[BD] Un sombre manteau - Jaime Martin (entre *** et ****)

Un sombre manteau est un roman graphique au trait de dessin précis et nourri avec de très nombreuses qualités. L'auteur Jaime Martin restitue avec justesse la vie paysanne d'un village des Pyrénées, y parle de vie rude dépendant des aléas météorologiques et sanitaires, dans laquelle la propriété des terres est loin d'être acquise, dans laquelle la condition féminine est réduite au mariage, à l'enfantement et au labeur (et peu aux loisirs et aux désirs) ou bien à l'isolement et aux médisances. Un sombre manteau met en avant un duo complice de femmes : la trémentinaire Mara soigne les villageois par les plantes, l'intrigante Serena ne dit mot mais semble fuir le pire. Il y a un autre beau personnage féminin : Sol, un petit soleil qui envoie beaucoup d'espoir et fait fi des préjugés.


Un sombre manteau offre une jolie proposition graphique : on visualise bien les scènes, les personnages et leurs relations sont bien décrits. Les visages et le contexte sont travaillés avec intelligence. On sent l'atmosphère de défiance et l'envie quand tout est pénurie, on apprend sur l'histoire des trémentinaires. J'ai aussi apprécié de découvrir l'apport de ce métier et j'ai aussi été intriguée par le personnage de Serena qui tait longtemps son secret. Quand j'ai refermé cet album, je me suis clairement dit qu'il y aurait une suite (la fin ouverte le propose, on sent que la quête n'est pas finie tout comme la propagation, même si l'album se suffit à lui-même). J'ai aussi aimé ce choix de Jaime Martin de proposer des héroïnes indépendantes, ni fragiles, ni parfaites. Après, j'ai quand même un bémol sur le côté fantastique que je trouve superflu et qui met en difficulté le scénario global, je n'ai pas vu ce qu'il apportait à l'histoire. 


Un sombre manteau est un bel objet graphique que j'ai été contente de rencontrer.

Editions Aire libre

Traduction par Alexandra Carrasco-Rahal 

 

[RDV en chanson] Septembre 2025 - Chanson d'ami - Zazie

Pour le rendez-vous chanson en langue française du mois de septembre 2025 qu'on vous propose avec Anne, vous trouverez cette litote musicale de Zazie, Chanson d'ami, qui date de l'excellent album Made in love [1998].

Pourquoi ce choix ? Parce que cette chanson pourrait aussi s'envisager comme une suite du rendez-vous en chanson d'août 2025 !

Dans cette chanson, on découvre un ex-couple qui décide de rester amis. Si l'homme a retrouvé l'amour dans les bras d'une autre, la femme (la narratrice) a gardé les mêmes sentiments d'amour pour son ancien amoureux et tente par tous les moyens de le reconquérir (une robe volante pour montrer des jambes, un maquillage qui la sublime, une main qui se pose trop longtemps, la demande d'une veste protectrice). Mais l'homme n'est pas complètement dupe de cette insistance qui le gêne.

J'aime cette chanson pour son travail sur le style littéraire : ne pas trop en dire pour renforcer ce qu'on veut suggérer (par les gestes, par les mots aussi : 

 " Ce n'est qu'une chanson d'ami "
à " Ce n'est qu'une chanson, promis, mon amour"... 

"Je ne t'aime pas. Je t'aime bien.
Tu ne m'aimes plus. 
Mais ça fait rien." (en fait si, le vide est immense). 

Le clip qui l'accompagne montre la femme qui se noie dans son chagrin littéralement et physiquement. 

Un ensemble cohérent et intelligent. 

Ça n'est pas du rimmel sur mes yeux,
ni du rouge à mes lèvres.
C'est pas ce que tu crois,
juste que c'est beau.

Ça n'est pas ma robe qui vole un peu,
pas pour que tu voies mes jambes.
C'est pas ce que tu crois,
juste que j'ai chaud.

Ce n'est qu'une chanson d'ami,
d'ami, pas d'amour.
Ce n'est qu'une chanson d'ami,
promis, pas d'amour.

Je ne t'aime pas.
Je t'aime bien.

