense que c'est justement ce côté survolé qui fait qu'il ne m'en restera pas grand chose d'ici quelques temps. Pourtant, j'ai apprécié l'ambiance qui se dégage.
RépondreSupprimeron a le même ressenti : je prends le lien vers ton article de suite !
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