[RDV en chansons] - Juin 2025 - Confession de Mylène Farmer

L'interprétation de Confession par Mylène Farmer, un hommage incarné au réalisateur David Lynch au festival de Cannes 2025, une interprétation très classe et subtile de cette grande dame de la chanson française, tout en retenue, en souffles, en respirations, en murmures. Mylène Farmer n'a pas besoin d'en faire des caisses pour avoir une prestance vocale juste et sublime, et me toucher en plein cœur. Merci pour cet hommage mérité, doux et intelligent et pour illustrer si bien notre rendez-vous mensuel avec Anne.


Des rêves d'ivresse
Au-dessus, les hirondelles.
Te chercher sans cesse
Dans le ciel, trouver l'amour.

Moi, je veux tes vagues
Qui inondent mon âme.

Trouver la paix.

Mes nuits de cendres
J'espérais ne plus descendre.
À deux pas l'ivresse,
M'éloigner de l'obscurité.

Moi, je veux tes vagues
Qui submergent mon âme.

Partout,
Partout,
C'est fou.
Je te sens près de moi.

Partout,
Partout,
Dans tout,
Dans les méandres d'un long sommeil.

 

Partout,                      [Nos cicatrices, crois-moi,]
Partout,                      [Nous définissent l'âme]

je te sens près de moi.

Partout,                       [Nos cicatrices sont là]

Partout,                       [Je coagule mal.]

Dans tout,

Dans les méandres d'un long sommeil.

Paroles : Mylène Farmer
Compositeurs : Olivier Schultheis / Jean-Pierre Pilot / Rodrigue Janois

Plus loin qu'ailleurs - Chabouté *****

En ce moment, j'enchaine les beaux moments de lecture. Disons que je ne m'attarde pas non plus dans les lectures que je ne sens pas : je les abandonne de plus en plus vite, quand le style ne me convient pas, quand je sens que le propos est mal barré, que l'adhésion ne va pas se faire.
Mais là, je n'ai pas été inquiète en abordant Plus loin qu'ailleurs grâce aux avis très convaincants de Jérôme et de NouketteEt comment vous dire ? J'ai beaucoup aimé !

Chabouté nous présente un héros ordinaire, comme souvent chez cet auteur, me direz-vous. Un qui ne prend jamais de vacances et qui se décide pour un séjour en Alaska en version trek de groupe. Un héros du quotidien, qui vit un rythme inverse de celui de ses contemporains : il se couche quand d'autres se lèvent, il vit dans un quartier dont il ne connaît pas les habitants, ne voit pas ou peu les magasins ouverts, son lieu de travail se réduit à l'accueil en sous-sol d'un parking souterrain. Bref, Alexandre Bouillot veut casser ce rythme et vivre au grand air : 15 jours de blanc, de frais, de vrai. Quinze jours qui vont bouleverser sa vie et sa vision du quotidien. Let's go !

Plus loin qu'ailleurs est un titre magnifique qui prend tout son sens à la lecture de ce roman graphique fait de noir et blanc et d'un peu de couleurs (pour les idées, les réflexions, les résumés). Dès le départ, Chabouté nous surprend et nous propose une plongée analytique, tantôt thématique, tantôt chromatique de ce voyage. Avec douceur, humour et poésie, l'auteur réussit son propos : celui de nous évader, de nous faire (re)découvrir, celui d'emprunter le lexique du voyage et de transposer chaque vison plus connue mais pas forcément mieux appréciée en une autre attendue mais revisitée, tout cela avec l'aide de guides hautement consultés. Avec Chabouté, avec Plus loin qu'ailleurs, on ouvre grands les yeux et on attend avec impatience ce que les quêtes du jour d'Alexandre vont donner, comment elles vont se conclure... toujours avec maestria ! Bref,  Plus loin qu'ailleurs est un roman graphique très réussi. Les couleurs rares et posées avec parcimonie pour éclairer un détail, relèvent le quotidien, permettent de faire bouger les lignes de dessin, de vie, de discours. J'ai aimé l'évolution de la relation avec l'ours, les animaux de papier, les messages imagés pour compléter un décor que plus personne ne voit, la conversation et les échanges muets entre Alexandre et une hôte par lectures interposées. J'ai aimé l'analyse des comportements des autochtones, leur aspiration des nouvelles technologies, le choix de leurs chaussures, les animaux environnants. Cette intrigue m'a rappelé la revisite du réel d'un personnage de Tananarive de Sylvain Vallée et Mark Eacersall. Voilà, avec un scénario qu'on pourrait conclure d'ordinaire, Chabouté en a fait un traitement bourré d'intelligence et de sensibilité, une belle acuité sur le monde qui nous entoure, à l'image de son œuvre magistrale. À lire (et à découvrir pour les personnes qui ne connaissent pas encore ce grand auteur de romans graphiques).

Édition Vents d'Ouest 

Autres avis : JérômeNoukette

Du même auteur :

Intérieur nuit - Nicolas Demorand *****

Il faut beaucoup de courage pour écrire Intérieur nuit,  un livre sur soi, un livre qui va raconter la maladie dont on souffre, celle-là même qui peut s'avérer stigmatisante dans le monde professionnel hyper-concurrentiel dans lequel on évolue, dans un monde où la moindre faiblesse donne l'avantage à des camarades qui n'attendent qu'une chose : prendre votre place. Il faut beaucoup de courage et aussi d'amour et de confiance autour de soi, pour dépasser la peur de cette réception médiatique, pour ne pas redouter le fameux retour de bâton des malveillants, ceux-là qui n'attendent qu'une chose : vous faire plonger plus bas, histoire de vous noyer, de salir votre réputation, de mésestimer votre audace et votre intelligence, de mettre en doute vos réflexions subtiles. Voilà Nicolas Demorand a osé affronter la vindicte populaire et journalistique et a affirmé sa bipolarité avec courage et franchise, tout comme je l'aime !