Ça n'est pas ma main, là, dans la tienne,
ni ta veste sur mes épaules,
non, c'est pas ce que tu crois,
juste que j'ai froid.

Ça n'est pas ma main, là, qui te gêne.
oh je sais, ça n'est pas drôle,
mais c'est pas ce que tu crois
c'est juste comme ça.

Ce n'est qu'une chanson d'ami,
d'ami, pas d'amour
Ce n'est qu'une chanson d'ami,
promis, pas d'amour.

Je ne t'aime pas.
Je t'aime bien.

Ça n'est pas pour celle que tu embrasses,
pas pour ça que je pleure.
Si c'est ce que tu crois,
Tu t'es trompé.


Ça n'est pas parce qu'elle a pris ma place,
pas pour ça que je t'en veux,
si tu ne veux plus de moi,
autant se quitter.

Avec une chanson d'ami,
d'ami, pas d'amour.
avec cette chanson d'ami,
d'ami, pas d'amour.
ce n'est qu'une chanson
promis, mon amour.

Je ne t'aime pas.
je t'aime bien.
Tu ne m'aimes plus,
mais ça fait rien.

Paroles : Zazie

Musique : Phil Baron

Ce que je sais de toi - Eric Chacour *****

J'ai choisi Ce que je sais de toi d'Eric Chacour parce que je voulais découvrir ce qui se cachait derrière ce best-seller littéraire. Non pas pour comprendre le succès public mais, plus par curiosité. Et là, bonne surprise : pour un premier roman, Ce que je sais de toi est très complet. 

 

Ce que je sais de toi narre l'itinéraire de vie de Tarek destiné à reprendre le cabinet médical de son père dans la ville du Caire. Ambitieux, vivant dans l'opulence et conscient aussi de soigner des personnes socialement très défavorisées, ses différentes rencontres humaines vont l'aider à cheminer et à se libérer de carcans familiaux et sociaux.

Ce que je sais de toi est une réussite littéraire en tout point : le scénario est solide, les personnages sont bien marqués et campés, l'ambiance est parfaitement installée (on sent l'Egypte à la fois dans ses paysages, dans ses humeurs, dans ses arômes, dans les senteurs). Les découvertes et l'évolution des personnages sont également distillées à bon escient : il y a de vraies surprises et puis d'autres moins. Il y a des révélations. Ce que je sais de toi offre une lecture accessible qui dépayse et renseigne, qui fait aussi vibrer. L'écriture est vraiment propre, le style est très agréable : Eric Chacour n'a pas choisi la tâche facile de faire des allers-retours entre passé et présent, entre le "toi" distant, le "moi" présent et qui veut exister et le "nous" (trois phases qui pourtant se justifient amplement). 

Au cours de ma lecture et avant même de la débuter, le titre Ce que je sais de toi m'avait paru un peu bizarre, peu vendeur. En fait, il est juste parfait. La première scène sur la question de l'automobile résume à elle seule et simplement le traitement inéquitable des garçons et des filles (à la fois dans la projection d'avenir et dans l'écoute de souhaits professionnels) au sein de la famille.

Well done ! 

Éditions Folio 

Le café où vivent les souvenirs - Toshikazu Kawaguchi ****

Contre toute attente, je suis revenue sur ma décision d'arrêter de lire la série des Cafés de Toshikazu Kawaguchi. Si j'avais apprécié l'idée principale (celle de revenir dans le passé  ou d'aller dans le futur sans rien modifier quoi que ce soit) - je l'apprécie toujours-, j'avais été un peu moins enthousiaste concernant le tome 2 : une forme d'usure, une difficulté à repérer les personnages. Pourtant c'est pas faute d'inventivité de la part de l'auteur : à chaque tome, Toshikazu Kawaguchi propose un nouveau petit truc.

 

J'ai volontairement choisi le tome 3 pour les vacances estivales, parce que je sais qu'en ce moment j'entame des lectures pas gaies gaies et qu'un peu de bienveillance littéraire ne fait jamais de mal à personne. Et contre toute attente, j'ai bien fait et j'ai nettement mieux apprécié ce tome 3, et ce n'était pas gagné d'avance. Comme quoi, se remettre en question a parfois du bon (enfin me concernant, a souvent du bon !).