Voilà vous raconter plus ne sert à rien, j'ai juste un conseil : lire cette œuvre sincère qui raconte les difficultés à trouver le spécialiste le mieux adapté, le plus discret, le plus sûr ; à supporter les médicaments et les phases frénétiques et down ; dire le dégoût de vivre et l'envie de tout arrêter, de ne plus se battre ; dire la difficulté de se soigner malgré et avec la popularité. Quelle prouesse d'avoir tenu tout cela secret aussi longtemps sans fuite (sûrement avec l'aide de copains journalistes qui ont su se taire... merci à eux de ne pas avoir gâché ce moment, d'avoir respecté votre confrère, de l'avoir ménagé, dans ce monde où tout se divulgue si vite). 

J'ai apprécié Intérieur nuit, je n'y ai vu aucun voyeurisme, j'ai apprécié la plume (bon, d'un autre côté, ce n'est pas une surprise, je suis une inter-nico-adepte). Nicolas Demorand ne cherche pas l'apitoiement : il dit pour lui, il dit pour d'autres. Il arrive même à me faire apprécier un propos médicamenteux de Michel Houellebecq que je trouve très juste, même si je comprends la terreur médicale à ce que ces mots soient détournés de leur signification première.

Merci, Nicolas, d'avoir tout dit, de nous avoir fait confiance : en partageant votre expérience de malade, vous allez certainement aider ceux et celles qui souffrent du même mal que vous, vous donnez aussi de la lumière méritée au monde médical toujours en soutien à n'importe quelle heure et avec un engagement exceptionnel, pour, je l'espère, davantage de reconnaissance, d'empathie et de bienveillance de la part de nous tous et toutes.

Éditions Les arênes


Quand tu tombes raide dingue d'une voix et d'une chanson

 cela donne Next summer de Damiano David.

Première écoute : trop beau. Deuxième écoute : je craque, j'adore cette voix, j'adore la mélodie de la chanson, les paroles, l'articulation, le souffle, les changements de rythme, la musique. Bon, les paroles ne sont pas gaies, pas gaies.

Et dire que Damiano David est le chanteur du groupe italien Måneskin et je ne l'ai même pas reconnu vocalement. En tout cas,  les ballades comme le (hard) rock, tout lui va !

Next summer : un énorme coup de cœur, aussi dense et intense que beau, très beau. 

[RDV en chansons] - Mai 2025 - Les filles, les meufs by Marguerite

Une suggestion de Youtube, première écoute, première assurance d'une place pour ce rendez-vous musical mensuel proposé avec Anne. Malgré quelques clichés genrés voulus, cette chanson explicite aussi l'effacement et la discrétion féminins qui s'opèrent face à des attitudes exubérantes de certains hommes pour plaire, pour se montrer (attitudes aussi transposables hors du cercle amoureux, malheureusement.). J'aime le refrain entraînant et la voix douce de Marguerite, je trouve certaines paroles justes. Marguerite nous raconte un itinéraire, un parcours d'amoureuse et de vie avant la révélation. L'ensemble est intéressant et frais.

J'ai des frères que j'aime et j'adore aussi mon père
Et j'ai un ami mec, un vrai
Qui parle fort et qu'a des pecs.
Qui s'compare devant l'miroir, qui fait le kéké dans les bars.
C'est vrai qu'ils m'font marrer
Leurs p'tites douleurs, leurs grandes idées
Et leurs jambes écartées comme si on les avait pas remarqués…assez
Et puis leurs sourcils froncés, toujours prêts à se bagarrer 
Et qui s'empêchent de pleurer 

Mais moi je préfère les filles, les femmes, les meufs
J'me sens plus tranquille quand y'a des filles dans la teuf.
Je préfère les filles, les femmes, les meufs
J'me sens mieux dans ma vie, depuis que j'ai dit
Que je préfère les filles, les femmes, les meufs.
J'me sens plus tranquille quand y'a des filles dans la teuf.
Moi, je préfère les filles, les femmes, les meufs
J'me sens mieux dans ma vie, depuis que je l'ai dit
Que j'aime les filles aussi.

Et ouais, j'ai eu des amoureux mais j'ai jamais trop su les garder.
J'avais des doutes un jour sur deux.
J'avoue, je les ai toujours quittés.
Ils m'écoutaient jamais parler, ils m'entendaient jamais pleurer.
Je sais pour eux c'est compliqué, et ouais, cette foutue virilité.
Qui tiendra le plus longtemps, qui fera le plus d'argent, et qui sera le premier
C'est vrai parfois j'ai de la peine pour leur petit cœur qui saigne.
Mais les filles elles saignent aussi.
Désolée, les gars !

Mais moi je préfère les filles, les femmes, les meufs
J'me sens plus tranquille quand y'a des filles dans la teuf.
Je préfère les filles, les femmes, les meufs
J'me sens mieux dans ma vie, depuis que j'ai dit
Que je préfère les filles, les femmes, les meufs.
J'me sens plus tranquille quand y'a des filles dans la teuf.
Moi, je préfère les filles, les femmes, les meufs
J'me sens mieux dans ma vie, depuis que je l'ai dit
Que j'aime les filles aussi.

Que j'aime les filles aussi.

Paroles et musique : Marguerite et Vincha