Dans Le café où vivent les souvenirs, on retrouve un nouveau café le Dona Dona, une nouvelle team avec des intervenants historiques : Nagare, sa soeur Kazu, Sachi la fille de Kazu, Reiji le serveur qui se rêve comique et Nanako son amie d'enfance, Saki la psychiatre, et puis la grande absente bien présente à distance Yukari,la mère de Nagare et de Kazu et propriétaire du café Dona Dona. Yukari qui justement en raison d'une absence plus ou moins longue, a demandé à son fils de la remplacer. 

Je crois que ce qui est vraiment réussi dans ce tome par rapport aux deux précédents est la force des histoires individuelles, la proximité de toutes ces individualités et le fait de leurs interactions permanentes. J'ai aussi apprécié la volonté de l'auteur de rappeler régulièrement le statut des personnages et les règles, il a également diminué le nombre d'intervenants permettant d'approfondir les caractères et de leur donner davantage d'amplitude. Chaque chronique se suffit à elle-même mais est bien inscrite dans un script cohérent. Contrairement aux deux autres tomes, je me suis attachée aux personnages et j'ai aussi à la fois ri et pleuré : bref, j'ai éprouvé de l'empathie et c'est un très bon signe. Et ce que j'ai trouvé de moins bien réussi dans le second tome (le passage du passé et du futur) est là parfaitement maîtrisé. On pourra peut-être résumer Le café où vivent les souvenirs comme un tome larmoyant : il rappelle la nostalgie d'évoquer le passé, mais donne une forme aussi de réconciliation à soi-même et aux autres. 

Éditions Le livre de Poche 

 Tant que le café est encore chaud (tome 1)

 Le café du temps retrouvé (tome 2)

Voulez-vous un peu de Soleil...bleu ? (by Bleu Soleil & Luiza

Carton plein pour Soleil bleu, chanson de l'été qui aspire à plus de légèreté et au rêve.

Oh laissez-moi vivre comme je veux, les pieds dans l’eau et la tête en feu. 
Oh laissez-moi vivre comme je veux,
sur des nuages, sous mon soleil bleu.

Laisse-moi m’envoler, toucher les étoiles, frôler les nuages, fier mon histoire.
L
aisse-moi m’égarer là où plus rien n’est égal.
Même dans le noir, je veux sentir la terre,
la douceur minérale.
Laisse-moi partir, même sans bagages,
caresser le vent.
Je veux embrasser le monde,
le prendre dans mes mains.
La route est longue et les rêves sont grands.
Je veux marcher sans fin.
Je veux fendre l’horizon.
J
’entends les montagnes et les étoiles m’attendent.

Oh laissez-moi vivre comme je veux, les pieds dans l’eau et la tête en feu.
Oh laissez-moi vivre comme je veux,
sur des nuages, sous mon soleil bleu.
Oh laissez-moi vivre comme je veux
sous les étoiles, sous la lune en feu.
Oh laissez-moi vivre comme je veux, 
loin des problèmes, sous mon soleil bleu.

Sentir l’odeur de la pluie sur la terre, effleurer les pierres.
Laisse-moi courir,
libre comme l’air. 
Laisse-moi donc briller plus d’un moment,
rêver sans frontières, tracer des chemins que personne n’éclaire.
C’est sûr, je n’attendrai pas demain.
Ici et maintenant,
je me réinvente.
Le monde m’attend,
libre des ombres, libre du temps.
Est-ce que tu entends, oui,
ce doux refrain, comme une incantation ?

Oh laissez-moi vivre comme je veux, les pieds dans l’eau et la tête en feu.
Oh laissez-moi vivre comme je veux
sur des nuages, sous mon soleil bleu.
Oh laissez-moi vivre comme je veux,
sous les étoiles, sous la lune en feu.
Oh laissez-moi vivre comme je veux,
loin des problèmes, sous mon soleil bleu.

 Luiza / Bleu Soleil (Nino et Antonin)